En quel sens Jacques Lacan a-t-il effectivement révolutionné la pensée psychanalytique ?
De l’importance de concevoir la psychanalyse « dans le monde »
Par Pierre Delion, Professeur à la Faculté de Médecine de Lille-II, chef du service de pédopsychiatrie du CHRU de Lille.
« Je voudrais que ce livre soit lu comme l’énoncé d’une part secrète de la vie et de l’œuvre de Lacan, un vagabondage dans des sentiers méconnus : un envers ou une face cachée venant éclairer l’archive, comme dans un tableau crypté où les figures de l’ombre, autrefois dissimulées, reviennent à la lumière. J’ai voulu évoquer par bribes un autre Lacan confronté à ses excès, à sa passion du réel, à ses objets : en un mot, à son réel, à ce qui a été forclos de son univers symbolique. » Presque vingt ans après son Jacques Lacan, esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée, paru chez Fayard en 1993, Élisabeth Roudinesco nous livre un manuscrit plus personnel (1), dans lequel elle reprend, à l’instar de Lacan, auteur de l’Envers de la psychanalyse, « l’envers » de ce grand psychanalyste qui a su révolutionner la pensée psychanalytique à partir d’une relecture en profondeur de l’œuvre de Freud, faisant saillir le tranchant des études du fondateur de la psychanalyse, sans le laisser se confire dans le sucre de la psychologie médicale « héritière de Pierre Janet, de Théodule Ribot » ou dans les avatars de la psychanalyse à l’américaine et de son egopsychology. Mais si elle propose l’envers, elle reste fidèle au Lacan qu’elle décrit si bien, « envers et contre tout », notamment pour répondre aujourd’hui à ceux qui ont su vite enterrer Lacan en le réduisant à ses excès et à ceux de ses épigones autoproclamés, oubliant qu’il reste un incontournable réinventeur d’une psychanalyse ouverte, à d’autres pathologies, à d’autres horizons, à d’autres promesses de filiations.
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