ACTUALITÉ MÉDICALE
L’Europe des internements contraints
Publié le 06/05/2010
Selon les différents pays, les pratiques et les législations sur l’hospitalisation contrainte en psychiatrie varient plus ou moins, mais cet internement « d’office » (pour reprendre l’ancienne terminologie française) constitue néanmoins une réalité ubiquitaire.
Concernant onze pays européens et plus de 2 300 patients admis contre leur gré dans un service psychiatrique, une enquête prospective s’intéresse à leur perception de cette expérience traumatisante, une semaine plus tard. C’est la plus vaste étude sur ce thème et la première à recourir à une méthodologie comparable, dans la collecte des données d’un pays à l’autre. Chez environ 1 800 de ces patients (soit 78 %), leur avis est recueilli aussi un mois plus tard, avec enfin un entretien trois mois après, pour environ 1 600 (69 %) d’entre eux.
Dans l’ensemble de ces onze pays [1], entre 39 et 71 % des intéressés estiment, un mois plus tard, que leur admission fut tout de même opportune (right), et cette fourchette passe de 46 à 86 %, trois mois après. Statistique étonnante, car on pouvait au contraire estimer a priori que la majorité des personnes internées d’office aurait plutôt tendance à critiquer durablement cette hospitalisation, subie contre leur volonté ! En général, la vision la plus négative de leur internement forcé persiste surtout chez « les femmes, les personnes vivant seules, et les patients diagnostiqués schizophrènes. »
Mais cette photographie globale recouvre en fait des disparités importantes d’un pays d’Europe à l’autre. Considéré comme inédit (totally new finding), ce phénomène ne s’explique pourtant, selon les auteurs, ni par des caractéristiques sociodémographiques, ni par des considérations cliniques (diagnostics ou intensité des troubles). Et ces différences entre pays sont « substantielles », certaines d’entre elles se révélant même « statistiquement significatives. » L’Europe psychiatrique est donc peut-être en marche, mais pas d’un même pas…
[1] Allemagne, Bulgarie , Espagne, Grande-Bretagne, Grèce, Italie, Lituanie, Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Suède.
Dr Alain Cohen
Priebe S et coll. : Patients’ views of involuntary hospital admission after 1 and 3 months : prospective study in 11 European countries . Br J Psychiatry, 2010; 196-3: 179-185.
L’Europe des internements contraints
Publié le 06/05/2010
Selon les différents pays, les pratiques et les législations sur l’hospitalisation contrainte en psychiatrie varient plus ou moins, mais cet internement « d’office » (pour reprendre l’ancienne terminologie française) constitue néanmoins une réalité ubiquitaire.
Concernant onze pays européens et plus de 2 300 patients admis contre leur gré dans un service psychiatrique, une enquête prospective s’intéresse à leur perception de cette expérience traumatisante, une semaine plus tard. C’est la plus vaste étude sur ce thème et la première à recourir à une méthodologie comparable, dans la collecte des données d’un pays à l’autre. Chez environ 1 800 de ces patients (soit 78 %), leur avis est recueilli aussi un mois plus tard, avec enfin un entretien trois mois après, pour environ 1 600 (69 %) d’entre eux.
Dans l’ensemble de ces onze pays [1], entre 39 et 71 % des intéressés estiment, un mois plus tard, que leur admission fut tout de même opportune (right), et cette fourchette passe de 46 à 86 %, trois mois après. Statistique étonnante, car on pouvait au contraire estimer a priori que la majorité des personnes internées d’office aurait plutôt tendance à critiquer durablement cette hospitalisation, subie contre leur volonté ! En général, la vision la plus négative de leur internement forcé persiste surtout chez « les femmes, les personnes vivant seules, et les patients diagnostiqués schizophrènes. »
Mais cette photographie globale recouvre en fait des disparités importantes d’un pays d’Europe à l’autre. Considéré comme inédit (totally new finding), ce phénomène ne s’explique pourtant, selon les auteurs, ni par des caractéristiques sociodémographiques, ni par des considérations cliniques (diagnostics ou intensité des troubles). Et ces différences entre pays sont « substantielles », certaines d’entre elles se révélant même « statistiquement significatives. » L’Europe psychiatrique est donc peut-être en marche, mais pas d’un même pas…
[1] Allemagne, Bulgarie , Espagne, Grande-Bretagne, Grèce, Italie, Lituanie, Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Suède.
Dr Alain Cohen
Priebe S et coll. : Patients’ views of involuntary hospital admission after 1 and 3 months : prospective study in 11 European countries . Br J Psychiatry, 2010; 196-3: 179-185.
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