«La superstition permet d'apprivoiser l'anxiété»
Par Agnès Leclair - le 18/11/2011
INTERVIEW - Roland Jouvent, professeur de psychiatrie à l'université Paris-VI, dirige le centre «émotion» du CNRS à la Salpêtrière. Il a notamment écrit Le Cerveau magicien : de la réalité au plaisir psychique (Éd. Odile Jacob).
LE FIGARO. - En quoi les superstitions peuvent-elles nous aider dans la vie de tous les jours ?
Roland JOUVENT. - Notre pensée nous aide à pallier les insuffisances du réel. La superstition est une magnifique création des individus et des sociétés pour aménager la peur du monde. Elle permet d'apprivoiser l'anxiété, de fixer le danger sur un seul objet et de faire en sorte de l'éviter en pratiquant certains rites. Au lieu de ressentir une angoisse diffuse, on la focalise. Si vous avez eu un accident de scooter un vendredi et que vous décidez que ce jour est dangereux pour vous, vous éviterez d'être inquiet tous les autres matins de la semaine. La peur de passer sous une échelle, superstition courante, nous renvoie peut-être à la crainte de nos ancêtres de voir tomber le ciel sur leur tête, à l'angoisse de l'apesanteur et de la chute dans le vide. Il suffit de ne pas passer en dessous pour conjurer le danger et donc aller bien. C'est une règle finalement assez proche de la convention qui consiste à marcher sur le trottoir pour éviter les voitures et grâce à laquelle la rue n'est pas un terrain trop dangereux et inquiétant.
Les superstitions ne sont donc pas forcément aussi absurdes qu'elles peuvent en avoir l'air ?
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