ACTUALITÉ CONGRES
La magnétoconvulsivothérapie appelée à remplacer l’électroconvulsivothérapie en cas de dépression majeure ?
Publié le 01/10/2010
Stigmatisante, la dépression majeure guérit rarement sans séquelle tout en récidivant fréquemment. Devant la persistance de cette affection chez plus d’un tiers des malades, plusieurs techniques alternatives ont été développées. Parmi celles-ci, l’électroconvulsivothérapie (ECT) dont les bases ont été posées par Guillaume Duchenne de Boulogne au XIXème siècle. Efficace dans un cas sur deux en cas de dépression résistante au traitement, cette technique a l’inconvénient majeur d’entraîner des troubles cognitifs importants dans près de 50 % des cas. Ce qui a suscité des recherches vers d’autres techniques moins stigmatisantes.
La magnétoconsulsivothérapie (MCT) est l’une de ces techniques. Basée sur la génération de convulsions, sous anesthésie, par impulsions magnétiques sur un territoire cérébral limité, elle devrait en principe engendrer moins de troubles cognitifs que l’ECT comme cela a été démontré sur des modèles animaux.
Après un premier essai clinique chez l’homme réalisé en 2000, les données disponibles en 2008 montrent que la MCT permet une réorientation et un retour à la réalité nettement plus rapide qu’en cas d’ECT. Elle semble aussi posséder un effet antidépresseur significatif si l’on en croit l’essai clinique présenté par Sarah Kayser (Bonn) en session plénière. Comparée à l’ECT (n = 10 ; 12 séances), la MCT (n = 10 ; 12 séances) apporte une efficacité similaire sur les scores Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale (MADRS) et Hamilton Depression Rating Scale (HDRS28), sans modifications cognitives, et avec un retour à la réalité dès la première minute, alors que les modifications EEG observées sont de même intensité que sous ECT. La MCT a cependant l’inconvénient de ne pouvoir être utilisée lorsque du matériel implantable se situe à proximité.
Son efficacité est telle que 4 études sont en cours afin de répondre à plusieurs questions : quelle est l’efficacité de la MCT à moyen et à long terme ? Engendre-t-elle des modifications biologiques ? En particulier sur le BDNF ? Peut-on l’utiliser en tant que technique neuromodulatrice ?
Dr Dominique-Jean Bouilliez
Davantage de psychose en ville
Publié le 08/10/2010
Les enquêtes épidémiologiques en psychiatrie montrent, depuis longtemps, que l’incidence de la schizophrénie est plus élevée dans les zones urbaines qu’en milieu rural, et cette association insolite entre villes et psychoses est aussi retrouvée (avec une moindre intensité) pour d’autres psychoses non affectives. Mais la raison de ce phénomène demeure encore énigmatique, car peu de recherches se sont efforcées de démêler les facteurs d’environnement et les caractéristiques individuelles susceptibles d’expliquer cette prédilection urbaine des psychoses.
Ce fut donc la mission assignée à une étude longitudinale portant sur la population née en Suède entre 1972 et 1977 et concernant près de 204 000 personnes. Les auteurs retrouvent ce lien significatif entre environnement urbain et psychoses et estiment qu’il doit refléter essentiellement un paramètre sociologique, la « fragmentation sociale » accrue, propre aux grandes cités. Les données recueillies paraissent en effet cohérentes avec le postulat selon lequel, dans un environnement donné, « le risque de psychose pourrait se trouver majoré par certains traits » permettant de distinguer les individus de leurs pairs. Si cette hypothèse ne permet pas de préciser les caractéristiques en cause, elle présente néanmoins, estiment les chercheurs, « des implications importantes pour la compréhension de l’étiologie des troubles psychotiques » et pour apporter un éclairage supplémentaire aux décideurs afin de mieux articuler les politiques de prévention en santé publique avec celles d’aménagement du territoire.
