Une approche audacieuse vise à renforcer l’effet des psychothérapies en leur associant une drogue psychédélique ou un médicament.
Un air de Woodstock souffle à l’hôpital. « Certains de nos collègues s’étonnent : “Vous voulez mettre vos patients sous ecstasy ?” », témoigne Alexandre Salvador, psychiatre au centre hospitalier Sainte-Anne, à Paris. Il appelle de ses vœux une alliance thérapeutique inédite, celle de la chimie et de l’empathie. Une approche qui scelle, au fond, un pacte entre des prises en charge psychologiques et des drogues psychédéliques ou des médicaments – ces derniers étant administrés au patient avant, pendant ou après les séances de psychothérapie. Ce pari pourrait permettre de traiter des dépressions rebelles aux traitements classiques, des états de stress post-traumatique (ESPT)…
Cette approche, c’est celle des « psychothérapies augmentées ». Un terme proposé par Roland Jouvent, ancien chef du service psychiatrie de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Il s’agit donc de renforcer l’effet des « thérapies de l’âme » par une molécule pharmacologiquement active : LSD, MDMA (le principe actif de l’ecstasy), psilocybine (le principe actif de certains champignons hallucinogènes), ou encore un bêta-bloquant. Avec cet espoir : que cette molécule remodèle les réseaux neuronaux, de façon non pas à suppléer le déficit supposé d’un neuromédiateur, mais à faciliter l’impact des psychothérapies.