«N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?» Mais comment donc en finir avec la fin de vie ?
Si j’ai bien compris, on a beau tout entreprendre pour en venir à bout, saturer l’air de particules fines, la nourriture de pesticides, harasser le personnel soignant, tant d’autres manœuvres encore, rien n’y fait, les vieux pullulent, qui n’en ont jamais assez, résolus à ne pas lâcher l’affaire, à s’incruster. C’est que vient un moment où, si t’es pas vieux, t’es mort, alors il peut y avoir de quoi insister. Certes, par les temps qui courent, être vieux, ce n’est pas du gâteau. Mais, si c’était l’inverse, s’il y avait la retraite à 27 ans (pourquoi pas, avec le chômage et l’intelligence artificielle ?), tout le monde voudrait être vieux et manqueraient alors les jeunes. On ne peut pas avoir le beurre sans la date de péremption du beurre, les avantages de la vieillesse et de la jeunesse ensemble. On pourrait dire : non contents de laisser aux suivants une planète au bord du gouffre, les vieux qui ont su vieillir grâce à une atmosphère pure et une nourriture saine et on ne peut plus durable réclament par-dessus le marché le droit d’être chouchoutés dignement. Mais, en fait, ce sont eux qui sont au fond du gouffre sans parachutes dorés, et la population des Ehpad n’est pas constituée des chouchous de la société ayant accumulé les millions au long de leur vie professionnelle. Ils voudraient être traités avec des gants et des pincettes, mais il y en a pour qui la pénibilité n’a pas de fin.