Par Jean-Baptiste Jacquin Publié le 23 mars 2021
REPORTAGE Dans cet établissement du Bas-Rhin, 70 % des détenus travaillent, dont certains dans un chantier d’insertion tenu par l’association caritative.
Des hommes en bleu de travail arrivent par petits groupes. Ils laissent leur carte d’identification à l’entrée, prennent la fiche cartonnée de couleur à leur nom dans le planning classé par entreprises, passent sous le portique détecteur de métaux et ressortent dans la fraîcheur matinale. Il est 7 h 10. Le soleil illumine déjà depuis un moment la campagne d’Oermingen (Bas-Rhin), mais la température reste bien ancrée sous le zéro. Ces travailleurs d’un genre un peu particulier rejoignent des ateliers abrités par un immense hangar digne d’une zone industrielle. Tous sont détenus.
Leur prison est aussi d’un genre un peu particulier. Cette caserne militaire, construite sur la ligne Maginot, en 1938, à une dizaine de kilomètres au sud de Sarreguemines et de la frontière allemande, transformée en prison en 1946, est entourée de trois rangées de hautes grilles. Les 15 000 volts et les barbelés concertina qui les couronnent n’arrêtent pas le regard, qui peut porter loin sur le bourg voisin, la campagne et ses routes.
Mais l’élément distinctif du centre de détention d’Oermingen, et sa fierté, est ailleurs : 70 % des détenus y travaillent, soit au service général (repas, entretien), soit aux ateliers, alors que la moyenne nationale n’atteint pas 29 %. Avant la crise due au Covid-19 et ses conséquences économiques, le taux d’emploi frisait même les 90 %.