Les infirmiers et les aides-soignants considèrent que leurs métiers, caractérisés par des risques physiques plus marqués que la moyenne et des exigences émotionnelles plus fortes, seront difficiles à exercer jusqu'au bout. C'est ce que pointe tout particulièrement une récente étude de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) sur la pénibilité au travail.
«Comment ça se passe à la maison ? Elle est dans quel état ?»
— Vachement plus propre qu’avant.
— Pourquoi elle n’ouvre jamais les volets, maman ?
— Je ne sais pas.
— Et les chats, vous en avez toujours ?
— Oui, trois sont décédés. On en a encore sept ou huit…»
En cette matinée d’automne, le juge accueille Lila (1), 14 ans, dans son bureau aux murs dépouillés, où figurent quelques dessins. L’adolescente à la bouille ronde et renfrognée s’est assise seule, sur la chaise de plastique noire face à lui. Elle a de petits yeux tristes, une mèche platine dans sa chevelure attachée, et triture ses doigts dépassant d’un sweat noir bouloché sur lequel est écrit en lettres orange «Courageous».
«On m’a alerté sur ta situation et celle de tes frères. Si on se voit aujourd’hui, c’est pour en parler», introduit doucement Cédric Bernardet. Le spectre d’un placement en famille d’accueil plane sur cette fratrie victime de négligence et de carences multiples. Vice-président chargé des fonctions de juge des enfants au tribunal judiciaire de Niort (Deux-Sèvres), le magistrat a été saisi après un signalement au procureur de la République de l’institut médico-éducatif où sont scolarisés ses deux petits frères, 10 et 7 ans, handicapés. Dans le rapport des services sociaux, leur domicile est décrit comme crasseux, sombre, malodorant…