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mercredi 12 mai 2010







SOCIÉTÉ


11/05/2010


Mi-peine pour les «demi-fous» ?


Pour améliorer le sort des détenus malades mentaux, nombreux en prison alors qu'elle ne leur est souvent pas adaptée, des sénateurs proposent un allègement systématique de leur peine.










PAR SONYA FAURE


Des sénateurs ont aujourd’hui rendu public un rapport sur les malades mentaux en prison. Parmi leurs propositions pour limiter leur nombre en détention et améliorer leur prise en charge pendant et après leur passage en prison, ils proposent un allègement systématique de la peine pour les malades mentaux jugés responsables de leurs actes. Explications.

10% DES DÉTENUS ONT DE GRAVES TROUBLES MENTAUX

Un détenu sur dix – soit 6000 personnes – souffrirait de schizophrénie ou d’autres formes de psychoses, selon le rapport du Sénat, présenté ce mardi. Le chiffre est inférieur à celui qui revient régulièrement dans les discours (le plus souvent 25% de troubles mentaux graves, 60% si on y ajoute les dépressions et troubles psychosomatiques). Mais il est, selon les sénateurs, encore bien trop élevé: «Il existe une proportion importante de personnes aux troubles mentaux tels que leur détention en prison ne devrait même pas se poser», estime Jean-René Lecerf, sénateur UMP spécialisé dans les questions de justice.

L’article 122-1 du code pénal pose une distinction entre les personnes dont le discernement a été «aboli» au moment des faits et qui sont déclarés irresponsables (et ne peuvent donc pas être jugés) et ceux dont le discernement n’a été qu’«altéré» qui, eux, sont pénalement responsables et donc jugés. Or, ces dernières années, l’altération est devenue la règle et l’abolition l’exception: de plus en plus de malades mentaux sont renvoyés devant les tribunaux par les juges d’instruction, voire jugés en urgence (comparutions immédiates etc…) et sans examen psychiatrique.

L’altération, qui devait à l’origine jouer en faveur d’un allégement de la peine, est devenu au contraire un principe d’aggravation: selon les sénateurs, pour un même crime, les malades mentaux écopent souvent d’une sanction supérieure aux autres… «Les présidents des assises le disent eux mêmes: ils expliquent aux jurés que quand le malade mental sortira de prison, la société ne sera pas protégée… Que croyez vous que les jurés font? Ils sont plus sévères pour protéger plus longtemps la société», explique Jean-René Lecerf, qui résume: «A demi-fous, double peine…» D’où l’augmentation du nombre de malades mentaux en détention.

A QUOI BON LA PRISON, SI ÇA N’A AUCUN SENS ?

«Pour un certain nombre de personne, les troubles mentaux sont tels, que la peine n’est pas comprise», poursuit Jean-René Lecerf. Dans la loi pénitentiaire votée à l’automne, pour la première fois, le «sens de la peine»d’emprisonnement a été défini (1). Que faire avec ceux pour qui l’incarcération n’a aucun sens? Sans compter que la prison peut aggraver encore leur état, parfois mettre en danger les surveillants ou les codétenus.«L’une des raisons fondamentales des suicides en prison, c’est aussi la présence massive de malades mentaux», ajoute Lecerf. La situation ne peut répondre ni aux exigences de la sécurité (si le détenu ne comprend même pas la raison de son incarcération, pourquoi ne récidiverait-il pas?) ni aux exigences médicales, ni aux valeurs de la démocratie.»

DES EXPERTS CONTROVERSÉS

Dans les affaires criminelles, les experts psychiatres ne voient souvent le mis en cause que pendant trois quart d’heure, rapportent les sénateurs. C’est peu, pour décider de la responsabilité de celui-ci. «Il n’existe pas de consensus sur les pathologies qui pourraient entraîner une abolition du discernement», explique Jean-René Lecerf. «Certains experts tranchent la question avec des arguments très personnels, certains pensant par exemple que la reconnaissance de responsabilité est un élément de thérapie. D’autres encore refusent de déclarer l’abolition afin de ne pas occuper un lit de plus en psychiatrie.»

LA PROPOSITION DES SÉNATEURS: ALLÉGER LES PEINES POUR LES MALADES MENTAUX

En cas d’«altération» de la responsabilité, les sénateurs proposent que la peine encourue soit systématiquement allégée. L’article 122-1 du Code pénal serait réécrit pour prévoir que l’altération du discernement entraîne une réduction, comprise entre le tiers et la moitié de la peine encourue. Et au moins un tiers de la peine finalement prononcée devrait de surcroît être effectuée sous le régime de sursis avec mise à l’épreuve assorti d’une obligation de soins. La prise en charge médicale serait également renforcée avant et après la peine. En contrepartie, un malade qui refuserait les soins qui lui sont proposés, verrait s’envoler ses possibilités de réduction de peine. Ces préconisations pourraient se transformer en proposition de loi.

(1) Elle «concilie la protection de la société, la sanction du condamné et les intérêts de la victime avec la nécessité de préparer l’insertion ou la réinsertion dela personne détenue afin de lui permettre de mener une vie responsable et de prévenir la commission de nouvelles infractions»









Un rapport s'inquiète de l'afflux de malades mentaux en prison

Il y aurait 25% de malades mentaux en détention, selon un rapport du Sénat. Un chiffre en constante augmentation.


Dans un rapport présenté ce mardi 11 mai, des sénateurs ont tiré la sonnette d'alarme sur l'afflux de personnes atteintes de troubles mentaux dans les prisons françaises.

Selon des estimations, il y aurait 25% de malades mentaux en détention pour des troubles allant de la dépression à la psychose. La proportion des personnes atteintes de troubles mentaux les plus graves (schizophrénie ou autres formes de psychoses) pourrait d'ailleurs être estimée à 10% de la population carcérale. Pire encore, les sénateurs s'inquiètent de l'augmentation de ces proportions au fil des années. Ce, alors que les prisons françaises sont surpeuplées avec plus de 61.700 détenus pour 55.000 places.


Les raisons de ce phénomène sont multiples. La mission d'information pointe la réduction de l'offre de soins psychiatriques. Entre 1985 et 2005, "la capacité d'hospitalisation en psychiatrie générale est passée de 129.500 à 89.800 lits et places".


Mais surtout, le rapport s'interroge sur le cadre juridique entourant la question de l'emprisonnement des malades mentaux. La réforme du code pénal de 1993 a distingué "l'abolition du discernement au moment des faits en raison d'un trouble psychique entraînant l'irresponsabilité (article 122-1) et "l'altération du discernement qui n'exonère pas l'auteur des faits de sa responsabilité". Ainsi, en raison de l'absence fréquente d'expertise psychiatrique, les tribunaux doivent juger des personnes qui relèvent de la médecine. Et la plupart du temps, cette situation conduit à l'incarcération de malades mentaux.


Une présence dangereuse

Et, les conséquences sont loin d'être anodines. Malgré la présence de psychiatres, ces malades ne peuvent recevoir un traitement adapté à leurs pathologies. Plus encore, l'emprisonnement pourrait aggraver leurs troubles mentaux. Gibert Barbier, sénateur (RDSE), vice-président de la commission des affaires sociales qui a participé au rapport, explique à Nouvelobs.com que la présence des malades mentaux dans les prisons peut troubler l'établissement et même être dangereuse. "Certains malades sont très difficiles à gérer. Lorsqu'ils sont trop agités, ils sont placés au mitard. Mais ils ne se rendent pas compte de ce qui se passe. Ainsi leur maladie peut ainsi être aggravée par leur passage en prison". D'autant plus, que le personnel pénitentiaire n'est pas formé à s'occuper de ces personnes. A titre d'exemple, le rapport cite Laurent Ridel, sous-directeur de l'administration pénitentiaire, qui a affirmé lors de son audition au Sénat avoir "relevé un nombre plus élevé d'agressions ou de tentatives de suicide difficilement explicables alors que les incidents plus "classiques" comme les mouvements collectifs ou les évasions auraient tendance à diminuer".


La mission d'information souligne également la question des risques pour la société à leur libération.


Réorganisation de la psychiatrie

Le rapport fait part de ses recommandations qui s'appuient sur la réorganisation de la psychiatrie. Il suggère ainsi "d'engager la révision de l'organisation territoriale de la psychiatrie", de "renforcer la formation des psychiatres à la pratique médico-légale", de "développer les outils de prise en charge des malades mentaux ayant commis des infractions"... Surtout, la mission d'information estime nécessaire une amélioration de l'article du code pénal en instituant une atténuation de la peine en cas d'altération de la responsabilité. En contrepartie, les malades auraient obligation de se soigner pendant et après la détention.


Opposition à Nicolas Sarkozy ?

La question de la justice pour les malades mentaux n'est pas nouvelle. Les politiques ont pris position à de nombreuses reprises sur le sujet. La plupart du temps, après la médiatisation d'un faits divers.


En 2004, après le double meurtre à Pau d'une infirmière et d'une aide-soignante dans un hôpital psychiatrique, Nicolas Sarkozy avait affirmé que "les victimes avaient droit à un procès", demandant ainsi à la ministre de la Justice Rachida Dati d'envisager l'organisation de procès pour les malades mentaux.


Faut-il donc voir dans le rapport une opposition marquée au chef de l'État ?


Pour Gilbert Barbier, la réponse est non. Selon lui, Nicolas Sarkozy mélange dangerosité et maladie mentale. Or, "la dangerosité n'est pas liée aux troubles mentaux". "Ce qui est certain, c'est que les malades mentaux n'ont pas leur place en prison", persiste le sénateur du Jura.


