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mardi 17 juillet 2012

Victimes de violence conjugale : Paris adopte les téléphones portables d’urgence


lequotidiendumedecin.fr 16/07/2012
Crédit photo : AFP
Le dispositif, très courant en Espagne, existe déjà en Seine-Saint-Denis depuis novembre 2009, où il a servi à 85 femmes, et dans le Bas-Rhin, depuis janvier 2011. Ce lundi, 15 téléphones portables d’urgence sont mis à disposition du parquet de Paris qui peut le confier à des femmes victimes de violences conjugales pour une période de 6 mois (renouvelable une fois). Connectés à un circuit spécifique, comprenant des numéros préenregistrés d’associations et de Mondial Assistance, qui traite les urgences, ils doivent permettre de prévenir les services de police en vue d’une intervention.
« Ce dispositif a vocation à essaimer », a déclaré la ministre des Droits des femmes, lors du lancement officiel vendredi dernier dans la capitale. Najat Vallaud-Belkacem a salué le « partenariat constructif » entre le parquet de Paris, décisionnaire, le centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), qui évalue les besoins, la préfecture de police, la Mairie de Paris, la région Ile-de-France et les opérateurs Orange et Mondiale Assistance. « On touche du doigt ce que doit être la politique de protection : intégrée et partenariale (...) avec un service public qui a le devoir de répondre présent à chaque fois qu’une femme est confrontée à l’urgence », a-t-elle poursuivi. « Dans ce domaine, les erreurs d’aiguillage et les portes qui se ferment ne sont pas tolérables. »

Un outil parmi d’autres

« Comme toutes les mesures qui peuvent améliorer la protection des victimes de violences, c’est une bonne chose. Mais ce n’est qu’un outil. Il faut surtout des associations qui peuvent écouter les femmes et qui les accompagnent une fois l’appel passé », commente Françoise Brié, vice-présidente de la Fédération nationale solidarités femmes (FNSF) qui regroupe 68 associations. Le dispositif ne touche qu’une petite partie des victimes : des femmes dont la plainte a abouti. Mais il n’a pas vocation à les encourager à porter plainte ou à signaler des abus. Selon Solidarités Femmes, 2 490 000 femmes de plus de 15 ans subiraient des violences. Seulement 9 % ont saisi la justice en 2011.
Si plusieurs outils existent (bracelet électronique, ordonnance de protection, le très utile 39 19, centre d’appel géré par la FNSF), le soutien aux structures d’accueil et d’hébergement reste indispensable pour accompagner les femmes. « Nous travaillons sur leur prise de conscience de leur statut de victimes, sur les inégalités entre hommes et femmes, nous prenons en compte les histoires de vie. Il faut accentuer l’effort à la fois sur l’hébergement et sur les accueils de jour spécialisés : nous avons 1 600 places d’hébergement, et 30 000 femmes qui vivent à domicile » explique Françoise Brié. Faute de financement suffisant, les structures, financièrement fragiles, doivent émarger sur divers fonds (communes, collectivités locales, délinquance...). L’hébergement, la formation des professionnels et les enfants pourraient être les enjeux d’un prochain plan de lutte contre les violences faites aux femmes en 2013. En attendant, la FNSF est en discussion avec la ministre des Droits des femmes pour revoir l’enveloppe accordée au 39 19, selon Françoise Brié.
› COLINE GARRÉ

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