par Adrien Naselli publié le 17 janvier 2024
Sur les Champs-Elysées, le 31 décembre, un océan d’écrans filme le passage à 2024 et pas grand-monde ne cause à son voisin. «Des zombies», commentent des internautes tout en rendant la photo virale. En une vingtaine d’années, les smartphones sont devenus des extensions de nos corps et de nos esprits. Et la propagation des réseaux sociaux a conduit à une polarisation des positions. La conjugaison de ces deux phénomènes produit une rupture encore impensée dans l’histoire de l’humanité pour l’anthropologue David Le Breton, qui voit dans ces outils de communication «la fin de la conversation» – conversation au sens d’«attention à l’autre, de disponibilité à sa parole, à son visage».
Nos discussions sont désormais interrompues «par des interlocuteurs qui ont gardé leur téléphone en main et le consultent sans arrêt, ou le tirent de leur poche à la moindre notification. Cela revient à mettre sur pause l’existence de ceux qui nous entourent», observe-t-il. Au point que certains restaurants font des ristournes à ceux qui acceptent de mettre leur téléphone dans une boîte le temps d’un repas.