(Émilie Jardin – Nouvelobs.com)








Trop de malades mentaux en prison, accuse un rapport du Sénat


FRANCE INFO

Comment faire face à la maladie mentale en prison ? Un groupe de sénateurs s’est posé la question. Leur rapport, que France Info a pu consulter, souligne la proportion inquiétante de détenus atteints de troubles graves, comme la schizophrénie.

Environ 10 % des détenus souffrent de graves problèmes mentaux. Des troubles si importants qu’une peine de prison n’a guère de sens pour eux. Sans parler des dangers qu’ils font courir à leurs co-détenus.
Face à l’ampleur de ce phénomène, l’offre de soins reste insuffisante, en détention mais aussi à l’extérieur de la prison : le nombre de lits d’hôpitaux en psychiatrie a fortement baissé depuis 25 ans.

Les rapporteurs s’inquiètent également des conséquences de la distinction qui est faite depuis 1993 entre abolition du discernement et altération du discernement. Le deuxième cas de figure n’empêche pas de déclarer une personne pénalement responsable. Du coup, les prisons se remplissent d’individus malades, déplore le rapporteur UMP Jean-René Lecerf.

Des malades mentaux condamnés, malgré la reconnaissance de "l’altération" de leur discernement  Les explications de Jean-René Lecerf  (0'27")

Les sénateurs proposent de diviser par deux les peines pour les condamnés dont l’altération du discernement est établie. Ils prônent également le renforcement de l’offre de soins en prison.

Laurent Doulsan








Le Sénat se penche sur le sort des malades mentaux en prison


Deux commissions du Sénat ont constitué un groupe de travail autour de la question des 10 % de détenus (environ 6 000 personnes), atteints de troubles mentaux les plus graves (schizophrénie), qui ne devraient pas se trouver en prison. « La prison n’est pas un lieu de soin, elle peut même aggraver le cas de certains malades », souligne le sénateur Jean-René Lecerf (UMP). Lui-même et Jean-Pierre Michel (PS) pour la commission des lois, Christiane Demontès (PS) et le Dr Gilbert Barbier (RDSE, Rassemblement démocratique et social européen), pour la commission des affaires sociales, ont remis mardi un rapport d’information, énonçant un certain nombre de recommandations.

Certes, il faut conserver la distinction entre les notions d’abolition et d’altération du discernement (distinction prévue par l’article 122-1 du code pénal et qui détermine ainsi la responsabilité pénale ou non du détenu) mais si altération il y a, alors elle doit explicitement mener à l’atténuation de la peine encourue. En effet, le contraire a été constaté dans les faits : depuis cette distinction juridique datant de 1993, l’altération a constitué un facteur d’aggravation de la peine allongeant la durée d’emprisonnement de personnes atteintes de troubles mentaux, explique leur document. Les rapporteurs estiment par ailleurs que les personnes dont le discernement est altéré doivent systématiquement être affectées dans un établissement pénitentiaire comprenant un SMPR (service médico-psychiatrique régional). Ils demandent également qu’à la libération de ces personnes, on puisse appliquer les mesures de sûreté qui sont aujourd’hui réservées aux personnes déclarées irresponsables. C’est, par exemple, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime ou de se rendre dans tel ou tel lieu.

Former les psychiatres.

Les sénateurs suggèrent par ailleurs de renforcer la formation des psychiatres à la pratique médico-légale et à l’exercice de la médecine pénitentiaire, notamment en créant un diplôme d’études spécialisées. Ils veulent également développer les formations communes aux professionnels de la justice et de la santé appelés à intervenir auprès des auteurs d’infractions atteints de troubles mentaux. « Cela s’impose d’autant plus que la création des UHSA (les unités hospitalières spécialement aménagées, qui doivent permettre l’hospitalisation en psychiatrie de personnes détenues atteintes de troubles mentaux qu’il n’est pas possible de maintenir dans une structure pénitentiaire classique) impliquera une telle collaboration », souligne Christiane Demontès. Il faut aussi améliorer les conditions de l’expertise (en rétablissant, entre autres, l’expertise conjointe par deux experts dans certains cas). Plus largement, le groupe parlementaire estime qu’il faudrait pouvoir disposer d’une large palette d’outils pour prendre en charge les malades mentaux ayant commis une infraction. En commençant par multiplier les SMPR sur le territoire.

Par ailleurs, les rapporteurs réclament, comme bien d’autres, la nécessaire tenue d’états généraux de la santé mentale et souhaitent voir inscrit rapidement à l’ordre du jour du Parlement un projet de loi modifiant la loi du 27 juin 1990 sur l’hospitalisation d’office.
Tel est précisément le texte qu’a présenté la semaine dernière Roselyne Bachelot en conseil des ministres. Les sénateurs, eux, souhaiteraient que le projet émane conjointement de la Santé et de la Justice. Le rapport qu’ils viennent de rendre public constitue, disent-ils, un élément de chantier pour une proposition de loi.

AU. B.


Quotimed.com,
le 11/05/2010


Témoignage chrétien

Santé

Psychiatrie sécuritaire

par Agnès Noël

Le projet de loi sur la psychiatrie de Roselyne Bachelot est contesté par de nombreux praticiens, notamment parce qu'il néglige le soin et transforme le médecin en policier.


Roselyne Bachelot a présenté le 5 mai en conseil des ministre son projet de loi sur la psychiatrie, qui devrait être examiné au Parlement cet automne.

Le texte avait été souhaité par Nicolas Sarkozy en novembre 2008, au lendemain de la mort à Grenoble d'un étudiant tué par un patient échappé de l'hôpital psychiatrique. Sa grande nouveauté est de substituer à la notion d'hospitalisation celle de soins, ce qui inclue la possibilité de soins en ambulatoire, à savoir à l'extérieur de l'hôpital. La mesure,qui concernerait 70 000 patients par an, n'est pas sans susciter l'inquiétude des psychiatres.

Certificats

Actuellement, il existe deux possibilités d'hospitalisations sous contrainte: l'hospitalisation à la demande d'un tiers, et l'hospitalisation d'office, à la demande de l'autorité publique. Avec cette loi, l'hospitalisation à la demande d'un tiers sera simplifiée: il ne faudra plus deux certificats pour interner quelqu'un, mais un.

Et surtout, les soins pourront avoir lieu aussi en ambulatoire, chez les psychiatres de ville. L'entrée dans le soin se ferait toujours en hospitalisation complète, « avec un premier temps d'observation et de soins, d'une durée maximum de 72 heures, comportant trois certificats médicaux », selon Roselyne Bachelot (Libération, 5 mai).

Ensuite, le patient serait “orienté” vers une hospitalisation partielle ou en soins ambulatoires. Dans ce dernier cas, les patients seraient pris en charge par des praticiens sous la responsabilité du médecin de l'hôpital qui suit le patient.

Elie Winter, psychiatre, membre du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, n'est pas favorable à ce dispositif : « La nouvelle loi n’apporte rien au problème des patients qui ont vraiment besoin de soins, et pour lesquels il y a de moins en moins de moyens. En revanche, elle ajoutera des contraintes pour beaucoup d’autres patients qui ne présentent pas vraiment de danger et qui seront plus facilement hospitalisés. L’obligation de soins se limitera souvent à des traitements sous médicament. »

Police

Selon le projet de loi, si le malade ne se rend pas aux consultations, « le médecin peut le relancer mais aussi prévenir le directeur. Celui-ci pourra prendre toutes les mesures utiles pour remettre le patient dans la chaine de soins, y compris faire appel aux forces de police ».
Elie Winter pointe les dérives que cela peut occasionner: « Si je joue le rôle de police sanitaire, qui surveille mon patient et appelle la police s'il ne vient pas, cela va forcément changer la nature de ma relation avec lui! »

Enfin, globalement, sortir serait plus compliqué pour les patients : les sorties d'essai qui existaient auparavant vont disparaitre (excepté celles de 12 heures), pour être remplacées par le système ambulatoire. Quand aux sorties après une hospitalisation d'office, elles devront désormais être validées par un collège de soignants (deux psychiatres et un cadre infirmier), qui donnera son aval au préfet, à qui appartiendra la décision finale. Or les préfets, estime Elie Winter, « subissent de plus en plus de pression. Ils reçoivent des directives du ministère, allant toujours dans un sens sécuritaire, et moins dans le sens des libertés.»

Le Collectif des 39 rappelle également que « les personnes dites « malades mentales » ne sont pas plus dangereuses que le reste de la population. Au contraire, selon des études, elles sont 11 fois plus souvent victimes de crimes et 140 fois plus souvent victimes de vols. »

Caméra cachée à l'hôpital

Le 18 mai, l'émission controversée en caméra cachée, “Les Infiltrés”, sur France 2, sera consacrée à l'hôpital psychiatrique. Le reportage, tourné dans un hôpital d'Ile de France, montre un service où, faute de moyens et quelquefois de motivation, les malades sont souvent livrés à eux-mêmes, bourrés de médicaments et tenus enfermés. Le reportage sera suivi d'un débat.

