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dimanche 14 novembre 2010

Bien accueillir les fous, tout un art
Par ERIC FAVEREAU
 09/11/2010

On aurait presque envie de dire que Paul Machto est un psychiatre gentil, mais comme on sait que le qualificatif peut paraître déplacé, on en cherche un autre, mais lequel ? Avec sa barbe, ses cheveux un peu longs, son chapeau, sa façon discrète de boiter, on pourrait le cataloguer «baba cool». Mais pour l’avoir suivi tout au long des réunions du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, et l’avoir vu travailler dans les locaux du centre de jour Victor-Hugo à Montfermeil en Seine-Saint-Denis, on se dit que Paul Machto est surtout un psychiatre… attentionné.

Et ce n’est pas rien. Dans le secteur de psychiatrie baptisé 93 G 15 - c’est-à-dire qu’il est censé s’occuper des villes de Clichy, Montfermeil et du Raincy -, bonne surprise, on fait du bon travail. Et la psychiatrie publique renvoie un autre visage que celui d’un monde effondré, fatigué, à bout. Non, là, des choses sont possibles : être «hospitalier», par exemple. A l’image de cet établissement qui vient d’ouvrir en face de l’hôpital de Montfermeil. Voilà un nouveau bâtiment, joliment moderne pour accueillir le Centre médico-psychologique et l’unité de jour de ce secteur de psychiatrie. L’endroit est coloré et lumineux. «On a demandé le maximum de place, et on l’a eu», s’amuse à noter Paul Machto. Ils sont une bonne vingtaine de patients à venir tous les jours suivre des ateliers. Paul Machto porte le lieu, à sa façon, sans à coup mais avec bienveillance. Il écoute, rassure. Et raconte l’histoire du centre dont il a la charge depuis plus de dix ans.

Paul Machto a un dada : l’art. «L’option choisie fut de travailler avec des artistes, d’abord avec une plasticienne puis avec un musicien.» Il aime l’art comme ouverture vers les autres. Et il prend l’exemple du théâtre, car depuis quelques années le centre de jour travaille avec le Githec, un groupe d’intervention théâtrale et cinématographique. Ainsi, ils montent des pièces, se lancent dans des improvisations. Paul Machto évoque un atelier théâtral où des malades ont travaillé avec des demandeurs d’asile.

«Cette rencontre entre des demandeurs d’asile et d’autres qui ont connu l’asile, psychiatrique celui-là, a été particulièrement émouvante. Des traces, des liens se sont tissés.» Puis il ajoute : «Que dire de ce type d’aventure ? Est-ce du soin ? Est-ce que ça guérit ? J’ai été époustouflé par les capacités de ces patients, étonné devant tant d’efforts déployés. Ils ont eu un plaisir à jouer, à être attentif à l’autre, à partager ce travail.»

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