Cependant, indépendamment de cette dimension sociologique de l’isolement drastique dans les « villes de grande solitude » (comme le chantait jadis Michel Sardou), d’autres facteurs décisifs peuvent contribuer aussi à l’aspect «psychiatriquement délétère » de l’habitat urbain. En particulier, la consommation de cannabis, qu’il contribue probablement à faciliter (du fait de la présence concomitante des réseaux clandestins de distribution des substances illicites). Or, reconnaissent les auteurs, cette étude n’intègre aucune donnée relative à ce facteur notoirement pathogène.
Dr Alain Cohen
Zammit S et coll. : Individuals, schools, and neighborhood. Arch Gen Psychiatry, 2010 ; 67: 914-922.
La magnétoconvulsivothérapie appelée à remplacer l’électroconvulsivothérapie en cas de dépression majeure ?
Publié le 01/10/2010
Stigmatisante, la dépression majeure guérit rarement sans séquelle tout en récidivant fréquemment. Devant la persistance de cette affection chez plus d’un tiers des malades, plusieurs techniques alternatives ont été développées. Parmi celles-ci, l’électroconvulsivothérapie (ECT) dont les bases ont été posées par Guillaume Duchenne de Boulogne au XIXème siècle. Efficace dans un cas sur deux en cas de dépression résistante au traitement, cette technique a l’inconvénient majeur d’entraîner des troubles cognitifs importants dans près de 50 % des cas. Ce qui a suscité des recherches vers d’autres techniques moins stigmatisantes.
La magnétoconsulsivothérapie (MCT) est l’une de ces techniques. Basée sur la génération de convulsions, sous anesthésie, par impulsions magnétiques sur un territoire cérébral limité, elle devrait en principe engendrer moins de troubles cognitifs que l’ECT comme cela a été démontré sur des modèles animaux.
Après un premier essai clinique chez l’homme réalisé en 2000, les données disponibles en 2008 montrent que la MCT permet une réorientation et un retour à la réalité nettement plus rapide qu’en cas d’ECT. Elle semble aussi posséder un effet antidépresseur significatif si l’on en croit l’essai clinique présenté par Sarah Kayser (Bonn) en session plénière. Comparée à l’ECT (n = 10 ; 12 séances), la MCT (n = 10 ; 12 séances) apporte une efficacité similaire sur les scores Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale (MADRS) et Hamilton Depression Rating Scale (HDRS28), sans modifications cognitives, et avec un retour à la réalité dès la première minute, alors que les modifications EEG observées sont de même intensité que sous ECT. La MCT a cependant l’inconvénient de ne pouvoir être utilisée lorsque du matériel implantable se situe à proximité.
Son efficacité est telle que 4 études sont en cours afin de répondre à plusieurs questions : quelle est l’efficacité de la MCT à moyen et à long terme ? Engendre-t-elle des modifications biologiques ? En particulier sur le BDNF ? Peut-on l’utiliser en tant que technique neuromodulatrice ?
Dr Dominique-Jean Bouilliez
Davantage de psychose en ville
Publié le 08/10/2010
Les enquêtes épidémiologiques en psychiatrie montrent, depuis longtemps, que l’incidence de la schizophrénie est plus élevée dans les zones urbaines qu’en milieu rural, et cette association insolite entre villes et psychoses est aussi retrouvée (avec une moindre intensité) pour d’autres psychoses non affectives. Mais la raison de ce phénomène demeure encore énigmatique, car peu de recherches se sont efforcées de démêler les facteurs d’environnement et les caractéristiques individuelles susceptibles d’expliquer cette prédilection urbaine des psychoses.
Ce fut donc la mission assignée à une étude longitudinale portant sur la population née en Suède entre 1972 et 1977 et concernant près de 204 000 personnes. Les auteurs retrouvent ce lien significatif entre environnement urbain et psychoses et estiment qu’il doit refléter essentiellement un paramètre sociologique, la « fragmentation sociale » accrue, propre aux grandes cités. Les données recueillies paraissent en effet cohérentes avec le postulat selon lequel, dans un environnement donné, « le risque de psychose pourrait se trouver majoré par certains traits » permettant de distinguer les individus de leurs pairs. Si cette hypothèse ne permet pas de préciser les caractéristiques en cause, elle présente néanmoins, estiment les chercheurs, « des implications importantes pour la compréhension de l’étiologie des troubles psychotiques » et pour apporter un éclairage supplémentaire aux décideurs afin de mieux articuler les politiques de prévention en santé publique avec celles d’aménagement du territoire.