Les infiltrés, mardi 18 mai, France 2, 22h15

12 mai 2010










Débat houleux sur la vidéosurveillance

11 mai 2010

Par : C.Dubois

Au terme d’un vif débat entre majorité et opposition, l’installation de  nouvelles caméras de vidéosurveillance à Nogent sur Marne a été actée au conseil municipal d’hier soir. Concrètement, 36 nouvelles caméras complèteront début 2011 les 43 déjà existantes (actuellement dans les parkings et au port). Elles seront placées autour des écoles, gares, lieux à forte densité de commerce ou encore jardin public ou stade. Le conseil municipal a également voté une demande de subvention pour couvrir une partie de ces 600 0000 € d’investissement.

Quelles précautions éthiques et comment mesurer les résultats ?

Du côté du groupe Nogent avec vous (divers droite), Michel Gilles a regretté que le dossier ait été déjà complètement ficelé pour être présenté en commission départementale sans qu’il y ait eu auparavant d’échanges approfondis sur les objectifs, les moyens de les mesurer et l’encadrement éthique du dispositif. «Nous réclamons en vain depuis février des précisions sur la charte et le comité d’éthique ainsi que l’élaboration d’un tableau de bord avec des objectifs précis pour s’assurer que les malveillances ne seront pas simplement reportées d’un quartier vers un autre. Nous n’avons même pas eu connaissance de la carte de la criminalité, ce qui objectiverait le débat.»

Qui surveille les caméras de surveillance ?


De son côté, William Geib (Parti socialiste) a pointé l’impossibilité humaine de surveiller tous les écrans. «Il va y avoir 79 caméras alors qu’une personne ne peut surveiller que 4 écrans en même temps donc ce dispositif ne protégera personne ! C’est du vidéomaquillage !»

Vidéo-protection : la vidéosurveillance de nouvelle génération

«La vidéo-protection est un péché pour vous, un outil pour nous même si ce n’est pas la panacée, a rétorqué le maire, Jacques JP Martin. Le projet a été étudié par un bureau d’étude dont vous avez eu connaissance des conclusions. La carte de la criminalité  n’apporterait rien de plus, je ne vais pas vous donner toutes les adresses où ont été commises des délits. Il n’est pas question de mettre en débat les emplacements de chaque caméra. Elles seront essentiellement installées aux abords des écoles, gares et autres espaces publics. Concernant la veille simultanée de plusieurs écrans, elle est permise par la nouvelle génération de matériel capable de détecter les événements et les signaler, c’est toute la différence entre la vidéosurveillance (ancien dispositif) et la vidéoprotection. Quant au déplacement des problèmes d’un quartier à un autre, à chaque ville de prendre ses responsabilités. Le Perreux sur Marne et Joinville le Pont sont déjà engagés dans un processus de vidéoprotection.» L’élu a également précisé qu’il y aurait un comité d’éthique lors du suivi du projet.

Vote

Après quelques échanges et digressions (à écouter directement à partir du fichier MP3, entre les minutes 36:05 et 58:06 ), le projet a été voté. Ont voté contre : William Geib et Michel Mastrojanni pour le PS. N’ont pas pris part au vote : Michel Gilles, Marie-Anne Montchamp (par procuration) et Michel Devynck pour le groupe Nogent avec vous.

2 votes contre, 3 élus ne prennent pas part au vote

Quelques précisions sur les conditions d’installation d’un dispositif de vidéosurveillance sur la voie publique : le public doit être informé des différents lieux faisant l’objet de vidéosurveillance. La présence de pancartes sur lesquelles est représentée une caméra est  obligatoire en cas d’utilisation d’un système fixe de vidéosurveillance de la voie publique. Le délai de conservation des images est de 1 mois,  sauf procédure judiciaire en cours et toute personne peut demander accès aux enregistrements la concernant. Pour en savoir plus, voir la page dédiée à la vidéosurveillance dans les lieux publics sur le site officiel de l’administration française.

Voir aussi les précédents billets sur ce sujet.




Patrick Pelloux: "L'objectif de Sarkozy est de casser la sécurité sociale"

Par Alex Lemarié de La rédaction du Post

le 11/05/2010

Sur Le Post, le médecin urgentiste fustige "l'épouvantable" proposition d'Alain Minc pour financer les dépenses de santé des "très vieux" (lire son interview ci-dessous).

Vendredi, Alain Minc a dénoncé sur France Info "l'effet du vieillissement sur la hausse des dépenses d'assurance maladie". Pour "récupérer les dépenses médicales des très vieux", qui sont selon lui "un luxe", le proche conseiller de Nicolas Sarkozy propose de "mettre à contribution ou leur patrimoine, quand ils en ont un, ou le patrimoine de leurs ayants-droits".

Son intervention sur le sujet commence à 21,04mn: (Source: France Info)

Pour illustrer et appuyer son argumentation, Alain Minc a cité l'exemple de son père, âgé de 102 ans, qui a été "hospitalisé quinze jours en service de pointe".
Coût total de son hospitalisation, selon Alain Minc: 100.000 euros.

Le hic, c'est que Libération a démontré que le conseiller élyséen avait exagéré sur les chiffres, en multipliant par cinq les dépenses liées à l'hospitalisation de son père. Ce que Alain Minc a reconnu dans les colonnes du quotidien, avouant qu'il a "délibérément pris un chiffre qui frappe" pour donner du poids à son argumentaire.

Contacté par Le Post, le médecin urgentiste Patrick Pelloux s'élève lui aussi contre la proposition du conseiller de Nicolas Sarkozy.

Que pensez-vous de la proposition d'Alain Minc pour financer les dépenses médicales des personnes âgées ?

"Déjà, il est intéressant qu'Alain Minc reconnaisse lui-même qu'il manipule et utilise le mensonge pour faire avancer ses arguments... Cela en dit long sur l'état d'esprit du sarkozysme, prêt à tout pour faire passer ses idées."

"Après, je n'ai pas de mot assez dur pour qualifier cette proposition d'Alain Minc. C'est juste épouvantable et d'un cynisme... Cela lui va bien à lui, qui est riche, de proposer ça... Grâce à ce monsieur, nous allons redécouvrir la lutte des classes. La seule réponse que l'on peut et que l'on doit apporter, c'est le combat démocratique."

Alain Minc dit qu'il va en toucher un mot à Nicolas Sarkozy...
"Qu'ils arrêtent de nous prendre pour des cons! On connaît bien leur stratégie: ils envoient une balle et ils attendent de voir comment elle revient. Il est clair que la sortie d'Alain Minc sur ce sujet vise à préparer les esprits avant une éventuelle réforme des régimes d'assurance maladie. Je pense qu'à terme, l'objectif de Sarkozy est de casser la sécurité sociale. S'il casse la sécu, il casse le gaullisme."

"Avec son intervention, Alain Minc distille la pensée ultra-libérale du sarkozysme, qui est de dire: l'homme est au service de l'économie et pas le contraire. Cela crée une concurrence entre les êtres humains effroyable. Pourtant, Alain Minc étant un brillant économiste, il devrait savoir que ce qui a sauvé la France pendant la crise, c'est son système de sécurité sociale."

- Dans une interview accordée au Post, ce mardi, le député PS Jean-Marie Le Guen -spécialiste des questions de santé- se dit "totalement opposé" à la proposition d'Alain Minc et dénonce "des propos irresponsables" (lire son interview).

- Contacté par Le Post, le ministère de la Santé n'a pas souhaité réagir.
- Contacté par Le Post, le ministère du Budget n'a pas encore réagi.




Sécu : les chiffres fantaisistes d'Alain Minc

LEMONDE.FR | 11.05.10

"Il y a un problème dont on ne parle jamais (...) c'est l'effet du vieillissement sur la hausse des dépenses d'assurance-maladie et la manière dont on va le financer". Alain Minc a proposé, vendredi 7 mai, que les dépenses de soins des "très vieux" soient imputées à leur patrimoine ou à celui de leurs ayants droit. (Voir la vidéo ci-dessous)

Invité de l'émission Parlons Net, il a pris pour un exemple le cas de son propre père. "J'ai un père qui a 102 ans, il a été hospitalisé 15 jours en service de pointe. Il en est sorti. La collectivité a dépensé 100 000 euros pour soigner un homme de 102 ans. C'est un luxe immense, extraordinaire pour lui donner quelques mois ou, j'espère, quelques années de vie. Je trouve aberrant, quand le bénéficiaire a un patrimoine, ou quand ses ayants droit ont des moyens, que l'Etat m'ait fait ce cadeau à l'œil."

Pour Alain Minc, cette proposition "progressiste" devrait figurer au programme des socialistes.

Le problème, c'est que cet exemple familial a suscité des interrogations. Sur le blog de Jean-Daniel Flaysakier, spécialiste des questions de santé à France 2 et sur LibéOrléans, le blog du journaliste Mourad Guichard, des internautes s'étonnent de la somme évoquée par M. Minc.

En effet, la tarification à l'activité empêche d'atteindre de tels montants. Libération a contacté Alain Minc, qui précise : "Écoutez, c'était illustratif. Ce montant est sans doute plus élevé que la réalité. (...) Seize jours de service de pointe, ça doit être 20 000 ou 25 000 euros […]. J'ai délibérément pris un chiffre qui frappe ; le montant que j'imaginais qu'on puisse me réclamer."

