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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 2 avril 2024

Regard clinique et vérités crues


Avec l’apport clinique de la pratique infirmière, une psychiatrie qui se mène au front et la maladie grave traitée sans fard, nos livres du mois ramènent à l’essence du soin.

La clinique infirmière, de Brigitte Eugene, Christine Pintus et Corinne Soudan (Seli Arslan)

Par ses méthodes et ses outils, sa connaissance et ses savoirs d’expérience, la clinique infirmière est un rouage essentiel du soin, trop peu valorisé. La rendre visible rappelle l’importance et la spécificité de la profession infirmière.

La clinique infirmière


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PSYCHIATRIE

Journal d'un psychiatre de combat
Journal d’un psychiatre de combat en Seine-Saint-Denis, de Fayçal Mouaffak (Fayard) 

Voilà le récit d’une psychiatrie à flux tendu au service de ceux qui gravitent à la marge des cités, souvent sans papier ni identité à laquelle se rattacher. Son auteur, Fayçal Mouaffak, est chef de service dans un hôpital psychiatrique du 93, un département cosmopolite où se mêle plus de cent nationalités. La défiance des plus démunis y est quasi systématique envers les autorités, et le psychiatre apparait comme « un flic en blouse blanche, un oppresseur parmi tant d’autres ». Résultat : on l’évite autant que possible, les retards de prises en charge s’accumulent, et des êtres rongés par la maladie finissent aux urgences.


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HÉMATOLOGIE

Face à la maladie grave
Faire face à la maladie grave, de Mauricette Michalet, avec Christine Durif-Bruckert
(Eres Editions)

Avec ce témoignage sur « l’engagement d’une femme médecin », Mauricette Michalet livre une réflexion anthropologique et éthique en même temps qu’elle dresse un état des lieux et raconte l’histoire d’une pratique clinique aux enjeux vifs et vitaux. Le fruit de quarante ans d’expérience dans le traitement des leucémies aigües et les allogreffes de moelle osseuse pour cette ancienne chef de service d’hématologie, mais aussi d’une rencontre avec l’anthropologue Christinne Duriff-Bruckert. Cette

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Fin de vie : l’Ecosse en marche vers la légalisation de « l’aide à mourir » ?

 

Fin de vie : parlons-en

28 MAR, 2024

Le 28 mars, un projet de loi visant à légaliser l’« aide à mourir » a été présenté au Parlement écossais décentralisé d’Edimbourg. C’est la troisième fois que le Parlement écossais est saisi du sujet. Les précédents projets de lois ont tous été rejetés jusque là (cf. Ecosse : un projet de loi dépénalisant l’euthanasie introduit au Parlement).

Une proposition inspirée de l’Oregon

Le texte autorise les personnes atteintes d’une maladie en phase terminale, et dont le plein discernement a été préalablement attesté par deux médecins, à demander l’« aide à mourir ».

Seuls les patients âgés de plus de 16 ans, résidant en Écosse depuis au moins un an, et pouvant s’administrer eux-mêmes le produit pourront y avoir recours.

Liam Mc Arthur, le député démocrate qui a présenté le projet de loi, précise également que « la maladie devrait être en phase terminale avancée », et que les médecins devront s’assurer qu’il n’y a « pas de coercition ». Il ajoute que sa proposition s’inspire du « modèle de l’Oregon » où « les critères d’éligibilité n’ont pas changé du tout » depuis l’entrée en vigueur de la loi en 1997 (cf. Oregon : les suicides assistés en hausse de 20 % en 2023 ; Suicide assisté : l’Oregon, un « exemple » aussi pour les dérives).

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Prise en charge du handicap et des maltraitances : encore un long chemin à parcourir


 


Jacques Cofard  28 mars 2024

Contre les maltraitances dans les établissements accueillant des personnes handicapées, la ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées Fadila Khattabi a annoncé le lancement d'une stratégie nationale contre les maltraitances 2024-2027.

Instituts médico éducatifs : des conditions de travail et d'accueil déplorables

Alors que le groupe Orpea, au cœur d'un scandale sur la prise en charge des personnes âgées il y a deux ans, a décidé de changer de nom pour se baptiser Emeis, la chaine M6 a diffusé ce 24 mars un documentaire sur la prise en charge du handicap, qui rappelle à bien des égards les inacceptables manquements du célèbre groupe d'Ehpad.

On y suit le parcours de Sandrine, mère d'un enfant autiste qui attend depuis cinq ans une place en institution pour son fils. En attendant d’obtenir un placement, elle a dû arrêter de travailler pour s'occuper à plein temps de son enfant.

