Lors de son audition par le Sénat le 20 juillet, Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, a eu des propos sur les chiffres d'épisiotomie et les pratiques obstétricales non consenties qui ont fait bondir les gynécologues en particulier et les médecins en général. La secrétaire d’État avait évoqué un « taux d’épisiotomie à 75% » et des « pratiques obstétricales non consenties, particulièrement sur les femmes étrangères, très jeunes, et handicapées. »
Vives réactions des gynécologues et de l’Ordre
Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a vivement réagi, se présentant comme « profondément choqué » et interpellant directement la secrétaire d’État en ces termes : « Vos chiffres sont faux et nous sommes désolés que vous n’ayez pas jugé utile de demander aux professionnels de la naissance des informations qui eussent été documentées » (rappelant que « la dernière évaluation officielle et publique réalisée en 2010 en rapportait 27 % avec une réduction de moitié depuis le décompte précédent qui était de 55 % en 1998 »). Le CNGOF ajoute que « les obstétriciens ne maltraitent pas leurs patientes et entendent à leur tour ne pas l’être par une secrétaire d’État mal informée ».
Le Conseil national de l'Ordre (CNOM), un peu plus modérément, a regretté « ces propos qui semblaient mal documentés (et qui) pourraient aggraver la défiance des femmes envers le corps médical dans son ensemble, mais aussi décourager de possibles vocations pour des spécialités médicales aujourd’hui en souffrance en termes démographiques. » L'Ordre s’interroge aussi « sur l’accusation faite par Madame Schiappa selon laquelle "les femmes étrangères, les femmes très jeunes et les femmes handicapées" seraient plus particulièrement victimes de violences obstétricales, accusation qui ne semble être corroborée par aucune étude publiée à ce jour. »
Dans un communiqué, Marlène Schiappa a précisé avoir commandé un rapport au Haut Conseil à l'égalité (HCE) sur les violences obstétricales, citant des enquêtes du CIANE (Collectif inter associatif autour de la naissance) et de l’association Maman travaille (créée par la secrétaire d’État), ainsi que de l’association Femmes pour le dire, femmes pour agir, présentant des chiffres plus élevés pour l'épisiotomie. « C’est pour cette raison que la Secrétaire d’État a demandé au HCE de produire un rapport permettant un état des lieux pour objectiver le phénomène, le quantifier et identifier les problématiques. Les gynécologues obstétriciens y seront bien évidemment largement associés », indique le communiqué.
« Les disparités de ressentis sont réelles entre les femmes et les obstétriciens, qui consacrent leur vie à la santé des femmes. Il n’appartient pas au gouvernement de dire quelle est la réalité des chiffres, mais d’apporter une réponse aux femmes qui font part de leurs souffrance. La considération qui est évidemment due aux professionnels de santé, en première ligne, ne doit pas entraver la nécessité de lever des sujets tabous comme les violences obstétricales », a déclaré Marlène Schiappa.
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