Le Monde.fr



libeorleans.fr

http://www.libeorleans.fr/libe/2010/05/d%C3%A9penses-de-sant%C3%A9-minc-veut-pr%C3%A9senter-la-douloureuse-aux-tr%C3%A8s-vieux-malades.html 

Dépenses de santé: Minc veut présenter la douloureuse aux «très vieux» malades

SANTÉ. La manière dont l’économiste Alain Minc entend régler une partie des déficits de la sécurité sociale ne laisse pas le mouvement Ensemble pour une santé solidaire de marbre. Vendredi 7 mai 2010, à l’occasion d’un «Parlons Net», le rendez-vous médiatico-politique de France Info, Rue89, LePoint.fr et Dailymotion, l’homme qui parle à l’oreille des décideurs a proposé que les dépenses de soins des «très vieux» soient imputées à leur patrimoine ou à celui de leurs ayants-droits. Une proposition qualifiée de «monstruosité» par Éric Taillandier, le porte-parole du mouvement qui milite pour le maintien d'un système égalitaire.

«Il y a un problème dont on ne parle jamais (...) c’est l’effet du vieillissement sur la hausse des dépenses d’assurance maladie et la manière dont on va le financer», explique Alain Minc appuyant sa démonstration sur un exemple très personnel: «Moi j’ai un père qui a 102 ans, il a été hospitalisé 15 jours en service de pointe. Il en est sorti», rassure-t-il. «La collectivité française a dépensé 100.000 euros pour soigner un homme de 102 ans. C’est un luxe immense, extraordinaire pour lui donner quelques mois ou, j’espère, quelques années de vie».
Alain Minc propose alors une mesure qu’il qualifie lui-même de «progressiste»: «Je trouve aberrant que quand le bénéficiaire a un patrimoine ou quand ses ayants droits ont des moyens que l’état m’ait fait ce cadeau à l'oeil. Et donc je pense qu’il va bien falloir s’interroger sur le fait de savoir comment on récupère les dépenses médicales sur les très vieux en ne mettant à contribution ou leur patrimoine quand ils en ont un ou le compte patrimoine de leurs ayants droits».

«Comment un homme aussi intelligent qu’Alain Minc peut-il en arriver à proférer une telle monstruosité et de la qualifier de progressiste alors qu’il s’agit d’une régression sans nom ?», s’interroge Éric Taillandier. «Pour lui, quand on est très vieux, on n’est plus un homme ou une femme comme les autres, puisqu’on n’a plus le droit à la solidarité nationale. Cela rompt avec le principe d’égalité», dénonce-t-il.

Pour clore son propos, Alain Minc précise qu’il va faire cette proposition - qui devrait, selon lui, figurer dans un programme socialiste - à Nicolas Sarkozy. Ce que redoute Éric Taillandier: «Si cette proposition aberrante était reprise (...) cela constituerait une brèche irrécupérable dans le principe même de la sécurité sociale universelle».

Dans le même temps, le militant associatif se rassure: «Je doute qu’aucun politique ne mette le doigt dans cet engrenage infernal».

En réaction à cette sortie, Martin Hirsch, l’ancien haut commissaire, estime qu’Alain Minc «pose une question intéressante», tandis que Jean-Daniel Flaysakier, spécialiste des questions de santé à France 2, dénonce «une proposition à très haut risque».

Mourad Guichard






UNE SOCIÉTÉ A SOIGNER «Hygiène et salubrité publique en France au XIXe siècle»

Gérard Jorland










Gérard Jorland
Gallimard, «Bibliothèque des histoires»
360 p.
27 €

L'avis de La Croix

Tout va mal, mais on se soigne

Qu'est-ce donc que la santé publique à l'âge des masses et de la vitesse ?

La médecine du XIXe siècle, nous dit Gérard Jorland, a voulu prévenir la maladie et surtout l’épidémie (celle du choléra en 1832 est restée très présente), en développant l’hygiène publique par l’application des découvertes scientifiques accumulées depuis Lavoisier. L’obsession, en cet âge industriel d’échanges humains et de vitesse accrus, fut de supprimer les foyers d’infection et d’enrayer la propagation des maladies infectieuses, causes principales des hausses de la mortalité, si inquiétantes dans une France où le taux de natalité périclitait.

D’où l’action inlassable de médecins, de savants et de «travailleurs sociaux» devenus passionnément «hygiénistes», pour plaider la bonne cause auprès des pouvoirs publics, des institutions privées ou religieuses d’aide et de charité, des propriétaires et des industriels.

Il s’agit d’aérer, de désinfecter, de vacciner, d’améliorer la voirie et les égouts, d’assainir les lieux et espaces publics, d’imposer une médecine du travail, d’étendre à toute la société les bienfaits de l’hygiène sociale. Dans les «villes tentaculaires» menacées de dégénérescences de tous ordres, il s’agit aussi, disent-ils, de promouvoir une hygiène morale qui devra irradier l’école, l’éducation populaire et l’aide sociale, et qui aidera à contenir les miasmes que sont la prostitution, l’alcoolisme, le crime et le suicide.

Gérard Jorland compare la France avec le reste de l’Europe et révèle ainsi que la question de la salubrité publique a été posée chez nous avec moins d’urgence, puisque nos campagnes et nos bourgades surabondantes nous tenaient à l’écart des ravages sanitaires entraînés par la concentration urbaine.

Il ajoute que l’État libéral en France est resté trop dédaigneux du social pour vouloir participer pleinement à la bataille (contre la tuberculose, par exemple: la France a inventé le sanatorium bien après ses voisins): il s’est contenté de saluer d’assez loin les initiatives religieuses et celles des collectivités locales. Si bien que la République n’a installé un ministère de l’hygiène et de la prévoyance, puis un de la santé, qu’en 1920 et 1930.

C’est dire qu’il a fallu attendre l’envol de l’État providence à partir des années 1940 pour que la santé publique prenne l’ampleur sociale, politique et budgétaire que l’on sait aujourd’hui, mais sans que l’hygiène publique progresse au même rythme. Christian Chevandier le montre en explorant à fond, pour la première fois, le meilleur espace public mis désormais au service de la santé de tous : l’hôpital, lieu jadis d’accueil en urgence et de relégation sociale devenu à la fois une énorme machine à soins, une caisse de résonance de la société et un lieu d’exercice–souvent difficile, mais en progrès–de la citoyenneté et, sans doute, le dernier havre pour naître et mourir ensemble dans une société d’individus.

Évolutions de la médecine, de l’économie et du droit hospitalier, sociologie des professions hospitalières et des malades devenus des patients: Christian Chevandier synthétise à merveille, ouvre toutes les fenêtres. Il distingue les grandes étapes qui ont fait l’hôpital d’aujourd’hui: l’héritage de l’hôtel-Dieu, la sécularisation jusqu’aux années 1920, le dévouement des soignants jusqu’en 1945, la spécialisation des soins jusqu’en 1975 et, depuis, l’irruption dans ses services de la société tout entière, en urgence ou non.

Tandis que l’hygiène publique, l’équipement de proximité et les soins à domicile, la médecine sociale et la médecine généraliste n’ont pas assez progressé pour éviter que les hôpitaux ne soient désormais dramatiquement surchargés. Surtout, il nous fait comprendre l’immense mutation sociale qui a fait de l’ancien refuge pour démunis le point de passage obligé de tout un chacun, à la vie à la mort.

JEAN-PIERRE RIOUX

A voir aussi : L’hôpital dans la France du XXe siècle de Christian Chevandier, Perrin, 490 p., 25 € http://www.bibliosurf.com/Une-societe-a-soigner-Hygiene-ethttp://www.bibliosurf.com/Une-societe-a-soigner-Hygiene-et

Présentation de l'éditeur

Faute de pouvoir soigner les maladies, la médecine du XIXe siècle s’est employée à les prévenir. D’où le rôle central qu’y joue l’hygiène publique. Se donnant pour mission de supprimer les foyers d’infection qui minent la société, elle s’étend à tous les domaines : égouts et voiries, orientation et hauteur des bâtiments, alimentation et travail, pollution industrielle et urbaine, prisons, casernes, hôpitaux, mais aussi prostitution, alcoolisme, crimes, suicides, etc.

Les préconisations des hygiénistes sont toujours les mêmes : faire circuler l’air et l’eau, désinfecter, vacciner. Mais ces avis ne sont pas toujours suivis d’effets. Dans nombre de pays européens, la vaccination et la revaccination sont obligatoires. En France, non. D’où ces deux paradoxes : qu’un pays qui a créé le mouvement d’hygiène publique moderne soit si lent à en appliquer les mesures ; que dans ce même pays, synonyme de centralisation et d’État fort, le gouvernement joue un rôle si limité dans la santé publique.

À la fin du siècle, les médecins finissent par se faire élire eux-mêmes au Parlement afin de faire voter une législation sanitaire. Mais pour imposer les contraintes de santé publique, il leur faut abandonner l’idéologie libérale et en construire une autre, le solidarisme. La législation perdurera, pas l’idéologie. Aujourd’hui, les politiques de santé publique appliquées en France et en Angleterre sont diamétralement opposées : libérale chez nous, étatique là-bas, contrairement à toute attente.

Philosophe et historien des sciences, Gérard Jorland est directeur d’études à l’EHESS et directeur de recherche au CNRS. Il a déjà publié aux Éditions Gallimard La Science dans la philosophie. Les recherches épistémologiques d’Alexandre Koyré (Bibliothèque des Idées, 1981).




Publié le 10/05/2010
FESTIVAL / THÉÂTRE 71

Honneur aux filles !

Par Nedjma Van Egmond

Esprit de famille, un rendez-vous délicieux initié par Pierre Ascaride, au théâtre 71. On y court parce que c'est l'occasion de spectacles (ou d'ébauches) réjouissants, de petites formes, de rencontres parfois surprenantes.
Et parce que Pierre Ascaride quitte la direction du lieu en décembre 2010. Il a choisi de consacrer cette troisième (dernière ?) édition aux femmes.

