Le Courrier International rapporte les résultats d'une enquête menée par le Comité Helsinki, une ONG veillant au respect des droits de l'homme, sur les établissements spécialisés pour enfants handicapés mentaux en Bulgarie. Cette étude révèle que ces institutions sont un véritable enfer : 238 enfants sont morts durant les dix dernières années du fait de maltraitances et non à cause de leurs pathologies comme les autorités du pays l'ont longtemps soutenu. De nombreux documents prouvent formellement que ces enfants ont été assassinés : 31 enfants sont morts de faim du fait d'une malnutrition systématique, la nourriture n'étant pas bonne, insuffisante ou proposée de telle sorte que les enfants ne pouvaient l'ingurgiter. Certains enfants étaient aussi incapables de se nourrir parce que trop abrutis par les tranquillisants qu'on leur administrait massivement.
L'enquête montre que la plupart des décès surviennent dans ces établissements pendant l'hiver où il fait le plus froid, et non à l'hôpital : ce qui signifie qu'ils n'ont pas été hospitalisés malgré leur état alarmant. Aucune enquête n'est jamais ouverte sur ces cas et les actes de décès mentionnent des explications absurdes d'un point de vue médical : "paralysie cérébrale", "retard mental"... Aujourd'hui encore, "103 enfants et adolescents souffrent toujours de malnutrition, ils sont épuisés, fragiles et peuvent succomber au moindre virus".
L'hygiène étant très mauvaise dans ces asiles, 622 cas de maladies infectieuses graves ont été recensés, dont plusieurs ont abouti à un décès. Huit de ces établissements pratiquent "l'immobilisation physique : les enfants sont entravés (attachés à leur lit, chaise ou autre), parfois à l'aide d'une camisole. C'est illégal. Parfois, ils restent entravés pendant des mois, voire des années. c'est inhumain et criminel". 90 enfants ont été chimiquement immobilisés par l'administration de puissants neuroleptiques. De façon générale, peu d'attention est prêtée à ces enfants qui sont "juste 'stockés' sans que rien ne soit fait pour améliorer leur état mental ou donner un sens à leur existence". L'étude constate aussi un cruel manque de personnel spécialisé et parfois même de médecins dans ces établissements.
Des experts reconnus ont mené à bien cette enquête du Comité d'Helsinki qui y a associé dès le début le Parquet de Sofia. Les rapports ont été confiés au procureur général.
Le Figaro.fr fait aussi état de la découverte de Jesper Vaczy Kragh, un historien danois de la médecine qui s'apprête à publier un livre au sujet de nombreux Danois handicapés mentaux qui ont été lobotomisés entre 1947 et 1983, date à laquelle la lobotomie a été interdite au Danemark. Les chiffres officiels rapportent que près de 4500 Danois ont subi cette opération durant ces années mais l'on ignorait que les personnes handicapées mentales en faisaient partie. Jesper Vaczy Kragh explique que "ce qui s'est passé dans le milieu des handicapés mentaux était en fait pire que dans la psychiatrie", et il fait référence "aux nombreuses opérations sur les enfants dès l'âge de 6 ans" bien que leur cerveau n'était pas encore complètement développé. "On ne comptait pas pouvoir les guérir complètement, mais les pacifier (...) voire améliorer leur état [...] Les résultats des opérations n'étaient généralement pas bons, et certains - 7,6% - n'ont pas survécu".
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