Comment contrôler le temps d’écran des enfants, priorité présidentielle annoncée en janvier, sans déclencher caprices, tempêtes et comédies ? En imposant un cadre dès la petite enfance. Et si c’est loupé, il n’est jamais trop tard pour se rattraper.
L’impact des écrans sur le développement des enfants fait débat depuis des années. A l’initiative d’Emmanuel Macron, des experts planchent sur le sujet et leurs préconisations attendues pour avril 2024 pourraient être regroupées dans un guide de bons usages. Alors que Libération publie les témoignages de parents concernés par cette problématique, il est important de noter que les spécialistes s’accordent déjà sur des recommandations.
Après un été entre tensions et fermetures, les urgences ne parviennent plus à soigner dignement. Le manque de personnel est criant, n'épargnant aucune région de France. Faute d'être pris en charge rapidement, des patients décèdent en salle d'attente. Peut-on sortir de la crise ?
Avec
Marc Noizet
L'hôpital se porte au plus mal. Ces dernières années, le nombre de patients décédant aux urgences sans avoir été pris en charge augmente. Ce phénomène souligne les défaillances des services d'urgences.
Le « réarmement démographique » promu par Emmanuel Macron a du plomb dans les flagelles. En cause, la forme et la qualité des spermatozoïdes. De quoi réviser la conception masculiniste de la reproduction, toujours en vigueur depuis Aristote.
« Ils sont amorphes,je te dis. Paresseux, voire neurasthéniques ! » Mon ami est abattu : son spermogramme est décevant. De nos jours, les mâles les plus fringants de ma génération sont nombreux à se soumettre aux tests de fertilité. Il faut dire que la situation est inquiétante : en moins d’un demi-siècle, la concentration de gamètes dans le sperme a été réduite de moitié. Pire : ce déclin s’accélère depuis les années 2000. À ce rythme, nous allons droit vers l’extinction.
3 millions de personnes touchées en France, plus de 6.000 maladies rares recensées en tout mais il n’existe un traitement que pour 5 % d’entre elles. Quels sont les enjeux et problèmes causés par ces pathologies ?
Avec
Agnès Linglart Professeur de pédiatrie. Presidente de la Société Française de Pédiatrie. Coordinatrice du Centre de référence pour les maladies phosphocalciques, ainsi que de la filière santé Maladies Rares Oscar. Elle coordonne le PNMR4 (4e Plan National Maladies Rares).
Guillaume Canaud Néphrologue à l'hôpital Necker-Enfants malades, et chercheur Inserm. Il coordonne le PNMR4 (4e Plan National Maladies Rares).
Yann Cornillier Responsable des publications multimédias de l'Inserm.
Le développement des nouvelles technologies est en train de révolutionner le secteur funéraire dans le pays. Les Chinois sont en train de découvrir de tous nouveaux services rendus possible par l’intelligence artificielle, et notamment la possibilité de communiquer avec les morts.
C'est d'abord une discussion banale : on entend la grand-mère demander au jeune homme s’il a bien mangé. "Comment vas-tu grand-mère ?" , lui répond le petit-fils. Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vue..." Une discussion classique entre membres d'une famille chinoise. À cela près que la grand-mère qui s’exprime est décédée depuis plusieurs mois. Son avatar a été récréé grâce à l’intelligence artificielle. Par l’intermédiaire d’un écran, la famille peut ainsi continuer de dialoguer avec elle tous les jours.
La mort défiée par les nouvelles technologies, un concept nouveau en Chine qui repousse les limites de la morale et s'apprête à révolutionner le secteur funéraire. C'est un jeune ingénieur de Nankin, à 300 kilomètres à l’ouest de Shanghai, qui en est l’un des précurseurs. Sun Kai a mis au point cette nouvelle façon de dialoguer avec les morts après la mort de sa mère. Et selon ses dires, ça lui a fait beaucoup de bien : "J'étais excité et soulagé. Je me sentais coupable de ne pas avoir passé assez de temps avec ma mère avant son décès et d’avoir consacré trop de temps à mon travail. Quand j’ai entendu ses premières paroles, j'ai eu l'impression de moins me sentir coupable, d'avoir trouvé un moyen de parler à ma mère et de l'entendre me demander, par exemple, si j'ai bien mangé aujourd'hui."
"J'espère que, bientôt, elle sera capable de communiquer non seulement avec moi, mais aussi avec mes enfants..."
Et si l’ignorance rendait plus sûr de soi que la connaissance : entre arrogance et compétence, voyez-vous le lien ?