"J'ai voulu rassembler des regards féminins sur le monde comme il va : l'amour, ce qui ne veut pas dire forcément le triste, la lutte des classes, ce qui ne veut pas dire forcément le stalinisme, la politique dans tous les sens du mot qui n'est pas un gros mot.
Des trucs de filles, la vie quoi, vu du point de vue des filles...". Au bar du théâtre ou sur scène, des solos, souvent, des formes courtes, mais denses, des thèmes durs ou doux, dont vous raffolerez, Mesdemoiselles, mais pas seulement...

Valérie Puech se penche sur le baiser, Dominique Charpentier tire une foule de portraits, Marie-Ève Perron (actrice chez Mouawad) raconte un réveillon de Noël chez Marion.

Enfin, la géniale Meriem Menant, alias Emma la clown, partage la scène avec Catherine Dolto pour une conférence improbable où le clown se risque à la psychanalyse, et la psy se penche sur le clown.


Esprit de famille, honneur aux filles, les 28 et 29 mai, théâtre 71 de Malakoff. Spectacles : 5 et 8 euros. Pass deux jours : 21 et 28 euros. 01.55.48.91.00.




Culture et santé, alliance renouvelée


Une nouvelle convention a été signée par les deux ministères concernés, étendant le champ de leur coopération.

Onze ans après la signature de la première convention, les ministères de la Santé et de la Culture ont tenu à réaffirmer leur engagement en matière de culture en milieu hospitalier.

Ils vont même un peu plus loin qu’en 1999, puisque le texte signé le 6 mai prévoit l’expansion du dispositif aux centres médico-sociaux, maisons de retraite et centres de convalescence. Quatre régions pilotes devraient être désignées prochainement. Lors de la signature, Roselyne Bachelot et Frédéric Mitterrand ont rappelé les bienfaits de la culture pour « tous les acteurs » : les patients et leurs proches, mais aussi les soignants. Le volet de la formation des intervenants a d’ailleurs été évoqué, les deux ministères s'engageant à faire des « efforts importants » pour inclure « des modules pédagogiques » consacrés à la culture, notamment pour les cadres hospitaliers.

Améliorer la coordination

Les initiatives culturelles à l’hôpital, extrêmement diversifiées, peinent à se coordonner et se faire connaître. Toutes ne sont pas aussi médiatisées que Les Toiles enchantées ou Musique et santé, par exemple. Pour une meilleure visibilité et pour solliciter la participation du public, un site Internet sera créé, qui devrait faciliter le partage d’expériences entre les acteurs.

Un chargé de mission national sera mis à disposition par l'agence régionale de santé d’Île-de-France pour veiller à la bonne exécution de la convention et coordonner l'animation du réseau des référents et correspondants régionaux et locaux.

Au demeurant, la convention ne livre aucune mention d’un éventuel accroissement des aides financières de l’Etat. Le texte réaffirme l’importance du mécénat, et notamment du mécénat de proximité. Il encourage également la création d’une fondation ayant pour objet de réunir, d’administrer et de distribuer les contributions de donateurs privés.

Astrid Moors

Photo: Didier Plowy (ministère la Culture)
www.letelegramme.com

CÔTES-D'ARMOR

Psychiatrie. La CFDT craint le retour «à la prison»


11 mai 2010

Face à un déficit prévisionnel de 700.000 €, la direction de la fondation BonSauveur (qui gère le centre de Bégard) prévoit notamment 11,5 suppressions de postes. La CFDT se dit «très inquiète» pour un secteur de la psychiatrie déjà en crise.

«Nous allons vers la maltraitance». Cette annonce alarmiste est signée Francis Urvoy, le délégué du personnel CFDT du centre hospitalier spécialisé de Bégard (550 salariés). Il y a quelques jours, le syndicaliste et ses collègues ont appris que leur direction envisageait la suppression de 11,5 postes et le gel des bas salaires pour faire face au déficit prévisionnel de 700.000€. Un déficit dû à la non-augmentation de la dotation allouée à l'établissement par l'État. Et ce pour la deuxième année consécutive. «L'inflation est de 1,5%, les charges d'entretien et sécurité informatique, ainsi que les salaires augmentent. Nous devons nous adapter aux données budgétaires, nous n'avons pas le choix», explique Henri Terret, le directeur général de la fondation. «Mais les ajustements que nous avons effectués ne remettent absolument pas en cause la qualité des soins pour les patients. Parler de maltraitance, c'est faux. Il faut raison garder : les effectifs sont en nombre suffisants et tout est fait pour que les patients soient le mieux soignés possible».

Situation déjà dégradée

La sérénité du responsable de la fondation tranche avec l'inquiétude d'Yves Le Bivic, le secrétaire du comité d'entreprise du centre hospitalier de Bégard. «Nous sommes dans un contexte où la psychiatrie est fréquemment mise sur la sellette, notamment avec des fugues de patients qui débouchent sur des faits dramatiques. Si on réduit le nombre de personnels, on risque de revenir à des méthodes du siècle dernier. C'est-à-dire la prison». Et pour Yves Le Bivic, ces suppressions de postes sont d'autant plus mal venues que la situation est déjà dégradée:«Aujourd'hui, nous n'avons plus le temps de connaître les patients. Le personnel infirmier ne fait que les croiser».

Discours schizophrénique des financeurs

Secrétaire départementale du syndicat CFDT Santé Sociaux, Véronique Lautredou est persuadée que d'autres établissements risquent de rapidement connaître les mêmes difficultés que Bégard. «Tout le secteur médico-social (personnes âgées et handicap) du département va être touché. Les deux financeurs, l'État et le conseil général, n'augmentent pas leurs dotations. Mais les dépenses, elles, sont en hausse. Et la variable d'ajustement, c'est le personnel». «Nos financeurs tiennent un discours schizophrénique», embraye Francis Urvoy. «D'un côté, ils nous demandent de plus en plus de qualité dans les soins et la prise en charge des patients, mais de l'autre, ils nous donnent de moins en moins de moyens».

Julien Vaillant





Huit Français sur dix sont satisfaits de l’hôpital public

La Fédération hospitalière de France (FHF) a rendu publics ce mardi les résultats de son traditionnel baromètre « Les Français et l’hôpital ». L’attachement de l’opinion à l’institution ne se dément pas mais, sur certains points (prise en charge des personnes âgées, disponibilité des personnels), son taux de satisfaction est en chute libre.



PLUS DE HUIT FRANÇAIS SUR DIX (81 %) sont satisfaits de l’hôpital public : le très fort attachement de l’opinion à cette institution est une nouvelle fois mesuré par le « baromètre » que publie tous les deux ans, dans la perspective d’Hôpital Expo, la Fédération hospitalière de France (FHF).

Réalisé le 7 et 8 avril par TNS-Sofres auprès d’un échantillon national de 1 011 personnes interrogées en face à face à leur domicile, l’édition 2010 de ce sondage montre que les Français demandent d’abord (à 56 %) à l’hôpital d’être « accessible à tous, quel que soit son niveau de revenu ». Ce critère d’équité sociale arrive bien avant celui de la proximité géographique (retenu par 19 % des personnes sondées), celui des « délais d’attente très réduits » (mis en avant dans 9 % des cas seulement), celui du libre choix de l’établissement (7 %) et celui du « faible montant de la participation financière demandée aux malades » (7 %).

Pour choisir un hôpital, les Français font massivement (à 93 %) confiance à leur médecin traitant, les classements des établissements par la presse (sur la foi desquels 37 % peuvent se déterminer) ou des sites Internet de santé (21 %) étant sensiblement à la traîne. Néanmoins, au moment d’aller dans tel ou tel établissement, 46 % seulement des sondés s’estiment suffisamment informés.

L’institution hospitalière dispose-t-elle des moyens humains et financiers de son fonctionnement ? Non, répondent les Français : pour les trois quarts d’entre eux (77 %), ces moyens sont insuffisants. Interrogés enfin sur leur taux de satisfaction par rapport à une série de missions de l’hôpital public, ce sont la qualité des soins (83 % de satisfaits) et l’accueil du patient (74 %) que les sondés plébiscitent en premier lieu – suivent la modernité des équipements (73 %), les services de chirurgie (71 %), la prise en charge de la douleur (68 %). « La prise en charge des personnes âgées » ne fait que 43 % de satisfaits ; quant à « l’accompagnement des personnes en soins de vie et les soins palliatifs », ils constituent la mission que les Français jugent la plus mal remplie par l’hôpital public, avec un taux de satisfaction de 40 %.

« Si nous sommes satisfaits de voir que le taux de confiance des Français dans l’hôpital reste très élevé, nous constatons aussi qu’il y a, dans ce sondage, des indices d’insatisfaction qui ne sont pas négligeables dans une période de tension économique, financière et sociale », commente le président de la FHF, Jean Leonetti.

KARINE PIGANEAU


Quotimed.com, le 11/05/2010

dimanche 9 mai 2010




Zoom sur la nouvelle loi en psychiatrie
09 Mai 2010

Par guy Baillon

Édition : Contes de la folie ordinaire

 
"ILS" ONT PERDU LA TETE ! La nouvelle loi va "punir" ses fous ! Comble de la dérision !

