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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 7 juillet 2023

CHU de Montpellier : Le Théâtre des 13 vents crée un film avec les patients en psychiatrie

Par Timour Champetier   Publié le 

Le Théâtre des 13 vents en collaboration avec le CHU de Montpellier, crée un film a partir de l'écoute et de l'imagination des patients de l'hôpital psychiatrique de la Colombière

L'hôpital psychiatrique de la Colombière à Montpellier

L’hôpital psychiatrique de la Colombière à Montpellier (©CHU Montpellier)

Le Théâtre des 13 vents en collaboration avec le CHU de Montpellier, crée un film a partir de l’écoute et de l’imagination des patients de l’hôpital psychiatrique de la Colombière

En partenariat avec le Théâtre des 13 vents, des patients en psychiatrie du CHU ont participé a la création d’un film qui repose sur leur imagination et leur écoute. Les ateliers ont été dirigés pendant quatre semaines par Camille Lorin, artiste, et Charly Totterwitz, acteur. C’est la quatrième fois que les membres du théâtre des 13 vents réalisent des films comme celui-ci, aux parts avant ils avaient fait cela dans des lycées professionnels et techniques.

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Mitard, l'angle mort

Disponible

Du 07/06/2023 au 05/12/2023








Suicides de détenus, réels ou suspects… Le mitard, le quartier disciplinaire, constitue l'angle mort des prisons françaises. Au travers de saisissants témoignages, ce documentaire alerte sur l'inhumanité de cet outil de répression.


Documentaire «Welfare» de Frederick Wiseman, voyage dans l’Amérique-rac

par Laura Tuillier   publié le 4 juillet 2023

Tableau sensible et intellectuel, le documentaire, monument du cinéma filmé en 1973, plonge dans le quotidien d’un bureau d’aide sociale à Manhattan.

Welfare est sans conteste l’un des chefs-d’œuvre de l’immense documentariste américain Frederick Wiseman, actif sans faiblir depuis plus de cinquante ans. Filmé en 1973, il documente un lieu, le Welfare Center de Greenwich Village, situé dans le bas Manhattan, et constitue une expérience immersive hors du commun dont on ressort lessivé, pantelant, fasciné et reconnaissant d’avoir été en prise directe avec les puissances du cinéma pendant près de trois heures. Jalon dans la filmographie de Wiseman, Welfare est le premier de ses films à assumer une durée fleuve et conclut une première passe sur les institutions états-uniennes – en huit ans de pratique, il est déjà passé voir comment ça marchait à l’hôpital, au tribunal, au lycée ou à l’armée.

La Maison Perchée, un lieu pour vivre heureux sans cacher sa maladie


 



 4 juillet 2023 







Il y a trois ans, Maxime créait ce qu'il considère comme «la brique manquante du parcours de soin psychiatrique en France». Dans son café parisien ouvert à tous, mais surtout aux jeunes atteints de pathologies psychiques, Maxime accueille régulièrement Grégoire. 

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Par  Julia Vergely,  Marion Rousset   Publié le 07 juillet 2023

Mounia, la mère de Nahel, durant la marche blanche à Nanterre, le 29 juin 2023.

Mounia, la mère de Nahel, durant la marche blanche à Nanterre, le 29 juin 2023.  Photo AlainJocard/AFP

Laisse pas traîner ton fils, si tu veux pas qu’il glisse. » Emmanuel Macron a-t-il fait sienne, sans le savoir, cette phrase de 1998 du groupe Suprême NTM ? Le 30 juin, après une nuit de colère et de révolte particulièrement tendue dans plusieurs villes de France, à la suite de la mort de Nahel M., 17 ans, tué le 27 juin par un policier à Nanterre, le président de la République a martelé une vieille rengaine. « C’est la responsabilité des parents de garder [leurs enfants] au domicile, a-t-il déclaré[…] pour la quiétude de tous, […] j’en appelle au sens de la responsabilité des mères et des pères de famille. »

« Ce n’est pas l’État qui éduque les enfants, mais les parents », a renchéri Éric Dupond-Moretti. Le garde des Sceaux a ensuite rédigé un flyer pour rappeler aux parents dont les enfants sont présentés à la justice, « en termes simples », leurs obligations. La ville brûle, les émeutiers sont jeunes, parfois très jeunes, et les coupables sont déjà tout trouvés.