Parler avec aplomb de ce qu’on ne connaît pas est la manifestation d’un biais cognitif identifié depuis fort longtemps. Aristote l’évoquait déjà, à sa façon. Ce biais fut étudié empiriquement à la fin des années 1990 par deux psychologues américains, David Dunning et Justin Kruger.
Tout commença par un fait divers. En 1995, aux États-Unis, un jeune homme se persuada, à l’issue de lectures qu’il fit à propos de l’encre sympathique, que si l’on s’enduit le visage avec du jus de citron, on devient invisible pour les caméras de surveillance. Il eut aussitôt une idée géniale : d’abord s’enduire le visage avec du jus de citron, ensuite, braquer une banque. Ce qu’il fit sans tarder. Bien sûr, Il fut aussitôt identifié puis arrêté grâce aux caméras de surveillance. David Dunning et Justin Kruger, impressionnés qu’on puisse être à la fois aussi sûr de soi et aussi stupide, s’intéressèrent de près à son cas, puis menèrent d’autres enquêtes sur la relation qu’il y a – ou qu’il n’y a pas – entre arrogance et compétence.
Trouver le terme idéal pour traduire un texte érotique du Moyen Âge en vieux français, tout en préservant l'intention des auteurs médiévaux lorsqu'ils abordaient la sexualité de manière crue, reste délicat. Quel niveau de langage privilégier : familier, vulgaire, grivois ou obscène ?
Ovide Decroly est, dès 1900, à l’origine d'une pédagogie aujourd'hui massivement utilisée en Finlande, le meilleur système éducatif au monde. Voici en archives le portrait de ce médecin belge génial.
“C’est la méthode de la liberté. Voilà c’est ça. C’est la méthode de ne plus être encastré sur des livres à apprendre : "le pistil et que ceci…" Mais au lieu de prendre un livre, de prendre une fleur, et de regarder. C'est ça quoi." On est en 1967, la petite fille de l'école de Saint-Mandé a environ 8 ans, elle est déguisée en arbuste avec ses copines, et elle édicte ainsi la méthode pédagogique d'Ovide Decroly pour l'ORTF. Qui était-il ? Quels étaient ses principes pédagogiques ? En quoi est-il si précurseur ?
Ovide Decroly en séance d'observation avec une petite fille - Fondation Ovide Decroly
Une série de quatre émissions autour des pédagogies nouvelles (élaborées entre autres par Freinet, Montessori, Decroly) qui ont pour principe de mettre l'enfant, et non les savoirs, au centre des méthodes éducatives et dont le mouvement a connu son essor dans l'entre-deux-guerres.
Pour les tenants d’une école de l’instruction, la dimension affective (et parfois même la simple dimension pédagogique) est une menace pour la fonction de transmission du savoir.
Épisode 1/4 : La bienveillance
Épisode 2/4 : Attention à l'attention : apprendre à vivre avec nos distractions
Épisode 3/4 : L'exigence
Épisode 4/4 : Des vertus de l'erreur... pour réussir
Des débuts d’un sujet comme analysant jusqu’au moment où il rejettera son analyste comme un déchet : réflexion sur le cours donné en plein Mai 68.
Qu’est-ce que la psychanalyse ? En quoi consiste une analyse ? Que fait au juste l’analyste ? C’est à ces questions aussi simples que décisives au regard de la découverte par Freud de l’inconscient que tente de répondre Lacan dans le séminaire XV, l’Acte psychanalytique, qui vient de paraître.
La réponse de Lacan tient en deux mots : l’acte psychanalytique.
L’idée d’acte psychanalytique peut paraître déconcertante. La psychanalyse – n’a cessé de clamer Lacan depuis son discours de Rome en 1953 – n’a qu’un seul médium : la parole du sujet. Alors quid de l’acte psychanalytique ? En quoi consiste-t-il ? La séance ? Le transfert, cette relation asymétrique qui réunit l’analysant et l’analyste ? L’interprétation ? Le silence ? Si chacun de ces éléments participe assurément de l’acte psychanalytique, aucun n’est, à proprement parler, l’acte. Comment d’ailleurs parler d’acte psychanalytique quand Lacan lui-même se plaît à rappeler la suspension qui entoure tout acte en psychanalyse ? L’analyste n’est-il pas censé précisément «laisser en blanc» la ligne de l’acte et s’abstenir de toute approbation, de tout conseil ? N’est-ce pas justement ce qui le distingue des autres professionnels de la psyché ?
Accusé de viols et d’agressions sexuelles par une cinquantaine de femmes, l’hypermédiatique psychanalyste vient de démissionner de toutes ses activités liées à sa profession. Dans l’entourage du thérapeute mondain, on oscille entre sidération et souvenirs de vieilles rumeurs.
