Droite et gauche s’affrontent sur l’Aide médicale d’Etat
La bataille de l’AME est repartie de plus belle à l’Assemblée. Les socialistes ont adopté en commission il y a quelques jours un amendement visant à faciliter le dépôt des dossiers par des étrangers, au grand dam de l’UMP. Cette semaine, c’est au tour du FN de faire parler de lui. Les deux députés frontistes ont déposé lundi un amendement pour demander la suppression de l’Aide médicale d’Etat.
C’est sur un terrain cher au FN – aide sociale et immigration – que les deux députés du parti, Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, ont fait leur début lundi à l’Assemblée Nationale avec le dépôt d’un amendement pour demander la suppression pure et simple de l'Aide médicale d'Etat (AME). Selon le texte de l'amendement, présenté dans le cadre de la loi de finances rectificative, l'AME provoque «un appel d'air à l'immigration clandestine, alimentant notamment les réseaux mafieux qui rackettent les candidats à l'exil tout en laissant à la collectivité nationale un coût d'environ 600 millions d'euros en année pleine».
Le FN n’est pas le seul à batailler dans l’Hémicycle contre le dispositif. Déjà, les députés UMP avaient vivement contesté début juillet l’annonce faite par la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, de supprimer le forfait annuel de 30 euros pour les bénéficiaires majeurs que l’ancienne majorité avait institué début 2011. « La promesse de François Hollande de supprimer le droit d'entrée à l'AME fera l'objet d'un texte de loi qui sera présenté dans les prochains jours », avait déclaré la ministre des Affaires sociales et de la Santé, à l'issue d'une table ronde sur l'exclusion. Plus récemment, c’est contre l’adoption d’un amendement socialiste qui permet de faciliter le dépôt des dossiers que les voix des députés UMP se sont élevées. « Il faut un contrôle administratif » a protesté Dominique Tian, député des Bouches-du-Rhône. Son confrère député du Loiret Jean-Pierre Door, renchérissant sur le thème : « cet amendement va surcharger le travail des Centres communaux d’action sociale (CCAS)».
Créée en 2000, l'AME permet l'accès aux soins des étrangers en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois mais son coût a explosé ces dernières années : en 2011, elle a bénéficié à 220 000 personnes pour un coût global de 588 millions d'euros, contre 75 millions d'euros en 2000. Un rapport, rendu public en juin 2011, soulignait que la hausse des dépenses progressait de façon exponentielle mais sans conclure ni à des fraudes massives, ni à la nécessité tant sanitaire qu’humanitaire du dispositif. En revanche, sur le forfait annuel de 30 euros, instauré par l’ancienne majorité UMP en 2011, les deux rapporteurs, Claude Goasguen (UMP) et Christophe Sirugue (PS) n’avaient pas réussi à se mettre d’accord. Le premier réclamait son maintien, tandis que le second optait pour sa suppression. Un an après, c’est la seconde option que le gouvernement socialiste va faire prévaloir. Mais ça ne plait pas à tout le monde !
Caroline Laires-Tavares
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