Depuis début octobre, les retouches apportées sur les corps des mannequins dans les publicités doivent être mentionnées. Une mesure symbolique au regard de l’ampleur du phénomène.
LE MONDE | | Par Gaëlle Dupont
Tout a commencé parce qu’au début des vacances d’été, Niven, 16 ans, se trouvait trop grosse. « Je pesais 52 kg pour 1,47 m, se souvient la jeune fille, qui témoigne sous pseudonyme. Partout dans la rue, il y a des images de filles minces. Je les enviais beaucoup. Je voulais leur ressembler. Je me regardais dans la glace et je me trouvais immonde. » Elle est allée sur des blogs « pro ana » (raccourci de pro anorexia) qui l’ont « motivée », et a perdu 7 kg en trois semaines.
Elle notait tout ce qu’elle mangeait, un morceau de pastèque, un petit bout d’omelette, avec les calories correspondantes. D’abord 700 par jour, puis 300, puis 47, puis 0 calorie, atteints en compensant le peu qu’elle avalait par des séances de sport. Un soir, elle a eu de la fièvre. C’est ce qui l’a sauvée. Le lendemain, la lycéenne commençait des recherches pour apprendre à maîtriser son poids en mangeant normalement. « J’ai frôlé la catastrophe, conclut-elle. Je ne regarde plus les images de filles très minces. Il suffit de pas grand-chose pour basculer. »
C’est pour lutter contre des comportements comparables que, depuis début octobre, la mention « photo retouchée » est obligatoire sur les publicités montrant des mannequins dont la silhouette a été affinée ou épaissie. La mesure s’ajoute à la tentative de limiter la maigreur des modèles, qui doivent depuis mai produire des certificats médicaux attestant de leur bonne santé. Il s’agit à la fois de les protéger et d’endiguer la prolifération d’images du corps potentiellement dangereuses.