Gérard Miller écrit à son entourage, beaucoup, entre fin janvier et mi-février. A toutes ses sphères – la médiatique, la politique, la psychanalytique. Aréopage mondain et hétéroclite, à son image. Ceux de la télé et de la radio, qu’il a côtoyés chez Michel Drucker ou croisés à France Inter, ceux de la fameuse bande emmenée par Laurent Ruquier. Et puis une partie de la gauche – des insoumis, des écolos – et des psys, des lacaniens comme lui. Une frénésie de mails pour se défendre, pour s’expliquer, pour se justifier. Le 30 janvier, dans un courriel intitulé «Pour information», le célèbre psy-documentariste-chroniqueur multicartes (y compris, un temps, chez Libé), ex-maoïste toujours dandy portant beau ses 75 ans, informe son premier cercle que le magazine Elle va publier un article le concernant. Il y sera «accusé d’agressions sexuelles sous hypnose, même d’un viol». Et de pointer la responsabilité du polémiste antisémite Alain Soral : «Depuis six ans, il m’accuse sur les réseaux sociaux d’extrême droite d’avoir abusé d’une femme endormie sous hypnose dont il affirme avoir été l’amant», écrit Gérard Miller à ses proches.
L’éveil musical des tout-petits, en famille ou auprès de professionnels, constitue un facteur important de leur épanouissement et de leur développement artistique.
Chargé de mission au sein de l’association Musique et Santé qu’il a fondée et dirigée entre 1998 et 2022, Philippe Bouteloup a mené un projet avec des bébés prématurés à l’hôpital Robert Debré à Paris. «Les parents pouvaient dormir sur place et je me souviens que certains écoutaient du hard rock et d’autres du zouk antillais. Il n’y avait pas de prescription musicale mais un volume sonore adapté à la fragilité des oreilles des enfants. D’une manière générale, l’écoute dans l’espace, aérienne, est conseillée, et celle au casque est à proscrire. Surtout, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise musique : le plus important, c’est le plaisir partagé entre les bébés et leurs parents. Cela peut être autour d’une berceuse kabyle, alsacienne ou bretonne.»
La psychologue et psychanalyste Sophie Marinopoulos va dans le même sens : «Les bébés reçoivent la vibration de la musique, même les enfants sourds et malentendants.» Auteure du rapport Une stratégie nationale pour la santé culturelle en 2019 pour le ministère de la Culture, cette spécialiste de l’enfance loue les bienfaits de la musique pour les bébés : «Les tout-petits sont orientés vers le «regarder», qui devient souvent le sens prioritaire. Mais ils ont besoin d’être dans un bain sensoriel et l’écoute de sons et de musique est essentielle. D’autant plus que les bébés sont friands de la rythmicité et ils aiment les chansons avec des refrains. Ils attendent avec bonheur ce refrain ou également des notes qui reviennent.»
Dans «Parmi les gisants», le théoricien de la littérature et philosophe américain s’interroge, à travers l’évocation très personnelle de ses souvenirs, sur ce que les nécropoles et les sépultures disent de l’humanité et de son rapport à la mort.
Quand on «ne sait pas quoi faire», il y a mille choses à faire : courir dans le parc, lire, voir un film, regarder passer les péniches, jouer à la console, se rendre à la salle de sport… La première idée qui se présente est rarement celle de visiter un cimetière. Au cimetière, on se rend à certaines occasions et certains jours, par dévotion, piété, devoir, habitude – du moins s’il s’agit de se recueillir sur la tombe d’un proche et non d’aller fleurir le tombeau d’Héloïse et Abélard, d’Alfred de Musset ou de Jim Morrison. Certes, d’aucuns le tiennent pour un lieu adrénalinogène, propice aux frissons et aux fantasmes, d’autres lui vouent une véritable passion (on les dit taphophiles), et maints écrivains et écrivaines, poètes, chercheurs en sciences humaines, y ont trouvé inspiration et objets d’étude, y ont recueilli suffisamment d’éléments de connaissance pour nourrir une histoire des typologies d’ensevelissement, une sémiologie des inscriptions tombales, une géographie sociale des espaces et des pratiques funéraires, une esthétique des monuments, une sociologie des ritualités, une anthropologie… Mais en général – est-ce si sûr ? – on préfère aller à la patinoire, ou au square, plutôt qu’au cimetière.
En février 2024, les hôpitaux de Paris et l'Institut Pasteur ont publié une étude réalisée à partir de millions de données médicales, scannées par un algorithme intelligent.
En février 2024, les hôpitaux de Paris et l'Institut Pasteur ont publié une étude réalisée à partir de millions de données médicales, scannées par un algorithme intelligent.
