—
Le jardin interdit, vu de la fenêtre de Lily. Photo DR.
Chaque jour, «Libé» donne la parole à des confinés de tout poil pour raconter leur vie à l’intérieur. Chacun envoie une photo prise «de dedans». Aujourd'hui, Lily, confinée dans une résidence avec un grand jardin… auquel personne n'a le droit d'accéder.
Lily, 33 ans, est confinée dans son appartement parisien avec son compagnon et sa fille d’un an et demi. Impossible de prendre l’air dans le grand jardin de leur immeuble, en raison d’une guéguerre de voisinage.
«J’habite dans un immeuble du début des années 70, avec un jardin paysager, de la taille de deux terrains de foot. Le règlement de copropriété, qui date de la même époque, nous interdit d’y accéder. Au début du confinement, le président du conseil syndical a convoqué une réunion avec quelques familles, pour mettre en place un système, très contrôlé, d’accès au jardin. On s’est retrouvé dans le parking du 3e sous-sol, en cercle, à deux mètres de distance les uns des autres. C’était un peu crossover entre Eyes Wide Shut, la réunion des francs-maçons et une balle aux prisonniers ! Le projet, c’était d’ouvrir le jardin deux fois une heure dans la journée, par créneau d’un quart d’heure – pour ne pas déranger les résidents dont l’appartement donne sur le jardin. On se disait que si ça marchait bien, on pourrait ensuite ouvrir l’accès à tout le monde.
«On a mis en place des affichages et un e-mail pour s’inscrire. On s’est donc retrouvés dans le jardin, avec mon mec et notre fille. Un voisin du rez-de-chaussée a débarqué et a commencé à hurler, nous disant que c’était interdit. On a essayé d’entamer un dialogue avec lui, on lui a demandé ce que ça pouvait lui faire. Il nous a répondu : «C’est le principe, on autorise ça et ça sera quoi ensuite, la chasse aux œufs de Pâques ?» Il est allé prévenir les flics.