Cependant, indépendamment de cette dimension sociologique de l’isolement drastique dans les « villes de grande solitude » (comme le chantait jadis Michel Sardou), d’autres facteurs décisifs peuvent contribuer aussi à l’aspect «psychiatriquement délétère » de l’habitat urbain. En particulier, la consommation de cannabis, qu’il contribue probablement à faciliter (du fait de la présence concomitante des réseaux clandestins de distribution des substances illicites). Or, reconnaissent les auteurs, cette étude n’intègre aucune donnée relative à ce facteur notoirement pathogène.
Dr Alain Cohen
Zammit S et coll. : Individuals, schools, and neighborhood. Arch Gen Psychiatry, 2010 ; 67: 914-922.
ACTUALITE MEDICALE
On trouve des anomalies dans la matière blanche quand la psychose s’accompagne d’un déficit cognitif
Publié le 29/09/2010
Une déficience intellectuelle associée n’est pas rare dans la schizophrénie. Mais pour une proportion notable de patients, ce déficit cognitif n’est pas apparent. Une étude espagnole a recherché l’existence de différences éventuelles dans l’intégrité de la matière blanche entre les patients avec ou sans déficience cognitive reconnue.
Conduite de 2006 à 2008 sur des sujets de 15 à 60 ans, cette étude porte sur 49 sujets vus pour un épisode psychotique inaugural et 41 sujets témoins. Elle s’appuie sur une technique d’imagerie cérébrale fonctionnelle en résonance magnétique (Imagerie du tenseur de diffusion) pouvant mettre en évidence les faisceaux de matière blanche [1]. La déficience cognitive est évaluée par des tests concernant divers domaines : mémoire verbale, dextérité, attention, fonctionnement exécutif (c’est-à-dire, grosso modo, les processus cognitifs activés face à des situations nouvelles)…
Les auteurs ont écarté de leur recherche les patients avec un retard mental confirmé ou ayant déjà reçu pendant plus de six semaines un traitement par des neuroleptiques, pour éviter toute incidence éventuelle de leur imprégnation prolongée sur la relation étudiée entre matière blanche et déficit cognitif. Ne retenir que des patients avec psychose débutante permet d’ailleurs de ne pas rattacher les constats observés aux effets d’une maladie chronique ni à ceux d’un traitement. Chez ces patients avec épisode psychotique inaugural, cette étude confirme que des déficits portant sur les fonctions motrices et exécutives se trouvent effectivement associés à des altérations dans l’intégrité de la matière blanche affectant les principaux faisceaux connectés au cortex frontal et pariétal, ou d’autres voies corticales et sous-corticales. Et surtout que le facteur lié à ces anomalies de la matière blanche tient bien à la déficience cognitive elle-même, et non à la maladie en soi.
[1] : cf. http://www.dicodunet.com/definitions/sciences/imagerie-tenseur-diffusion.htm
Dr Alain Cohen
Pérez-Iglesias R et coll. : White matter integrity and cognitive impairment in first-episode psychosis. Am J Psychiatry 2010 ; 167 : 451-458.
On trouve des anomalies dans la matière blanche quand la psychose s’accompagne d’un déficit cognitif
Publié le 29/09/2010
Une déficience intellectuelle associée n’est pas rare dans la schizophrénie. Mais pour une proportion notable de patients, ce déficit cognitif n’est pas apparent. Une étude espagnole a recherché l’existence de différences éventuelles dans l’intégrité de la matière blanche entre les patients avec ou sans déficience cognitive reconnue.