C'est mon métier : infirmier

 Brut

7 juillet 2023 

C'est mon métier : infirmier

Anthony travaille comme infirmier. Brut l'a suivi, au pas de course, le temps d'une journée dans son unité de cardiologie à Strasbourg. Un grand merci à Anthony d'avoir généreusement partagé avec nous son métier et au Nouvel Hôpital Civil de Strasbourg pour l'accueil.

C'est un métier qui n'est pas monotone du tout”


À tout moment, même quand il y a une sonnette, au cours de la journée ou alors même le matin en prise de poste, quand on ouvre la porte, on ne sait jamais ce qu'il y a derrière”. Anthony est infirmier en unité de médecine cardiologique au NHC (Nouvel Hôpital Civil). Un métier dynamique qui le passionne. “C'est un métier qui n'est pas monotone du tout. Chaque jour est différent, chaque poste aussi. On ne voit pas le temps passer donc ça rend le métier attrayant.” 



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D'où vient notre anatomie ?

Vendredi 7 juillet 2023

Provenant du podcast

Le Pourquoi du comment : science

Représentation de l'évolution ©Getty - Man_Half-tube

Deux pieds, une main, cinq doigts, 32 dents, un gros cerveau, etc... Nous sommes une mosaïque de caractères qui, empilés, forment un Homo sapiens, mais vous êtes-vous déjà interrogés sur l’origine de votre pouce par exemple ?

Alors que nous sommes faits des mêmes éléments, il existe bien sûr des variations qui font que nous ne sommes pas rigoureusement identiques : vous ne me ressemblez pas et je ne vous ressemble pas. Nous constatons aussi, en observant le monde vivant qui nous entoure, que d’autres êtres vivants, en particulier des animaux, possèdent les mêmes caractères que nous autres humains. Un chat par exemple a aussi quatre membres et des oreilles munies de pavillons. Ce double constat traduit simplement le fait que l’humain, comme le chat, sont les fruits d’une histoire évolutive, au cours de laquelle les pièces de leur anatomie sont apparues à différents moments.

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Avec Ma Séraphine, Josiane Pinson plonge dans l’art brut

 

7 juillet 2023

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Ma Séraphine © Karine Letellier

La pièce de Patrice Trigano n’est pas un biopic. L’auteur s’est intéressé à la relation entre le marchand d’art Wilhem Uhde et de cette peintre, dont l’œuvre est attaché à l’art brut et à l’art naïf, Séraphine de Senlis. Le collectionneur esthète se souvient de ses premiers pas dans le monde de la peinture, évoque ses grandes rencontres, PicassoBraquesLe Douanier Rousseau… Et puis arrive, celle qu’il nomme Ma Séraphine. C’est au hasard d’un dîner, chez des bourgeois peu commodes qu’il a fait la connaissance de leur bonne, qui sans le savoir était une grande artiste.

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Panorama du handicap en France




Agnès Lara    9 mai 2023

À retenir

  • La Direction de la Recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) vient de publier un nouvel ouvrage sur les chiffres du handicap en France.
  • Il décrit le profil des enfants et adultes accompagnés en établissement, des enfants scolarisés, les emplois occupés par les adultes handicapés ou encore les caractéristiques des personnes bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH).

Cette synthèse d’une centaine de pages réalisée par la DREES est une photographie des principaux chiffres du handicap en France. En 6 chapitres, elle présente les données générales sur la mesure du handicap et aborde la situation des enfants et adultes handicapés sous différentes facettes : accompagnement et scolarisation des enfants, revenus et conditions de vie des personnes à domicile, établissements médico-sociaux, emploi, prestations sociales…

Les personnes handicapées en France

En 2021, 6,8 millions de personnes de 15 ans ou plus, soit 12,5% de cette population, ont déclaré avoir au moins une limitation sévère dans une fonction physique, sensorielle ou cognitive. Et 3,4 millions, soit 6,2%, déclaraient une forte restriction de leur activité habituelle.

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« Deux claques et au lit » pour les jeunes émeutiers, vraiment ?

