Par Propos recueillis par , Nathalie Brafman et Pascale Santi Publié le 12 décembre 2022
La psychiatre et docteure en santé publique Astrid Chevance revient sur les critères actuels de sélection des traitements potentiels de la dépression et sur la difficulté de définir l’efficacité d’un médicament.
Astrid Chevance est psychiatre et docteure en santé publique dans l’équipe Methods (Inserm, Université de Paris, AP-HP) au sein du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques (Cress), dirigé par Philippe Ravaud. Spécialiste de la dépression, elle a pour domaine de recherche l’évaluation des traitements.
Comment les antidépresseurs sont-ils évalués aujourd’hui ?
Les premiers antidépresseurs et leur évaluation sont apparus à la fin des années 1950. A partir des années 1970, on a évalué les psychothérapies et les différentes techniques de stimulation cérébrale, et plus récemment tous types d’interventions (luminothérapie, activités physiques, compléments alimentaires, etc.). Ces évaluations conditionnent l’accès au marché, le remboursement ou les recommandations de pratique clinique. Par exemple, concernant le remboursement d’un médicament, il faut avoir prouvé que le médicament testé fait mieux que ceux qui sont déjà en circulation, ou s’il fait aussi bien, alors il faut montrer qu’il a moins d’effets indésirables ou qu’il est moins cher. Bref, qu’il va améliorer la prise en charge médicale.
L’enjeu est de savoir ce qu’il faut mesurer ou pas dans les essais. Pour la dépression, ce qui est compliqué, c’est justement de se mettre d’accord pour définir l’efficacité d’un traitement et son utilité.