Conduite de 2006 à 2008 sur des sujets de 15 à 60 ans, cette étude porte sur 49 sujets vus pour un épisode psychotique inaugural et 41 sujets témoins. Elle s’appuie sur une technique d’imagerie cérébrale fonctionnelle en résonance magnétique (Imagerie du tenseur de diffusion) pouvant mettre en évidence les faisceaux de matière blanche [1]. La déficience cognitive est évaluée par des tests concernant divers domaines : mémoire verbale, dextérité, attention, fonctionnement exécutif (c’est-à-dire, grosso modo, les processus cognitifs activés face à des situations nouvelles)…
Les auteurs ont écarté de leur recherche les patients avec un retard mental confirmé ou ayant déjà reçu pendant plus de six semaines un traitement par des neuroleptiques, pour éviter toute incidence éventuelle de leur imprégnation prolongée sur la relation étudiée entre matière blanche et déficit cognitif. Ne retenir que des patients avec psychose débutante permet d’ailleurs de ne pas rattacher les constats observés aux effets d’une maladie chronique ni à ceux d’un traitement. Chez ces patients avec épisode psychotique inaugural, cette étude confirme que des déficits portant sur les fonctions motrices et exécutives se trouvent effectivement associés à des altérations dans l’intégrité de la matière blanche affectant les principaux faisceaux connectés au cortex frontal et pariétal, ou d’autres voies corticales et sous-corticales. Et surtout que le facteur lié à ces anomalies de la matière blanche tient bien à la déficience cognitive elle-même, et non à la maladie en soi.
[1] : cf. http://www.dicodunet.com/definitions/sciences/imagerie-tenseur-diffusion.htm
Dr Alain Cohen
Pérez-Iglesias R et coll. : White matter integrity and cognitive impairment in first-episode psychosis. Am J Psychiatry 2010 ; 167 : 451-458.
ACTUALITÉ CONGRES
La voie des nouveaux antipsychotiques se situe plus en amont
Publié le 04/10/2010
Pour améliorer l’efficacité des médicaments antipsychotiques, la recherche s’oriente vers de nouvelles combinaisons pharmacologiques. En particulier, Adrian Newman-Tancredi (Castres) met en exergue l’intérêt potentiel de molécules antagonistes (ou agonistes partielles) des récepteurs D2 et activatrices des récepteurs 5-HTA1 dans le traitement des troubles psychotiques. Il constate que la combinaison de ces deux actions est susceptible d’augmenter l’efficacité sur les symptômes positifs, négatifs, et cognitifs aujourd’hui encore mal contrôlés. Cela permettra aussi probablement de réduire les doses d’antipsychotiques et donc d’éviter certains effets secondaires indésirables.
Dr Dominique-Jean Bouilliez
Newman-Tancredi A : Searching for an optimised pharmacological cocktail: focus on
antipsychotics with combined D2 and serotonin 5-HT1A activity. 23rd ECNP Congress (Amsterdam) : 28 août -1er septembre 2010.
La voie des nouveaux antipsychotiques se situe plus en amont
Publié le 04/10/2010
Pour améliorer l’efficacité des médicaments antipsychotiques, la recherche s’oriente vers de nouvelles combinaisons pharmacologiques. En particulier, Adrian Newman-Tancredi (Castres) met en exergue l’intérêt potentiel de molécules antagonistes (ou agonistes partielles) des récepteurs D2 et activatrices des récepteurs 5-HTA1 dans le traitement des troubles psychotiques. Il constate que la combinaison de ces deux actions est susceptible d’augmenter l’efficacité sur les symptômes positifs, négatifs, et cognitifs aujourd’hui encore mal contrôlés. Cela permettra aussi probablement de réduire les doses d’antipsychotiques et donc d’éviter certains effets secondaires indésirables.
Dr Dominique-Jean Bouilliez
Newman-Tancredi A : Searching for an optimised pharmacological cocktail: focus on
antipsychotics with combined D2 and serotonin 5-HT1A activity. 23rd ECNP Congress (Amsterdam) : 28 août -1er septembre 2010.
