Une incursion de l’Anap dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale, associée à des retours d’expériences, permet d’envisager un déploiement d'outils d'amélioration des parcours, mais à certaines conditions. Aux ARS intéressées, sont demandés un investissement important ainsi qu'un réseau partenarial mêlant sanitaire et médico-social.
À l'occasion de son Université d'été de la performance en santé qui se tient à Tours les 28 et 29 août, l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) a initié la diffusion d'une publication intitulée Les parcours des personnes en psychiatrie et santé mentale ; première approche. Cette première incursion de l’Anap dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale associée à des retours d’expériences "permet d’envisager un déploiement de la méthode à certaines conditions", explique l'agence dans cette publication d'une vingtaine de pages, dont Hospimedia a eu copie. Ce travail fait notamment suite à une exploration de l'Anap avec les ARS d'Auvergne, de Bretagne et du Nord-Pas-de-Calais (NPDC) de la possibilité de bâtir des parcours en santé mentale, dont le lancement avait été annoncé fin 2013 (lire ci-contre).
Un important investissement demandé aux ARS intéressées
Au nombre des conditions préalables au déploiement d'une méthode, l'Anap explique en premier lieu que "l’important investissement demandé aux ARS pour mener un diagnostic territorial exclut un déploiement d’emblée au niveau de la région. [...] Chaque ARS a sa personnalité propre qui dépend du contexte du territoire couvert et de ses problématiques", souligne l'agence, qui appuie qu'une "telle démarche n’a de sens que si elle correspond à des enjeux réels perçus par les acteurs". C’est pourquoi, il est "essentiel" qu’une ARS intéressée par la démarche choisisse en priorité un territoire précis, insiste l'agence. Elle explique que ce cadre permet de prendre la mesure de l’investissement demandé — "qui va bien au-delà du référent en psychiatrie et santé mentale de l’agence" — et que l’équipe-projet ARS pilotée par le référent doit associer d’autres personnes également identifiées et mandatées pour accompagner et animer le projet. Pour ce qui concerne le choix du territoire, "une superposition approchante des périmètres de la sectorisation psychiatrique, des infra-territoires de santé, des unités d’action sociale des conseils départementaux et d’un bassin de vie constitue une configuration favorable à la conduite du projet". Ce domaine de la psychiatrie sollicite également très fortement le réseau partenarial de l’ARS, explique l'Anap. Ceci, à commencer par les conseils départementaux qui exercent la tutelle sur les structures médico-sociales et sur les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), "acteurs-clé des parcours pour les malades psychiques au long cours".
De l'importance du réseau partenarial
Au-delà de ce premier cercle institutionnel, l'agence évoque également au sein du réseau partenarial les villes — au titre de leur compétence en matière de logement et de vie sociale —, les fédérations professionnelles, les associations représentatives des aidants ou encore des usagers. Mais aussi des organismes relais tels que les centres de ressources sur le handicap psychique (Crehpsy) et les centres régionaux d'études, d'actions et d'informations en faveur des personnes vulnérables (Creai). Car ceux-ci peuvent "apporter une expertise et des savoir-faire spécifiques très aidants pour la réussite de la démarche, et au-delà pour un éventuel déploiement à d’autres territoires". "L’implication de ces partenaires au niveau du comité de pilotage conditionne la réussite du projet", appuie l'Anap.
La publication de l'agence revient notamment dans un chapitre sur les trois diagnostics élaborés au cours de l’expérimentation — avec les trois ARS pré-citées — qui ont mis en évidence des préoccupations communes qui se sont traduites dans des projets territoriaux opérationnels : les feuilles de route. Celles-ci s’organisent autour de quatre thèmes principaux : développer les connaissances et l'inter-connaissance, articuler les interventions entre les acteurs (ville, hôpital, établissements et services sociaux et médico-sociaux), mettre en réseau sur le territoire et recalibrer l'offre structurelle. L'Anap remarque que ces quatre axes de travail "se valorisent mutuellement par leur simultanéité". Ainsi, les deux premiers axes relèvent de la dimension managériale du projet et les deux autres axes ont trait aux métiers et à l’organisation structurelle du système d’intervention. "Il est important de noter que l’action sur les structures est une clé parmi d’autres qui ne produira pas les effets escomptés si les trois autres ne sont pas mobilisées", relève l'agence. Enfin, elle prévient que ces "axes de travail ne constituent pas des"recettes" qu’il suffirait d‘appliquer pour améliorer "à la carte" les parcours des personnes". Dans le cadre de la démarche territoriale mise en œuvre, leur force réside dans le processus de co-élaboration dont ils sont issus, explique l'Anap. Et de souligner : "parce qu’ils ont eux-mêmes cheminé ensemble dans un questionnement commun, les acteurs s’envisagent comme des contributeurs à un processus dont ils sont tantôt pilotes, tantôt co-intervenants".
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