Darons daronnes

Vendredi 30 juin, j’ai eu comme un sentiment de déjà-vu. Tandis que la France venait de vivre sa troisième nuit de violences déclenchées par la mort de Nahel M., 17 ans, tué à Nanterre par un policier pour refus d’obtempérer, le président de la République a pris la parole à propos des « jeunes, parfois très jeunes » émeutiers : « C’est la responsabilité des parents de les garder au domicile », a déclaré Emmanuel Macron. « La République n’a pas vocation à se substituer à eux. »

Un déjà-vu, parce qu’en novembre 2005, après les émeutes liées à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois, électrocutés en tentant de fuir la brigade anticriminalité, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, en appelait déjà aux parents : « La famille (…), c’est aussi le lieu où doit s’exercer une autorité. Un jour, nous devrons clairement poser la question du maintien des allocations en cas de manquement de cette autorité ! »

Encore plus frappant, en 2010, le même Nicolas Sarkozy – devenu président de la République – revient à la charge dans son célèbre « discours de Grenoble », après plusieurs nuits d’émeutes à la suite de la mort d’un braqueur de casino : « Quand je regarde les rapports de police, dit M. Sarkozy, et je vois qu’un mineur de 12 ans ou de 13 ans, à 1 heure du matin, (…) lance des cocktails Molotov sur un bus qui passe, n’y a-t-il pas un problème de responsabilité des parents ? »

Une association d’idées m’a alors étrangement emmenée tout droit de Nicolas Sarkozy à NTM, qui chantait en 1998 : « Laisse pas traîner ton fils/Si tu veux pas qu’il glisse/Que voulais-tu que ton fils apprenne dans la rue ?/ Quelles vertus croyais-tu qu’on y enseigne ? »

J’en étais là dans mes divagations lorsque le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, a renchéri samedi 1er juillet : « Qu’ils tiennent leurs gosses ! », s’est élégamment exclamé le ministre de la justice au tribunal de Créteil. « Les parents qui ne s’intéressent pas à leurs gamins et qui les laissent traîner la nuit en sachant où ils vont aller (…), ils encourent deux ans de prison ferme et 30 000 euros d’amende », a-t-il dit en référence à l’article 227-17 du code pénal, qui permet des poursuites contre les parents en cas de défaut d’éducation.

Bien entendu, un mineur est sous la responsabilité de ses parents, y compris sur le plan légal, mais à entendre ces mêmes phrases répétées comme un mantra, je me suis demandé comment elles étaient reçues par les principaux intéressés : les parents des mineurs dans ces villes qui se sont embrasées. J’ai téléphoné à Fatiha Abdouni, habitante de la cité Pablo-Picasso de Nanterre, qui a cofondé l’association Les Mamans de Pablo à la fin de 2015, devenue récemment La Voix des femmes de Pablo-Picasso.

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« La Fabrique des soignants » invite à penser l’avenir du système de santé

 Laure Martin  5 juillet 2023

Face aux difficultés que traverse le système de santé, quatre jeunes soignants et un producteur, ont créé "la Fabrique des soignants", un collectif qui propose des émissions et des talk-shows, diffusés en direct sur Twitch. L'idée : débattre et réfléchir à une autre organisation pour ce système. Le point avec Emylie Lentzner, interne en psychiatrie, et co-fondatrice de ce collectif.

Emylie Lentzner, interne en psychiatrie, et co-fondatrice de la Fabrique des soignants

Comment est né ce projet de créer le collectif ? 

A l’origine nous étions quatre et rapidement cinq jeunes, à savoir une directrice des opérations dans un hôpital, deux internes en médecine, un pharmacien ainsi qu’un réalisateur et directeur de production, à porter l’idée que finalement, peu importe nos métiers, nous sommes tous des soignants au sens large.

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Soignant-patient, comment réenchanter la relation ?

PAR 

PUBLIÉ LE 05/07/2023

Dans un système de santé en crise, éprouvé par la pénurie de personnel, affaibli par les déserts médicaux, la relation soignant-soigné appelle à l’urgence de se reconstruire. Patients partenaires, exercice coordonné, label de bientraitance…quelles sont les pistes pour l’améliorer ? Le colloque « L’humain pour sauver le soin » organisé au Sénat par un collectif de praticiens et d’usagers du soin a posé les premiers jalons d’une réflexion commune.