Anorexie mentale et neurohormones : une complexité sans fin
Publié le 04/10/2010
L’anorexie mentale est un trouble multifactoriel. Les perturbations neurohormonales qui y sont observées peuvent facilement expliquer certains symptômes ou complications, en particulier les troubles gynéco-endocriniens. En revanche, il n’est pas dit que ces perturbations neurohormonales soient étiopathogéniques, d’autant qu’il existe plusieurs phénotypes d’anorexie mentale. La ghréline et l’obéstatine sont ainsi augmentées en cas d’anorexie mentale restrictive, tandis que les taux de ces hormones sont réduits en cas d’anorexie-boulimie, ce qui suppose une prise en charge complètement différente…
Dr Dominique-Jean Bouilliez
Epelbaum J et coll. : Ghrelin, leptin and other neurohormones involved in concerted regulation
of brain and visceral functions. 23rd European College of NeuropsychoPharmacology (ECNP) Congress (Amsterdam) : 28 août -1er septembre 2010.
Peut-on réduire l’effet placebo en psychiatrie ?
Publié le 01/10/2010
L’effet placebo est une constante dans les études cliniques, particulièrement en psychiatrie avec 25 à 35 % d’amélioration substantielle sous placebo qu’il s’agisse de patients atteints de schizophrénie ou de dépression uni- ou bipolaire. Mais cet effet est très variable d’une étude à l’autre (de -19 % à +38 % par exemple dans la phase maniaque du trouble bipolaire). Pour mieux préciser le phénomène, une équipe internationale menée par Aysegül Yildiz (Izmir, Turquie) a effectué une vaste méta-analyse portant sur les antipsychotiques en phase aiguë maniaque. Trente-huit essais cliniques ont été retenus portant sur 56 comparaisons de 17 produits actifs versus placebo : sur les 5 929 patients recensés, 3 812 ont été soumis au traitement placebo.
Premier constat, l’importance de l’effet placebo a été du même ordre dans les études donnant des résultats positifs pour le produit étudié et celles qui ont donné des résultats négatifs (30,7 % et 31,6 % respectueusement) ; ce qui est ‘rassurant’ pour les produits étiquetés ‘efficaces’.
Deuxième constat, certains facteurs favorisent une augmentation de l’effet placebo : plus il y a de sites participants, plus l’effet placebo est important et donc l’écart avec l’effet thérapeutique faible. La présence de symptômes psychotiques est, à l’inverse, un facteur minimisant l’importance de l’effet placebo. Par ailleurs, si la sévérité de la phase aiguë maniaque est directement corrélée à l’importance de l’effet thérapeutique, l’effet placebo est indépendant de cette sévérité. Enfin, les sujets de sexe masculin sont moins sensibles à l’effet placebo, de même que les patients jeunes.
Ce qui permet aux auteurs de conseiller aux concepteurs d’études (sur la phase aiguë maniaque du trouble bipolaire) de limiter le nombre de sites et d’inclure des patients préférentiellement de sexe masculin peu âgés et présentant des symptômes psychotiques manifestes. De plus, veiller de manière « agressive » à ce qu’un nombre maximal de patients aille au terme de l’étude, augmente la fiabilité du résultat final.
Enfin, les grosses variations d’effet placebo entre sous-groupes de patients devraient conduire à prédéfinir une analyse séparée de ces sous-groupes et à augmenter la qualité du suivi dans chaque centre. Parallèlement, il serait intéressant de définir clairement un degré de sévérité minimal et maximal des maladies étudiées afin de réduire l’importance de l’effet thérapeutique observé chez les patients les plus atteints.
Dr Dominique-Jean Bouilliez
Yildiz A et coll. : Placebo-related response in clinical trials for bipolar-mania: what is driving this
phenomenon and what can be done to minimise it ? 23rd European College of NeuropsychoPharmacology (ECNP) Congress (Amsterdam) : 28 août -1er septembre 2010.
ACTUALITE MEDICALE
Vers un substratum de l’impulsivité
Publié le 30/09/2010
Prendre le temps de la réflexion avant d’agir n’est pas donné à tout le monde et il est admis qu’un terrain impulsif favorise la survenue de troubles psychiques.
D’autre part, on savait que la dopamine jouait un grand rôle dans la physiopathogénie des réactions brutales ainsi générées mais il manquait certaines précisions à la compréhension des mécanismes impliqués. Après avoir multiplié les observations précliniques et cliniques, les auteurs ont pu développer un modèle neurologique permettant de saisir le sens des différences individuelles de comportement dans ce domaine.
