Psyzanie à Saint-Germain-des-Prés
LE MONDE | Par Ariane Chemin
Elle porte les cheveux bouclés sur les épaules et jette sur Paris, ou plutôt sur Saint-Germain-des-Prés, les mêmes yeux noirs que les Persans de Montesquieu. Faussement naïfs, pas tout à fait dupes. Personne, dans le 6e arrondissement de la capitale où elle a choisi son hôtel, ne reconnaît l'Iranienne. Personne ne la cherche, ni ses soutiens d'hier ni même la presse. Internée pendant deux mois dans un hôpital psychiatrique de Téhéran, Mitra Kadivar a pourtant réuni sur son nom – et un site, Mitra2013 –, début février, quelque 4 500 signatures du tout-Paris intellectuel et médiatique réclamant sa libération. "Les artistes, les politiques, les scientifiques, tout le monde a signé ! Maintenant encore je n'en reviens pas. Car, au fond, il ne s'agit que de l'erreur d'un médecin, suite à une triviale querelle de voisinage, dit-elle. Mon internement n'était pas politique."
Rien sans doute n'aurait existé si Mitra Kadivar, médecin et psychanalyste iranienne "analysée" lors de son séjour à Paris, entre 1983 et 1993, n'avait eu l'idée d'ouvrir, en 2012, un centre pour toxicomanes, au 1er étage de son appartement, dans le quartier d'Hesarak, au nord-ouest de Téhéran. Et surtout – "par politesse", assure-t-elle – si elle n'avait prévenu ses voisins des trois étages supérieurs.