Chaque année, les professionnels de ce service spécifique installé dans l’hôpital reçoivent et écoutent un millier d’enfants à la suite de suspicions de violences.
« Papa m’a tapé parce que j’avais fait une bêtise.
– Quelle bêtise ?
– J’avais fait tomber des petits pois de mon assiette en mangeant. »
Nathalie Vabres, pédiatre coordinatrice de l’unité d’accueil des enfants en danger du centre hospitalier universitaire de Nantes, a gardé en mémoire l’échange avec B., ce petit garçon de 8 ans conduit dans son service par les gendarmes, pendant le premier confinement. En janvier, l’école, soupçonnant des maltraitances au sein de la famille, avait fait un signalement au parquet. Deux mois plus tard, alors que les établissements scolaires ferment leurs portes en raison de la crise sanitaire, l’enseignante, inquiète de savoir son élève cloîtré chez lui avec ses parents, sans soutien extérieur, relance la justice.
Les forces de l’ordre interviennent au domicile de l’enfant, évitant peut-être un drame ; à l’époque, à chaque « bêtise », un nouveau coup tombe. « Avant le confinement, il pouvait se réfugier chez la voisine quand les tensions devenaient trop fortes. Mais à partir de mars, son père lui a dit qu’il allait mourir du Covid s’il sortait de la maison », raconte Nathalie Vabres.