Camille Jaccard, Paroles folles dans la psychiatrie du XIXe siècle (préface de Vincent Barras)
L’observation du langage est aujourd’hui centrale dans l’examen psychiatrique et l’échange verbal est au cœur de nombreuses pratiques psychothérapeutiques. Quand la médecine mentale a-t-elle commencé à appréhender les propos des patients ? Sur quelles normes les médecins d’asile ont-ils désigné une parole comme pathologique ? Pourquoi certains sons ou mots jugés étranges sont-ils devenus des symptômes permettant de fonder des diagnostics ?
Ce livre retrace les étapes de la constitution d’une véritable clinique de la parole dans l’aliénisme de la première moitié du XIXe siècle jusque dans la sémiologie psychiatrique des années 1910, principalement en France et en Allemagne.
C'est une collection unique au monde qui réunit plus de 10 000 bobines de films d’amateurs et de grands alpinistes sont réunies. Depuis 30 ans, Gilles Charensol et Valérie Bonfé récoltent ces films. Pour la première fois de l’histoire de l’alpinisme, la Cinémathèque de Montagne a ouvert ses portes au public. Mais ce patrimoine est menacé par l'usure du temps et les enjeux financiers.
Par Cécile Ducourtieux(Londres, correspondante)Publié le 28 février 2024
Ne pouvant pas se permettre se payer un cabinet privé, ni d’attendre « trois ans » pour avoir un rendez-vous avec un dentiste du NHS, le service de santé public, Caroline Pursey, 63 ans, s’est arraché douze dents à la tenaille.
Au début, on a pensé à un canular, tant l’histoire de Caroline Pursey, 63 ans, paraissait irréelle. Pourtant, rapportée par la chaîne ITV News le 7 février dernier, elle illustre une triste réalité britannique : l’accès déplorable de sa population aux soins dentaires. Cette habitante de Scunthorpe, dans le nord-est de l’Angleterre, a expliqué que, à la suite de graves problèmes dentaires et faute d’accès à un dentiste du NHS (le service de santé public, quasi gratuit), elle avait dû s’arracher elle-même douze dents à la tenaille, n’ayant pas les moyens d’aller dans un cabinet privé. « On m’a dit qu’il y avait trois ans d’attente »,a-t-elle témoigné.
Les troubles anxieux concernent environ 20 % de la population mondiale. Cette prévalence est en augmentation depuis l’épidémie de Covid-19, d’environ 25 % selon l’OMS. Celle-ci en existe neuf types : l’anxiété généralisée, le trouble panique, les phobies spécifiques, l’agoraphobie, le trouble d’anxiété sociale, le trouble d’anxiété de séparation et l’anxiété de l’enfant. Très variables d’une personne à l’autre, leurs symptômes sont neuropsychologiques (peur, stress, visions négatives de l’avenir, irrationalité…) et/ou neuro-somatiques (insomnies, maux de tête, troubles digestifs, douleurs…). Certains patients peuvent en faire état de manière simpliste, à la suite de certains articles de presse ou déclarations de personnalités. L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a publié une mise au point sur ces contrevérités.
Le trio de chercheurs partagent dans «Comment s’invente la sociologie» leurs parcours, leurs expériences et leurs réflexions sur la discipline qui les a réunis comme une «famille».
«Luc, comment es-tu devenu sociologue ?» Luc, c’est Luc Boltanski, et c’est Jeanne Lazarus qui lui pose la question, Jeanne Lazarus à qui Arnaud Esquerre renverra la politesse, et qui sera lui-même à son tour sur le «gril». Trois sociologues parlent ensemble, et on assiste à une forme de conversation rythmée de coups droits et de revers bienveillants au cours de laquelle chacun apporte au moulin son expérience et sa vision. Le plus âgé, qui élabore depuis cinquante ans une œuvre ambitieuse lue et discutée dans le monde entier, pourrait être le pivot vers lequel les deux autres se tournent respectueusement. Mais le parti pris a été de ne pas rejouer l’entretien maître-disciples. Cela instaure une horizontalité qui fructifie sur le frottement des vécus. «Notre livre s’est efforcé de se tenir à distance aussi de ce modèle hiérarchique et mémoriel», prévient l’avant-propos. L’expérience et la culture de Luc Boltanski, né en 1940, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et membre de l’Iris (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux), entré en profession dans la seconde moitié des années 60, se ressentent évidemment tout au long de l’ouvrage. Arnaud Esquerre, directeur de recherche au CNRS et également à l’Iris, et Jeanne Lazarus, directrice de recherche au CNRS et membre du Centre de sociologie des organisations (CSO), ont été ses étudiants, à la fin des années 1990 et au début des années 2000.