La ministre de la santé, les psychiatres, les familles ont perdu la tête. Ils traitent les personnes présentant des troubles dits psychotiques comme s’ils étaient des "enfants désobéissants" que l'on doit remettre dans le droit chemin, en les obligeant à se faire soigner. Tout va se réduire à "surveiller et punir" ! La psychothérapie est exclue de la loi !

Comment ces différentes catégories de responsables en sont arrivées à considérer la folie comme un caprice de gamins ? Qu’est ce donc que traverser un moment de folie pour eux ?

Les professionnels de la psychiatrie ont inversé les faits : ils présentent la folie comme étant d'une complexité extrême à décrire, et d'une simplicité totale à traiter. C'est tout le contraire. En fait la représentation de la folie peut être décrite simplement, c'est le traitement qui est complexe et demande une profonde et patiente compétence associée à un réel amour de l'autre, amour de la personne qui souffre. Simplement les psychiatres qui se disent les plus "responsables" (car ce ne sont pas tous les psychiatres qui ont pris cette décision ce sont leurs représentants les présidents de CME) démissionnent de leur rôle, trop menacés, trop dévalorisés, trop divisés, ils sont tout à fait soulagés de se protéger derrière une loi qui punit et oblige. Il en est de même des familles : elles expliquent le simplisme violent de cette loi par le fait qu'elles n'arrivent pas à obtenir des soins auprès de la majorité des psychiatres quand elles font cette demande pour leurs proches ; ainsi découragées elles pensent qu'en obligeant leurs enfants à se faire soigner, cela va amener les psychiatres à soigner enfin, le monde à l’envers !

Quant à la Ministre bien évidemment elle est ravie de trouver des alliés inattendus pour appliquer la répression demandée par le Président de la République, continuité de sa politique sécuritaire, qui n’a en fait rien à voir avec la folie. Il faut d’abord montrer que l’Etat est fort : il enferme, donc punit, avant même de "parler".

Au total nous nageons dans l’absurde, un absurde né chez les personnes dites sensées.  Mais quel désastre ! Quel massacre de ce qui a été créé pour recevoir la folie !

Ces acteurs refusent de voir la réalité des troubles psychiques tout en ne réfléchissant pas aux conséquences de leurs décisions. En quelques lignes reprenons l'essentiel de ce qu'ils veulent ignorer. La représentation des troubles psychiques graves peut se résumer à trois grandes données : l'angoisse et la dépression, comme troubles de base qui chez certaines personnes vont prendre des proportions extrêmes et durer au point de rendre la vie insupportable, jusqu'à l'apparition d'un délire. Celui-ci au contraire constitue une étape dans la voie de la guérison, dans la mesure où il écarte la violence des troubles précédents, tout en donnant à la personne une solution à l’hostilité ou la complexité du monde environnant ; avec le délire la personne a en mains une explication qui la satisfait ; cependant il rend difficiles les relations de la personne avec son environnement qui ne comprend pas et devient rejetant ; enfin ce délire a comme particularité que la personne convaincue de la pertinence de sa propre vision du monde est dans la méconnaissance de la différence qui existe entre cette vision et la réalité. Elle n'en est pas pour autant dangereuse. Elle méconnaît l'ensemble de ses troubles, par contre elle est, beaucoup plus souvent que les autres, victime de la violence de la société qui l'entoure, et la proie de maladies physiques. Ceci pour deux raisons majeures : étant prise par son délire elle n'est pas consciente des dangers de la société qui l'entoure, pas plus que ce qui met son propre corps en péril; de ce fait elle est vulnérable à cause de cette double méconnaissance qui joue contre elle : elle ne demande rien et ne revendique rien ; de ce fait il est tellement facile de les accuser de tout les maux, et d’en faire des boucs émissaires. C’est ce dont cette loi abuse.

La première absurdité de cette loi c’est « d’interpréter la méconnaissance de ses troubles par le malade comme un refus de se faire soigner, une "désobéissance" » (comme cela a été vivement dénoncé jeudi au colloque de ‘LOGOS’ à Perpignan). La loi veut ignorer qu’elle ne "refuse" pas, elle "ne sait pas" !

La seconde c’est de ne pas comprendre qu'il est essentiel de savoir que le seul processus thérapeutique efficace c'est le travail psychothérapique, individuel et collectif ; les médicaments agissent certes sur une part importante de l'angoisse et de la dépression, mais pas plus que l'éducatif ils n’ont d’action sur le délire. De plus pour réduire au mieux les troubles de base, angoisse et dépression, ces médicaments doivent être ‘encadrés’ par la psychothérapie pour expliquer leur effet et être intégrés dans la recherche du sens des processus psychopathologiques.

Enfin une donnée dramatique se surajoute, dès que l'on entre dans le champ du soin. Les psychiatres ne le savent pas assez, ce sont les patients qui nous l’apprennent : ce drame c’est la souffrance qu'impose le fait de devoir vivre le saut brutal qu’ils doivent faire pour aller de leur méconnaissance du délire à la reconnaissance qui leur est imposée d’être "malade". Ces personnes qui souffrent expliquent que ce qui leur est imposé alors c'est de passer d'un vécu de certitude sur la réalité à une reconnaissance que ce qu'ils aiment le plus au monde, leur être propre, leur âme, leur moi, "serait" en fait une donnée incomplète, inférieure, dévalorisée, parce que dite "malade", qui va leur faire "honte".  C'est alors un vacillement de l'âme, une perte d'identité, qui leur est asséné. Cette identité il leur devient indispensable de la reconstruire pour survivre et ne pas s'effondrer en un être totalement passif, vide de toute pensée sur le monde. Cet état de passivité, cette vie amorphe, peut être aussi le résultat que l’on obtient avec des traitements lorsqu’ils sont limités à des surdosages de médicaments et de comportementalisme. Nous le savons tous.

Un tel "saut" est impossible à faire seul, ni avec la seule aide de la famille ; il faut l'intervention d'un tiers, un tiers soignant qui s'approche d’elles avec suffisamment de prudence pour créer un climat de confiance. Seulement il faut à la fois pour cela un cadre neutre, des soignants accueillants attentifs, et surtout qui soient les mêmes pour assurer une continuité de liens, compétents, expérimentés, permettant la construction de ce lien de confiance nécessaire pour réaliser cette mutation psychique.

C'est bien le risque que cette loi fait prendre en bâtissant sa démarche sur l'obéissance à prendre des médicaments seulement. Alors que l’on sait aussi qu’aucun médicament n'incite à suivre un travail psychothérapique. Surtout aucune psychothérapie ne peut être réalisée sous obligation, sous un ordre quelconque, sous une injonction quelconque, menace à l'appui. L'échange relationnel exige un vécu et un climat de liberté essentiels.

À l'inverse l'expérience a montré tant aux promoteurs de la Psychothérapie Institutionnelle qu’à ceux de la Psychiatrie de Secteur que le soin psychique pouvait se développer dans un climat de liberté. Certaines équipes ont formalisé cela en soulignant que tout début de soin psychique, toute proposition de soin, devait être précédé d'une "vraie rencontre humaine" pour accéder à cette méconnaissance, dans des espaces neutres en ville, non stigmatisés par une étiquette psychiatrique ; nous les avons appelés « lieux ou centres d'accueil », mais il s’agit là d’un accueil qui n’est ni obligatoire, ni limité à trois jours. En effet si les personnes en grande difficulté psychique, soit seules, soit de préférence accompagnées, peuvent être reçues directement sans délai dans un tel espace, elles peuvent bénéficier d'une série d'entretiens qui seront réalisés par les mêmes soignants s'appuyant sur l’entourage, et établissant un lien de confiance assez clair pour que la relation devienne solide ; peu à peu les personnes peuvent mettre des mots sur leur souffrance, et envisagent d'accepter des aides thérapeutiques associant psychothérapie, médicaments, soins institutionnels. Un tel travail est appelé « travail d'accueil », parfois « travail de crise ».

Et là nous comprenons brusquement qu’une loi n'est donc pas nécessaire pour installer ce type de soin. Un "Plan de Santé Mentale" suffit, demandant à chaque équipe de secteur de convertir une partie de son personnel (6 à 12 infirmiers, un médecin, un psychologue) en un groupe ou équipe d'accueil actif 24 h/ 24. Cette seule présence entraîne une transformation complète du ‘climat’ du service public qui devient enfin disponible et accessible. À chaque fois une telle réalisation entraîne une diminution des urgences, une diminution des besoins d'hospitalisation, ceux-ci étant remplacés par des soins ambulatoires. Enfin cette équipe, en raison de sa disponibilité, peut régulièrement à la demande des familles intervenir au domicile et rétablir le contact avec un patient qui s'est totalement mis en retrait.

Par cette simple mise en place, cette énorme machine de guerre que constitue cette nouvelle loi, avec sa triple obligation de soins depuis la garde à vue jusqu'au domicile, se montre totalement inutile, disproportionnée, adaptée seulement pour une armée de criminels.

