L’affaire Harvey Weinstein a contribué à libérer la parole des femmes victimes de violences sexistes. Va-t-elle encourager les hommes à s’emparer réellement de la question de l’égalité ?
LE MONDE IDEES | | Par Nabil Wakim
« Tout ce que je peux dire maintenant pour me justifier ressemble à une excuse pourrie. » Le réalisateur Quentin Tarantino, ami et collaborateur de longue date d’Harvey Weinstein, a admis, dans leNew York Times, qu’il avait connaissance de certaines des agressions commises par le producteur américain – y compris contre la comédienne Mira Sorvino, la compagne de Tarantino. « J’aimerais avoir pris mes responsabilités à l’époque », explique le réalisateur de Pulp Fiction, qui reconnaît avoir « minimisé ces incidents ». « J’ai mis ça sur le compte d’une vision des années 1950, celle du patron qui poursuit sa secrétaire autour du bureau. Comme si c’était OK. C’est dire si je me sens honteux aujourd’hui. »
Cette réaction contrite met en lumière la difficulté, pour les hommes, de s’emparer de la question des violences sexistes. Depuis que la parole des femmes s’est libérée, peu d’hommes semblent s’interroger publiquement sur leur propre comportement. Un phénomène que la comédienne Jessica Chastain a résumé dans un Tweet. « J’en ai marre que l’on demande aux femmes de prendre la parole. Qu’en est-il des hommes ? »« Les mecs, j’ai un machin à vous dire : vous avez un vrai rôle à jouer pour mettre fin à ces pratiques qui saccagent l’estime de vos sœurs, de vos femmes, de vos amies, de vos collègues », renchérit la journaliste Carol Galand, organisatrice d’une manifestation, fin octobre, contre le harcèlement.