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samedi 28 août 2010





SOCIÉTÉ 23/08/2010

Des chercheurs heureux recapturent la sérotonine des endettés

http://www.liberation.fr/societe/0101653427-des-chercheurs-heureux-recapturent-la-serotonine-des-endettes

Par WILLY PELLETIER ocordinateur général de la fondation Copernic, JULIEN FRETELOZGUR GUNCLAIRE LE STRAT politologue, université Paris-Ouest-Nanterre

Les chercheurs râlent tout le temps. Pourquoi se plaignent-ils ? Questions de budget ? Recrutements réduits ? Recherche privatisée ? Chercheurs devant les tribunaux ? C’est qu’ils ne savent pas s’orienter. Ils devraient bouger. Quand on accepte la nouvelle donne, les financements «ouverts» à l’économie vivante des entreprises et aussi d’enquêter pour répondre à leurs besoins (après tout, l’entreprise paye !), on va bien. Il faut s’ouvrir à la compétition qui stimule - surtout les CDD, de plus en plus nombreux dans les labos.

Je suis économiste, dans cette discipline neuve, très hype aux États-Unis : la neurofinance. Je suis un scientifique libre et heureux. Heureux et créatif. Bien payé, en plus. J’appartiens à un laboratoire qui a su s’adapter. Nous sommes partenaire de fondations d’entreprise (des banques, des assurances surtout) qui, courageusement, prennent des risques en nous allouant des crédits. J’ai occupé la chaire «Monexis» à l’Institut supérieur des affaires financières internationales. J’assurais un cours sur la génétique du surendettement des ménages, et sur les conduites destructrices au travail. Je n’ai subi aucune pression.

J’ai pu avancer quelques lois neuves : l’une explique que les conduites suicidaires de certains salariés ne relèvent pas d’une «mode» du suicide (un temps évoquée à France Télécom), mais qu’elles procèdent d’un déficit en sérotonine (plutôt que du new management). La neuro-économie financière éclaire aussi les conduites à risques des consommateurs qui, par dérèglement neuronal souvent, s’endettent. Compulsivement parfois. Jusqu’à entraîner avec eux, et malgré elles, les institutions bancaires, obligées de leur accorder des crédits toxiques.

Certaines industries pharmaceutiques ont décidé de se joindre à nous grâce à des dons innovants. Le congrès de Baltimore, sous la lumineuse coupole verre et acier de la Phamarcology Fundation, annonce un partenariat fructueux. Guérir de l’endettement chronique par la découverte de nouveaux inhibiteurs sélectifs qui recapturent la sérotonine (ISRS). C’est une piste à la hauteur des enjeux de l’économie mondialisée, si labile.

Je suis politologue. Je réalise des enquêtes d’opinion pour éclairer les décideurs. Je questionne à partir des interrogations qu’ils se posent. L’institution privée qui m’emploie n’a aucun problème de financement. Mon salaire a été multiplié par trois depuis que j’ai quitté l’université. Là n’est pas l’essentiel. L’important, c’est le sentiment de servir. Quand ceux qui gouvernent sont mieux informés, ils gouvernent mieux. Le décret n° 2010 - 800 du 13 juillet vient de créer «l’Académie du renseignement» rattachée au Premier ministre. L’article 3 stipule qu’elle va mieux former les services de renseignement placés sous l’autorité des ministres de la Sécurité intérieure, de la Défense, de l’Economie et du Budget ; et diffuser la culture du renseignement, en participant aux actions de sensibilisation au renseignement. De belles enquêtes peuvent se voir financées : sur la perception de l’insécurité dans la population, quand ministres et journaux télévisés ne parlent que de cela ; ou sur la valeur du thème pour éclipser l’affaire Woerth-Bettencourt ; ou sur la possibilité cognitive pour les résidents des cités de «renseigner» la police.

On sait qu’en Turquie, la sociologue Pinar Selek, est en prison : elle a étudié certaines minorités «sensibles». En France, le biologiste Christian Vélot fut sanctionné pour avoir exprimé des craintes sur l’utilisation des OGM. Alain Garrigou, politologue, est assigné en justice par Patrick Buisson, conseiller à l’Elysée, car il évoqua sa surfacturation des sondages. Un des meilleurs africanistes français voit au CNRS sa carrière bloquée, après avoir expliqué dans la presse les rouages de la Françafrique.

On sait que certains vont créer l’ONG «Chercheurs sans frontières» pour défendre partout la liberté de chercher. Ils n’ont pas su s’adapter. Dans la science que nous pratiquons, la liberté est entière. On va bien, tout va bien.
président de l’Association des enseignants et chercheurs en science politique, économiste, université de Reims,

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