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Objectif : réhumaniser le soin
Le colloque « L’humain pour sauver le soin », organisé le 19 juin au Sénat a réuni plus d’une vingtaine d’intervenants : professionnels de santé, patients partenaires, aidants familiaux, directeurs d’établissements, représentants de sociétés savantes….Trois tables rondes étaient au programme : « Patients, soignants et système de santé : une relation à réenchanter », « Reconstruire le lien : quels leviers, quelles solutions ? », « Nouveau rôle des usagers : comment co-construire ? »

Comment reconstruire le lien ? Quels leviers ? Quelles solutions ?

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Covid-19 : "une souffrance psychologique encore présente" chez les jeunes

PUBLIÉ LE 05/07/2023

Une étude de Santé publique France vient de nouveau alerter sur l'état de santé mentale dégradé des plus jeunes suite à la pandémie de Covid-19, mis en lumière pas la hausse des hospitalisations pour tentatives de suicide. Elle appelle à un meilleur suivi de ce phénomène.

C’était la grande inquiétude des autorités sanitaires et des professionnels de santé : la pandémie de Covid-19 et son cortège de mesures de lutte contre les contaminations ne risquaient-ils pas d’entraîner une augmentation des suicides ? En réalité, ils ont eu des effets contrastés, comme le démontrait en septembre 2022 un rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS).


Vivre avec des acouphènes : un combat « de tous les instants »

PAR 

PUBLIÉ LE 04/07/2023

Ce sont des sifflements, des grésillements, des bourdonnements qui se nichent au creux de l'oreille et rendent la vie de ceux qui les entendent -parfois jour et nuit - infernale. Les acouphènes sont au centre du film «Tinnitus» qui sort ce 5 juillet. L'occasion de revenir sur ces symptômes handicapants avec Jacques Foenkinos, Président de l'association France Acouphènes, qui vit avec.

acouphènes bruits oreille

«J'ai l'impression d'avoir un grillon fiché dans l'oreille», s'alarme l'héroïne du film «Tinnitus» (acouphènes en anglais), du réalisateur brésilien Gregório Graziosi, une jeune nageuse condamnée à quitter les bassins. Film sur le sport, film onirique, expérience sonore, le long-métrage mêle différents genres pour évoquer son combat contre les acouphènes pour revenir à la compétition. Pour mieux comprendre, nous avons recueilli le témoignage de Jacques Foenkinos, Président de l'association France Acouphènes, qui vit lui même avec ces bruits parasites. 

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Art et psychiatrie


 


L’art et la culture sont un moyen thérapeutique pour aider les patients à s’exprimer, à se libérer, à communiquer. Pour ces raisons, le milieu de la psychiatrie est imprégné d’une histoire artistique particulière, qui subsiste et se développe aujourd’hui, notamment au travers des actions artistiques et culturelles proposées au sein des établissements. Cette rubrique vous invite à explorer différentes ressources sur ce le lien entre art et psychiatrie aussi bien d’un point de vue théorique que pratique.

Ce projet a été coordonné par Manon Delille, alternante à l’équipe de coordination pendant l’année 2022-2023. Les archivistes et documentalistes du réseau Ascodocpsy y ont collaboré et proposé du contenu sur ce thème passionnant.

Psychiatrie en Morbihan. Un service dédié à la santé globale des patients

 Mélanie BÉCOGNÉE   Publié le 

Au sein du site de l’Établissement public de santé mentale Morbihan, à Saint-Avé (Morbihan), les spécialités médicales permettent d’apporter aux patients des soins médicaux non psychiatriques.


Traiter la santé des patients dans sa globalité. C’est l’objectif du service des spécialités médicales. Situé au cœur de l’Établissement public de santé mentale (EPSM) de Saint-Avé (Morbihan), dans le pôle médicotechnique, ce service est ouvert sur l’extérieur, pour permettre aux anciens patients d’y revenir, dans le cadre de leur suivi. Zoom sur ces spécialités méconnues, mais pourtant indispensables dans un hôpital psychiatrique, avec Régis Le Floch, médecin et responsable du pôle médicotechnique.


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Crise de la psychiatrie en Sarthe : une trentaine d'élus interpellent le ministre de la Santé

Par Frédéric Jouvet   Publié le 

Après la fermeture de 42 lits à l'EPSM de la Sarthe, une trentaine d'élus locaux ont écrit au ministre de la Santé pour réclamer des mesures face à la crise de la psychiatrie.

À l'EPSM de la Sarthe, 42 lits d'hospitalisation seront fermés, dès cet été 2023.