Il est essentiel en même temps d'anticiper l'ampleur des autres dégâts que va faire cette loi si elle est promulguée par le Parlement : d’abord elle se centre sur la personne seule alors que les troubles psychiques graves atteignent toujours un groupe, la famille, des proches, avec la personne, alors que nous devons avoir à l'esprit l'appui d'une conception de l'homme qui soit unitaire, globale, associant corps, esprit et modalité de relation à l'autre, faisant comprendre que l'homme ne peut vivre seul ; l’autonomie est une illusion, la solidarité est un besoin. Tout cela est évacué par la loi qui isole, enferme, oblige. Surtout la loi commet un oubli colossal, elle occulte le fait que le soin psychique ne constitue qu'une partie des besoins des personnes présentant des troubles psychiques graves. De ce fait elle ignore totalement la généreuse loi de 2005-102, qui en créant la notion de handicap psychique (les conséquences sociales des troubles psychiques graves), a montré la volonté de l'État de répondre à une autre partie des besoins, les besoins de compensation sociale ; cette réponse réalisée grâce aux accompagnements individuels, aux services d'accompagnements sociaux (SAVS) et d'accompagnement au travail (ESAT), des foyers, et même les remarquables GEM, groupe d'entraide mutuelle. Une des difficultés d'application de cette loi est qu'elle constate que dans un certain nombre de situations, des personnes ayant été soignées, mais qui, soit au début de la rencontre avec la MDPH (maison du handicap), soit en cours de mesures de compensation, sont à nouveau dans le déni de leurs troubles psychiques tout en ne ‘demandant rien’. Le souci actuel est en dehors de toute urgence de les aider à percevoir la pertinence qu'il y aurait de reprendre un processus thérapeutique associé ; et nous constatons que ce sont les liens mutuels et la confiance des usagers qui vont permettre de redresser le cap vers le soin associé.

Avec la loi, l'ombre de la notion d’obligation-obéissance va s'étendre bien au-delà du soin, elle va aussi s'étendre sur le champ social et médico-social ; dans ce champ consciemment ou non, on ne va plus chercher à préparer une simple reprise de soins, on va très facilement brandir la menace de renvoyer la personne à tout le circuit «garde à vue de 72 heures - obligation de soin hospitalier- obligation de soins à domicile ».

En clair nous voyons venir l’ère des travaux forcés : une simple incartade, une absence mal expliquée, des conflits variés, feront évoquer l'insuffisance des soins (donnée totalement inévaluable,  mais dont l'énonciation suffit pour faire peur et fausser là aussi toute relation dans l'ensemble du champ social et médico-social). Ces personnes se sentiront obligées de travailler pour ne pas être hospitalisées et prises dans le système du soin obligatoire ! Où allons-nous ? L'ensemble du climat social va changer. Nous devons y prendre garde, ici nous sommes en présence de personnes présentant les conséquences sociales des troubles psychiques au long cours : à la moindre difficulté, qui pourra affirmer que le traitement est bien suivi ? qu'il est suffisant ? Cette question est très fréquente. Avec la loi il y a une réponse possible et immédiate, donc facile, "très facile" : l'envoi à la garde à vue de 72 heures ! Nous comprenons que tout ceci ouvre la porte à un climat constant de délation, sans limites !

Ainsi nous voilà brutalement, dès la promulgation de la loi,  projetés dans un climat où tout se fixe sur l'individu plus ou moins désobéissant, loin de toute solidarité, celle-ci suspecte sera désignée comme risque de collusion cherchant à protéger, au lieu de soigner. Non seulement la loi avec l'obligation des soins réduit l'homme à une machine qu'il suffit de nourrir de médicaments ou à transformer en robot ; mais il devient clair que les personnes présentant un trouble mental constituent manifestement "une autre race", qui doit se contenter d'obéir. Ce que l’on n’a pas encore compris, c’est que cela ne limitera aucunement la réalisation des actes imprévisibles (ceux dont se nourrit la presse, ils surviendront là comme dans toute population, y compris des crimes, mais ici ils ne sont pas supportables car aucun motif "raisonnable" n’est invoqué), on comprendra très vite qu'il faudra aller plus loin. Alors, la "race’" étant désignée, d’aucuns évoqueront une méthode déjà expérimentée pendant 10 ans en Allemagne entre 1933 et 1942 où l'on a "euthanasié" avec les meilleures intentions du monde, 80.000 personnes "afin de leur éviter les souffrances  à venir". Cette nouvelle loi prépare ce climat et va laisser venir cela, doucement ! là où il faut simplement écouter ceux qui souffrent grâce à une disponibilité humaine, compétente, libre.

Guy Baillon, psychiatre des hôpitaux



SOCIÉTÉ

Psychiatrie : Bachelot veut faire passer la pilule

Le tout-sécuritaire fait son tour de garde et s’attaque aux hôpitaux psychiatriques. La loi, discutée à l’automne, institue les soins sans consentement et restreint les sorties d’essai.

Le verdict est tombé  : ce sera la peste et le choléra. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a présenté hier la nouvelle loi sur la psychiatrie en Conseil des ministres. Sur demande de Nicolas Sarkozy, après un fait divers dramatique impliquant un malade mental échappé d’un hôpital psychiatrique en 2008, cette loi vise à réformer les conditions d’hospitalisation d’office. Le texte prévoit deux mesures  : les soins ambulatoires sans consentement et la suppression des sorties d’essai.

Pour Roland Gori, psychanalyste et professeur de psychologie à l’université d’Aix-Marseille  : « Les soins sans consentement contribuent à aliéner davantage le patient, à le destituer de sa citoyenneté. Ce n’est que pure folie de vouloir tout légiférer. Les décisions doivent se prendre au cas par cas par les équipes soignantes, en lien avec le patient et la famille. » Avec la loi, celles-ci appartiendraient à l’autorité publique, après avis médical.

Les « sorties d’hôpital pour les patients placés en hospitalisation d’office », supprimées au-delà de douze heures, seront délivrées par le préfet, muni des conseils d’un collège de soignants, composé de deux psychiatres et d’un cadre infirmier. « La suppression des sorties d’essai ressemble plus à une punition qu’à une solution, au même titre que la détention provisoire dans les prisons. Par ailleurs, l’aberration est totale puisqu’il est aisé de tuer quelqu’un en moins de douze heures. Nous sommes en train de perdre toute notre autonomie, acquise depuis les lois éthiques de Nuremberg », explique Roland Gori.

La loi développe un aspect sécuritaire et une extrême médicalisation des souffrances psychiques. « Le pouvoir nous montre des monstruosités pour légitimer la surveillance de tous. Georg Lukàcs parle à ce titre de pseudo-objectivité. La démocratie libérale développe une conception sociale marquée par le sécuritaire, en utilisant une phraséologie scientifique, mais ce n’est en rien ce qui devrait prévaloir en psychiatrie », ajoute le psychanalyste. Les soins psychiques décroissent au profit d’une surmédicalisation  ; le patient s’inscrit dans une marche forcée vers la normalisation, dénonce Roland Gori. « L’hôpital devrait proposer de réels soins psychiatriques, ouverts sur la vie sociale et culturelle, loin de la solubilité dans l’idéologie actuelle du médico-administratif, dans la rationalisation technique et budgétaire. C’est la défense des malades qui compte. » La camisole chimique nous guette-t-elle tous quand les moyens et les personnels font défaut à cause de l’austérité pesant sur l’hôpital  ?

Céline Trégon




Roselyne Bachelot affole le monde de la psychiatrie

Créé le 06.05.10


Santé La réforme de l'hospitalisation d'office suscite la controverse


Le Conseil des ministres a examiné hier le projet de loi de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, sur la psychiatrie. Il doit réformer les conditions de l'hospitalisation d'office et vise, selonLuc Chatel, porte-parole du gouvernement, à assurer « une meilleure prise en charge des patients ». Annoncée en 2008 par Nicolas Sarkozy, après le meurtre d'un étudiant par un malade mental qui avait fugué d'un hôpital psychiatrique, cette réforme est accueillie avec scepticisme par les praticiens. Alain Vaissermann, président du Comité d'action syndicale de la psychiatrie (Casp), regroupant 80 % des praticiens (14 000 en France), regrette que « le souci sécuritaire ait gagné le souci sanitaire ». Le remplacement de la notion d'hospitalisation par celle de soins sous contrainte est pour lui « une façon d'obliger les gens à se traiter même quand ils sont chez eux ».

« Nouveauté désagréable »

Par ailleurs, la loi, qui, selon la ministre, « donne un cadre aux soins ambulatoires sans consentement » irait d'après Alain Vaissermann à l'encontre de la liberté du patient, et ne garantit pas l'efficacité de la prise en charge : « il n'y a pas de meilleur soin qu'un soin consenti ».
Autre pierre d'achoppement, la mise en place d'un collège de soignants chargé de fournir un avis au préfet sur la levée d'une hospitalisation d'office. Une nouveauté « désagréable » d'après le praticien, qui remet en question la légitimité de la décision médicale : « Un médecin prend ses responsabilités. » Le psychiatre juge « outrancier de présenter tout malade comme un danger public. Pourquoi alors ne pas enfermer tous les titulaires du permis », sous prétexte que certains chauffards sont potentiellement dangereux ? Jouer de cette manière la carte “ du tout sécuritaire” peut être contreproductif », poursuit-il. Avant d'avertir : « D'une part, nous risquons d'être plus frileux sur les sorties. D'autre part, plus on enferme les gens, plus ils veulent s'évader. »

Ingrid Gallou







ACTUALITÉ MÉDICALE

L’Europe des internements contraints


Publié le 06/05/2010    

Selon les différents pays, les pratiques et les législations sur l’hospitalisation contrainte en psychiatrie varient plus ou moins, mais cet internement « d’office » (pour reprendre l’ancienne terminologie française) constitue néanmoins une réalité ubiquitaire.