Selon ce modèle, les êtres impulsifs se distinguent par une diminution des sites libres sur l’autorécepteur à la dopamine du cerveau moyen, ce qui se traduit par une augmentation de l’excitation cellulaire sous l’effet de ce médiateur, ainsi qu’une libération de dopamine qui stimule le système de récompense en rapport avec la quête du plaisir.
Pour tester ce modèle, 32 sujets en bonne santé se prêtèrent à des explorations par Pet-Scan, avec marquage des récepteurs, administration d’amphétamine, pour favoriser la libération de dopamine et mesure de l’impulsivité sur une échelle spécifique. Pour chacun des participants étaient déterminées les possibilités d’occupation de l’autorécepteur à la dopamine –D2.D3- dans le locus niger et l’aire tegmentale ventrale. Ces investigations ont été conduites contre placebo. Or, on a pu constater que le degré d’impulsivité était inversement proportionnel aux possibilités d’occupation des sites de l’autorécepteur étudié. D’autre part, l’intensité des manifestations impulsives augmentait en fonction de la libération de dopamine sous régulation amphétaminique au niveau du striatum. La mise en évidence d’un lien neurobiologique entre impulsivité et prédisposition à l’abus de drogue représente l’autre aspect fondamental de ces expérimentations. Ces recherches suggèrent en effet qu’une mauvaise régulation des voies dopaminergiques ascendantes jouerait un rôle dans les troubles du contrôle de l’impulsivité , élément déterminant parmi les facteurs favorisant l’apparition d’une toxicomanie.
Dr Françoise Ponchie Gardelle
Buckholtz JW : Dopaminergic network differences in human impulsivity. Science 2010 ;329 :32
ACTUALITE MEDICALE
Les troubles bipolaires poussent-ils au crime ?
Publié le 01/10/2010
Si les troubles bipolaires sont associés à d’autres problématiques (notamment le suicide), leur relation éventuelle avec la criminalité (vol, pyromanie, viol, meurtre…) demeurait jusqu’à présent incertaine. D’où l’intérêt de cette étude longitudinale très documentée, puisqu’elle est basée sur les statistiques de la criminalité en Suède entre 1973 et 2004, et porte sur 3 743 patients avec troubles bipolaires, âgés d’au moins 15 ans (âge de la majorité pénale en Suède), sur 4 059 personnes de leurs fratries (pour évaluer l’impact particulier d’une possible composante génétique) et sur plus de 37 000 sujets-contrôles.
Durant le suivi, une évolution vers la criminalité a concerné 8,4 % des personnes avec troubles bipolaires, mais sans différence appréciable entre ces quatre catégories cliniques : psychotiques, non psychotiques, maniaques, ou dépressifs. Cette fréquence d’une suite judiciaire se révèle 2,4 fois plus élevée que dans la population générale (où elle est seulement de 3,5 %). Mais on constate qu’un tel accroissement de la criminalité lié à la maladie bipolaire se limite en fait « principalement à des patients en situation de co-morbidité avec une toxicomanie », et qu’il demeure en revanche « minimal
Estimant avoir démontré « une association claire entre la bipolarité et la criminalité en cas d’addiction surajoutée », les auteurs conseillent donc de tenir compte de cette augmentation du risque de violence chez des patients simultanément bipolaires et toxicomanes, bien que les recommandations actuelles pour le suivi d’une maladie bipolaire ne préconisent pas cette appréciation systématique du risque de violence. Toutefois, cette nocivité incontestable des addictions ne résume sans doute pas l’ensemble des facteurs de risques criminogènes associés à un contexte de maladie bipolaire, car cette étude ne disposait d’aucune information sur d’autres phénomènes de co-morbidité « potentiellement importants », comme des antécédents de troubles du comportement dans l’enfance.
Dr Alain Cohen
Vers un substratum de l’impulsivité
Publié le 30/09/2010
Prendre le temps de la réflexion avant d’agir n’est pas donné à tout le monde et il est admis qu’un terrain impulsif favorise la survenue de troubles psychiques.
