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mercredi 23 novembre 2011


Prolégomènes à toute psychiatrie génétique
Publié le 21/11/2011

On a depuis longtemps abandonné –écrivent les éditorialistes de The American Journal of Psychiatry– l’idée selon laquelle les affections mentales seraient liées au dysfonctionnement d’un gène unique, comme dans des maladies somatiques telles que la mucoviscidose ou certaines myopathies.
Les problématiques psychiatriques résulteraient plutôt de « l’interaction complexe entre de nombreux gènes et des facteurs de l’environnement », mais les préludes récents de la « psychiatrie génétique » imposent de simplifier les modèles, en s’intéressant déjà à certains gènes exemplaires.
Évoquant ainsi la longueur changeante d’une séquence d’ADN dans une région (dite 5-HTTLPR) du gène codant pour le transporteur de la sérotonine (la protéine assurant le « recyclage » de ce neuromédiateur dans les terminaisons nerveuses), les auteurs rappellent les conceptions établies sur l’incidence médicale du polymorphisme génique. Dans l’exemple cité, l’allèle court du gène produit « moins d’ARNmessager pour ce transporteur de la sérotonine, et cette variabilité génétique expliquerait en partie une vulnérabilité individuelle aux « stress de l’existence » (chômage, problèmes de santé, etc.) qui reflèterait l’intensité innée de la production sérotoninergique, régie par l’allèle du 5-HTTLPR.
S’appuyant sur ces premiers résultats prometteurs, ayant conduit de l’hypothèse du 5-HTTLPR aux inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine en thérapeutique, les auteurs conseillent aux chercheurs de « creuser plus profondément » encore pour démasquer de nouveaux substrats génétiques dans le déterminisme de certaines maladies mentales. Avec leurs accents kantiens implicites, ces prolégomènes à toute psychiatrie génétique (« qui aura le droit se présenter comme science ») évoquent ce mot célèbre du neuropsychologue William Greenough : « Se demander ce qui est le plus important, l’inné ou l’acquis, revient à se demander ce qui est plus important dans un rectangle, sa longueur ou sa largeur. »

Dr Alain Cohen

Brzustowicz L et Freedman R : Digging more deeply for genetic effects in psychiatric illness. Am J Psychiatry 2011; 168-10:1017–1020.

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