par Julie Renson Miquel, Kim Hullot-Guiot et collage Frédérique Daubal publié le 24 avril 2023
Vérifier la dernière note de mathématiques de sa fille, suivre les dépenses de son fils, et pourquoi pas surveiller leurs déplacements, depuis son téléphone portable, entre deux consultations de sa propre boîte mail ou de l’appli météo : le geste est devenu si banal que de nombreux parents le font sans même y penser. Aujourd’hui, en moins d’une minute et quasiment en direct, pères et mères peuvent chaperonner, à distance, leur progéniture d’un simple coup d’œil sur leur smartphone. Ce, grâce à des outils – des espaces numériques de travail (ENT) fournis par l’institution scolaire, comme Pronote, aux applications bancaires, en passant par les traceurs GPS et autres logiciels espions – présentés comme des facilitateurs pour organiser la vie de famille et éduquer son enfant, mais qui accroissent aussi, de fait, la possibilité pour les parents de surveiller sans discontinuer leur marmaille. Ce qui n’est pas sans poser question, tant en ce qui concerne le processus d’autonomisation des enfants et adolescents que l’établissement d’un lien de confiance au sein de la famille, ou encore la possibilité pour les moins de 18 ans de construire un jardin secret. Le droit à la vie privée des mineurs – consacré par la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée aux Nations unies en 1989 et signée par la France en 1990 – ne trouve d’ailleurs, à ce jour, pas de traduction dans la législation française.