D’autre part, on savait que la dopamine jouait un grand rôle dans la physiopathogénie des réactions brutales ainsi générées mais il manquait certaines précisions à la compréhension des mécanismes impliqués. Après avoir multiplié les observations précliniques et cliniques, les auteurs ont pu développer un modèle neurologique permettant de saisir le sens des différences individuelles de comportement dans ce domaine.
Selon ce modèle, les êtres impulsifs se distinguent par une diminution des sites libres sur l’autorécepteur à la dopamine du cerveau moyen, ce qui se traduit par une augmentation de l’excitation cellulaire sous l’effet de ce médiateur, ainsi qu’une libération de dopamine qui stimule le système de récompense en rapport avec la quête du plaisir.
Pour tester ce modèle, 32 sujets en bonne santé se prêtèrent à des explorations par Pet-Scan, avec marquage des récepteurs, administration d’amphétamine, pour favoriser la libération de dopamine et mesure de l’impulsivité sur une échelle spécifique. Pour chacun des participants étaient déterminées les possibilités d’occupation de l’autorécepteur à la dopamine –D2.D3- dans le locus niger et l’aire tegmentale ventrale. Ces investigations ont été conduites contre placebo. Or, on a pu constater que le degré d’impulsivité était inversement proportionnel aux possibilités d’occupation des sites de l’autorécepteur étudié. D’autre part, l’intensité des manifestations impulsives augmentait en fonction de la libération de dopamine sous régulation amphétaminique au niveau du striatum. La mise en évidence d’un lien neurobiologique entre impulsivité et prédisposition à l’abus de drogue représente l’autre aspect fondamental de ces expérimentations. Ces recherches suggèrent en effet qu’une mauvaise régulation des voies dopaminergiques ascendantes jouerait un rôle dans les troubles du contrôle de l’impulsivité , élément déterminant parmi les facteurs favorisant l’apparition d’une toxicomanie.
Dr Françoise Ponchie Gardelle
Buckholtz JW : Dopaminergic network differences in human impulsivity. Science 2010 ;329 :32
ACTUALITE MEDICALE
Les troubles bipolaires poussent-ils au crime ?
Publié le 01/10/2010
Si les troubles bipolaires sont associés à d’autres problématiques (notamment le suicide), leur relation éventuelle avec la criminalité (vol, pyromanie, viol, meurtre…) demeurait jusqu’à présent incertaine. D’où l’intérêt de cette étude longitudinale très documentée, puisqu’elle est basée sur les statistiques de la criminalité en Suède entre 1973 et 2004, et porte sur 3 743 patients avec troubles bipolaires, âgés d’au moins 15 ans (âge de la majorité pénale en Suède), sur 4 059 personnes de leurs fratries (pour évaluer l’impact particulier d’une possible composante génétique) et sur plus de 37 000 sujets-contrôles.
Durant le suivi, une évolution vers la criminalité a concerné 8,4 % des personnes avec troubles bipolaires, mais sans différence appréciable entre ces quatre catégories cliniques : psychotiques, non psychotiques, maniaques, ou dépressifs. Cette fréquence d’une suite judiciaire se révèle 2,4 fois plus élevée que dans la population générale (où elle est seulement de 3,5 %). Mais on constate qu’un tel accroissement de la criminalité lié à la maladie bipolaire se limite en fait « principalement à des patients en situation de co-morbidité avec une toxicomanie », et qu’il demeure en revanche « minimal
Estimant avoir démontré « une association claire entre la bipolarité et la criminalité en cas d’addiction surajoutée », les auteurs conseillent donc de tenir compte de cette augmentation du risque de violence chez des patients simultanément bipolaires et toxicomanes, bien que les recommandations actuelles pour le suivi d’une maladie bipolaire ne préconisent pas cette appréciation systématique du risque de violence. Toutefois, cette nocivité incontestable des addictions ne résume sans doute pas l’ensemble des facteurs de risques criminogènes associés à un contexte de maladie bipolaire, car cette étude ne disposait d’aucune information sur d’autres phénomènes de co-morbidité « potentiellement importants », comme des antécédents de troubles du comportement dans l’enfance.
Dr Alain Cohen
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