Concernant onze pays européens et plus de 2 300 patients admis contre leur gré dans un service psychiatrique, une enquête prospective s’intéresse à leur perception de cette expérience traumatisante, une semaine plus tard. C’est la plus vaste étude sur ce thème et la première à recourir à une méthodologie comparable, dans la collecte des données d’un pays à l’autre. Chez environ 1 800 de ces patients (soit 78 %), leur avis est recueilli aussi un mois plus tard, avec enfin un entretien trois mois après, pour environ 1 600 (69 %) d’entre eux.

Dans l’ensemble de ces onze pays [1], entre 39 et 71 % des intéressés estiment, un mois plus tard, que leur admission fut tout de même opportune (right), et cette fourchette passe de 46 à 86 %, trois mois après. Statistique étonnante, car on pouvait au contraire estimer a priori que la majorité des personnes internées d’office aurait plutôt tendance à critiquer durablement cette hospitalisation, subie contre leur volonté ! En général, la vision la plus négative de leur internement forcé persiste surtout chez « les femmes, les personnes vivant seules, et les patients diagnostiqués schizophrènes. »

Mais cette photographie globale recouvre en fait des disparités importantes d’un pays d’Europe à l’autre. Considéré comme inédit (totally new finding), ce phénomène ne s’explique pourtant, selon les auteurs, ni par des caractéristiques sociodémographiques, ni par des considérations cliniques (diagnostics ou intensité des troubles). Et ces différences entre pays sont « substantielles », certaines d’entre elles se révélant même « statistiquement significatives. » L’Europe psychiatrique est donc peut-être en marche, mais pas d’un même pas…

[1] Allemagne, Bulgarie , Espagne, Grande-Bretagne, Grèce, Italie, Lituanie, Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Suède.

Dr Alain Cohen

Priebe S et coll. : Patients’ views of involuntary hospital admission after 1 and 3 months : prospective study in 11 European countries . Br J Psychiatry, 2010; 196-3: 179-185.






Le tour de l’homme

Critique

Fruit de vingt ans de travail, l’œuvre du philosophe belge Henri Van Lier remonte le fil de l’évolution humaine

Par ROBERT MAGGIORI










Henri Van Lier Anthropogénie
Les Impressions nouvelles,
1 038 pp.,
38 €.


Ce n’est pas tous les jours que paraît un ouvrage pareil. En le manipulant (1 038 pages, 1,530 kg), on a une certaine appréhension, car on se dit qu’on ne pourra pas le tenir et le lire affalé sur un fauteuil, et on se met à espérer qu’au moins il n’exige pas une lecture suivie, de A à Z. Spontanément, on joue à l’ouvrir au hasard. Il est probable qu’on n’ait pas la main heureuse tout de suite. On risque de tomber sur «2A. Le cerveau préhominien. 2A1. Un computer à information constructrice, soft>>hard, et à construction informationnelle, hard>>soft», ou sur «26E2b. Les défigements par effets de champ logico-sémiotiques. Le cas Lacan». Mais la chance peut tourner : «3G. Le baiser et l’embrassement… 22G. Le roman… 28E1. Les clans et les familles… 11L3. La haine… 25C. Saints et monstres… 27G. La pondération des vies : savoir-vivre, notoriété, mode… 15H2c. Le son radio et techno… 14J2. La bande dessinée, image-texte exemplaire du Monde 3». On se demande alors comment il est possible qu’un même livre puisse traiter de paléoanthropologie et d’images publicitaires, de vie amoureuse, d’outils agraires, de métaphysique, de tuning, d’économie ou de biologie, d’humour, d’«idiosyncrasies sexuelles, hétéro-, homo-, bi-», d’émigration, d’hallucinations, de peintures sur corps, de guerres des peuples et de pogroms, de neurologie, de ponctuation, de caresses, de quatuors à cordes et de larmes.

«Acides aminés». Qu’on ne songe pas à un inventaire à la Prévert. L’Anthropogénie d’Henri Van Lier est une œuvre philosophique et scientifique, rarissime par son ampleur, à une époque qui penche plutôt vers les savoirs en miettes, et certainement déraisonnable si l’on songe à ce qu’un homme seul, raisonnablement, peut entreprendre. Le penseur belge, né en 1921 à Rio de Janeiro, mort à Bruxelles le 28 avril en 2009, a employé vingt années de sa vie pour la mener à bien. L’Anthropogénie n’est rien de moins qu’un «tour de l’homme» - comme on dit tour du monde - et la somme de toutes les connaissances sur son évolution, depuis ses premiers pas d’hominien, ses premiers gestes, ses premiers mots, ses premières rencontres, ses premières constructions jusqu’à ses acquisitions les plus récentes dans les domaines de la philosophie, du droit, de la politique, des mathématiques, de l’art, de la technique, de la sémiotique, de la médecine, etc.

Ouvert à tout, généreux, «éveilleur d’idées» suscitant la curiosité et l’admiration de ses étudiants, Henri Van Lier a exercé à l’Institut des arts de diffusion (IAD) de l’Université de Louvain-la-Neuve. Il a commencé à se faire connaître en 1959 avec les Arts de l’espace : peinture, sculpture, architecture, arts décoratifs, s’est occupé de sexologie (l’Intention sexuelle, 1968) avant que celle-ci ne fleurisse, a collaboré régulièrement à l’Encyclopædia Universalis, fait maintes émissions pour France Culture (dont Histoire langagière de la littérature française), avant de publier ses deux ouvrages les plus remarqués, Philosophie de la photographie (1983) et Histoire photographique de la photographiemacro histoire de l’Homo», dont il voulait qu’elle fût l’équivalent du travail de Stephen Jay Gould sur «la macrobiologie du vivant». En tant que fait, l’anthropogénie, brutalement définie, est «la constitution continue d’Homo comme état-moment d’univers». En tant que discipline, elle se donne pour objet l’étude «des facultés propres à Homo».

Si «Dieu ne joue pas aux dés», à quoi passe-t-il son temps ? «Il joue aux séquences dynamiques des vingt acides aminés qui portent tout l’édifice des Vivants». Quand, pourquoi, comment l’homme s’est-il dans cette séquence «sélectionné comme un primate», détaché de l’animal, pris une place à part dans l’univers ? La paléoanthropologie est là pour apporter des réponses, aidée par la bioanthropologie, l’ethnologie, l’archéologie, l’éthologie, etc. Le propos de Van Lier est aussi de faire une «science de l’homme», mais qui incluerait la science… des sciences de l’homme et de la philosophie. On pourrait citer d’un coup les traits spécifiques qu’en interconnectant les disciplines scientifiques - mais aussi l’art ou la littérature - le philosophe belge parvient à extraire pour déterminer la spécificité de l’homme et expliquer son extraordinaire évolution : l’angularisation, l’orthogonalisation, la transversalité, la possibilisation, la segmentarisation de l’environnement, la rhétorique corporelle, le rythme, la présentification, la rencontre, la mathématique… On serait loin, on le voit, de ce qui est avancé d’habitude pour caractériser l’hominisation : le langage symbolique, la conscience, etc. Mais ce listage ne donnerait qu’une pâle traduction de ce que contient Anthropogénie.

Injure. Pour en donner une petite idée, quelques exemples, simplificateurs, (ne) suffiront (pas). Soit la «suite anthropogénique» qui, partant de l’érection de l’homme à la station debout et de sa transversalisation, arrive au geste, à la voix et au langage. Pour la voix, Van Lier ne se contente pas de voir les modifications anatomiques du visage et de la cavité buccale qui ont permis son apparition : il fait une théorie du ton, du timbre, du son, du chant, du rythme, des instruments musicaux, une histoire de la musique dans le monde grec, l’Inde ou la Chine, une sémiotique du signe musical, une étude de ses fonctions incantatoires, de la magie, du chamanisme, etc. Même chose pour le langage : on part du signe, sonore, graphique, et on parcourt toute l’histoire de la linguistique, la grammaire, les dialectes, les écritures cunéiformes, l’écriture maya ou cyrillique, la graphie mathématique, jusqu’aux scarifications, aux inscriptions funéraires, aux graffitis et aux «écritures granulaires» (magnétoscopiques). Ou les conflits : Van Lier les classe, puis développe «les théories politiques, juridiques, morales» relatives aux conflits «attachés aux instances (de la famille) et aux rôles (du voisinage ami et ennemi)», les théories économiques suscitées par les conflits dans les échanges de biens, les théories esthétiques et érotiques expliquant les différends de «goût» ou de «sentiment», les théories langagières produites «par les conflits inhérents à l’interlocution» (injure, menace, intimidation et autres), and so on…

On laisse imaginer les arborescences du propos lorsqu’il touche à l’animisme, aux pathologies mentales, à la religion ou aux «idiosyncrasies ethniques» ! L’entreprise d’Henri Van Lier a donc quelque chose «de sur-humain». Mais, de sa monumentale Anthropogénie, on peut ne retenir qu’une idée : la chance de l’Homme, c’est qu’il fait des angles. Son corps redressé fait un angle droit avec le sol, angle qu’il retrouve assis, qu’il peut répéter avec son pouce et son index, avec les «rotations de sa tête à 180 °, c’est-à-dire 90 ° x 2», avec l’agenouillement, le pliage du coude, etc. Dès lors il lui est possible de viser, de segmentariser, de découper l’espace, de le géométriser, d’ériger des murs droits, de clôturer, de fabriquer - et plus encore : labourer, chasser, calculer, écrire… Qu’on observe le monde humain : il n’y a que des angles.
(1992). A partir du début des années 80, correspondant avec les savants du monde entier, il s’attache au projet «fou» de son Anthropogénie, une «