À l’EPSM de la Sarthe, 42 lits d’hospitalisation seront fermés, dès cet été 2023. ©Maxime DAVOUST/Actu Le Mans

Face à une crise de la psychiatrie, une trentaine d’élus locaux de la Sarthe (maires, députées, conseillers départementaux…) ont adressé ce mardi 4 juillet 2023 un courrier à François Braun, ministre de la Santé et de la prévention, pour l’interpeller et solliciter « des actions fortes ».

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La CGT maintient sa grève aux urgences psychiatriques

La CGT maintient sa grève aux urgences psychiatriques

Publié le 

Annoncée par un préavis du 22 juin, la grève déclenchée par la CGT de La Candélie révèle un écueil de taille : la porosité des services d’un établissement à un autre. Le mouvement se poursuit.

En 2017, une convention a établi des distinctions entre le rôle des infirmiers de La Candélie et leurs attributions dans les urgences psychiatriques avec un détachement de ces derniers au centre hospitalier Agen-Nérac pour accueillir les patients en souffrance. "Aujourd’hui, ce périmètre a volé en éclats", veut constater Christope Gauthier, fraîchement élu à la tête de la CGT du CHD La Candélie.

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Entretien Delphine Horvilleur : «Il y a dans l’humour une arme nucléaire contre le désespoir»

par Cécile Daumas et photo Laura Stevens

publié le 6 juillet 2023

La rabbine affectionne les jeux de mots qui sont pour elle une façon de remettre du comique dans le tragique, d’être acteur et pas seulement victime de ce qui nous arrive. Une manière aussi de refuser les assignations identitaires, sujet qui est au cœur de son dernier livre.
publié aujourd'hui à 7h45

C’est une seconde nature chez elle, jouer avec eux, en entendre le deuxième sens ou celui très profondément enfoui au fond de l’autre. Du titre de son dernier livre, Il n’y a pas de Ajar (Grasset 2022), à la célébration du shabbat dans la synagogue où elle officie à Paris, Delphine Horvilleur glisse des jeux de mots partout.«J’aimerais vous dire que je fais exprès, mais je ne sais plus faire autrement», dit-elle en riant d’elle-même. Pour la rabbine la plus écoutée de France, le malentendu est le «sel de la vie», puissant révélateur de ce qui se grippe, déraille, ne va pas de soi. La meilleure façon de comprendre l’autre, estime celle qui accompagne les personnes dans les moments de crise existentielle (deuil, fin de vie, maladie…), s’appuie justement sur ce rapport altéré au langage. Son livre, écrit en l’honneur de Romain Gary et de son double littéraire Emile Ajar, auteur qu’elle vénère, est aussi une pièce de théâtre, monologue contre l’identité restrictive joué depuis la sortie du livre à l’automne dernier. En juin, une représentation était donnée aux Rencontres philosophiques de Monaco où Delphine Horvilleur est intervenue. En septembre, la pièce reprend au Théâtre de l’Atelier à Paris (les réservationsviennent d’ouvrir).

C’est une «pathologie» de faire tout le temps des jeux de mots ?

J’ai l’impression, docteur, que cela s’aggrave avec les années ! C’est un peu une déformation professionnelle liée à mon rapport au texte et à l’exégèse. Le jeu de mots est très présent dans la tradition juive. Je vois des doubles sens partout et parfois je vois même le deuxième sens avant le premier. Cela a sans doute un impact sur ma façon d’écouter et de lire. Mes amis se moquent de moi : «Raymond Devos, sors de ce corps !». Je me souviens de tas de moments où le jeu de mots m’a rattrapée. Un jour par exemple, je devais me rendre à une conférence de psychanalystes à l’hôpital Sainte-Anne. J’étais en retard. Au téléphone, l’organisateur me dit : «Tu seras là quand ?» J’entends : «Tu seras Lacan ?» et lui réponds très sincèrement : «Je vais rester moi-même.» J’en ris mais il y a, selon moi, quelque chose de très profond dans ces malentendus. Comme si les mots cachaient des secrets, avaient d’autres choses à nous raconter. Mon rapport à mon langage est comme altéré. Ce mot «altéré» est d’ailleurs l’un de mes préférés en français. Il signifie qu’on se patine tout au long de la vie, qu’on change à la rencontre des autres.