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samedi 28 août 2010




Publié le 24/08/2010

ÉTUDE INSERM

Plus de suicides après des arrêts maladie pour raisons psychiatriques
Par Anne Jeanblanc

Les personnes qui ont connu plusieurs arrêts maladie pour des raisons psychiatriques risquent, cinq fois plus que les autres, de se suicider. Ce chiffre est publié en ligne aujourd'hui par l'American Journal of Epidemiology. Il émane de l'équipe Inserm U1018 coordonnée par Maria Melchior, qui a suivi, pendant seize années, une cohorte de plus de 20.000 personnes appelée Gazel (constituée d'employés des entreprises Gaz de France et Électricité de France) afin d'examiner les liens entre arrêts maladie pour raisons psychiatriques et mortalité. En préambule, ces spécialistes affirment que, dans les pays industrialisés, les problèmes psychiatriques affectent entre 30 et 50 % des personnes au cours de leur vie et constituent l'une des causes majeures de maladies associées.

La cohorte Gazel a démarré en 1989. Elle compte 15.000 hommes et 5.600 femmes, âgés de 35 à 50 ans. Chaque année, les chercheurs recueillent, par l'intermédiaire d'un questionnaire adressé à chaque participant, les données concernant leur santé ainsi que différents éléments, comme le style de vie, l'environnement familial et social, ou encore les expositions professionnelles. Les chercheurs ont choisi de s'intéresser au devenir des personnes ayant été arrêtées, pour raisons psychiatriques, plus de 7 jours consécutifs entre le 1er janvier 1990 et le 31 décembre 1992. Ces arrêts pouvaient être justifiés par différentes pathologies, principalement la dépression (59 %), d'autres types de névrose, les troubles anxieux et psychosomatiques (36 %) et les problèmes dus à l'alcool (5 %).

Pour la première fois dans une étude aussi large, trois causes fréquentes de mortalité ont pu être suivies par les chercheurs : les décès par cancer (notamment lié au tabac), par maladies cardiovasculaires et par causes externes (dont les suicides). En 3 ans, 6,5 % des membres de la cohorte ont été absents du travail au moins une fois plus de 7 jours pour raisons psychiatriques. Chez eux, la proportion des décès est plus importante que chez les personnes qui n'ont pas eu d'arrêt maladie d'origine psychiatrique. Mais après ajustement en fonction des facteurs de risque de mort prématurée (âge, sexe, statut marital, profession...), l'association ne reste statistiquement significative que pour les morts par suicide. Là, le risque est carrément quintuplé.

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