Au sein des instituts médico éducatifs (IME), la situation est loin d'être idéale pour ceux qui ont réussi à obtenir une place. Olivier, professeur dans un IME, déplore les conditions de travail et d'accueil totalement déplorables : plafond qui s'écroule, manque d'accompagnement des enfants lourdement handicapés, des enfants qui mangent, travaillent et sont changés dans la même salle ...

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“On ne guérira pas, mais on n’est pas condamné”, Sarah, atteinte de troubles bipolaires livre son histoire poignante

Écrit par Elisabeth Khanchali   Publié le 

À l’occasion de la journée mondiale des troubles bipolaires, samedi 30 mars, Sarah nous partage son histoire. Diagnostiquée bipolaire en 2016, elle nous raconte les étapes par lesquelles elle a dû passer et son lien avec la maladie.

Sarah est atteinte de troubles bipolaires. Cette cinquantenaire a attendu une dizaine d’années avant de se faire diagnostiquer. Traitée auparavant pour dépression, ce sont des troubles de l’humeur qui ont permis à sa psychiatre de déceler ses troubles bipolaires en 2016.

Le trouble bipolaire est une maladie psychique chronique responsable de dérèglements de l’humeur avec le plus souvent une alternance d’états d’exaltation et de dépression. “Pendant les phases maniaques, on possède énormément d’énergie, on peut ne pas dormir durant plusieurs jours, développer beaucoup de projets et avoir des pulsions comme des achats compulsifs”, explique-t-elle et de reprendre : “La phase dépressive, c’est l’inverse, on fait face à des pensées suicidaires, l’impossibilité de faire quoi que ce soit”

Selon l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), un individu sur 100 est concerné par ce trouble psychique.

“On peut être tranquille pendant deux ans et puis repartir”

Selon cette Jurassienne, “c’est très difficile d’accepter cette maladie, car entre deux phases maniaques ou dépressives, on a des phases totalement normales. On peut être tranquille durant un ou deux ans et puis repartir, c’est aussi cela qui rend le diagnostic difficile”. D’autant que les malades peuvent faire face à des phases hypomaniaques, moins évidentes à repérer que les phases maniaques. Ce sont généralement les phases maniaques qui permettent de diagnostiquer la bipolarité.

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Une première dans l’histoire de la psychiatrie réunionnaise, une femme nommée à sa tête !

Ecrit par Jean Claude Comorassamy – le samedi 30 mars 2024 

Pour la première fois dans l’histoire de la psychiatrie réunionnaise, après environ deux cent cinquante ans d’existence, dont plus de deux siècles sous la falaise de St-Paul (berceau de la psychiatrie), que l’Établissement Public en Santé Mentale de la Réunion (EPSMR) situé à Cambaie et Bras Fusil depuis juin 2005, se voit disposer à sa tête une femme.

Succédant ainsi l’intérim d’une autre Femme en la personne de Mme Aurélie Rama nommée par l’Agence Régionale de Santé de la Réunion, à la suite du départ du Directeur Général Laurent Bien, il y a 7 mois à Wallis-et -Futuna. C’est ainsi que l’EPSMR et le Centre Hospitalier Ouest Réunion CHOR (délocalisé à Cambaie en mars 2019, il y a 5 ans) voient arriver Mme Nathalie Robin-Sanchez à la commande de ces deux établissements.

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Psychiatrie de précision 899 euros

Par Alexandra Chopard

29 Mars 2024

899 euros

C'est le coût (sans prise en charge possible par la Sécurité sociale à ce stade) d'un test biologique innovant, baptisé myEDIT-B, qui va être mis à disposition des patients pour différencier la bipolarité d'une dépression.

Dès ce mois d'avril, myE­DIT-B sera ex­clu­si­ve­ment dis­po­nible au sein des la­bo­ra­toires de bio­lo­gie mé­di­cale du ré­seau Syn­lab. Il s'adresse aux per­sonnes de plus de 18 ans trai­tées pour un épi­sode dé­pres­sif ca­rac­té­risé mo­déré ou sé­vère, et né­ces­site une pres­crip­tion par un psy­chiatre, ac­com­pa­gnée d'une fiche de ren­sei­gne­ments cli­niques si­gnée du mé­de­cin. Son ré­sul­tat est connu sous un mois, quand, comme le rap­pellent à des­sein les pro­mo­teurs de ce pre­mier test bio­lo­gique en santé men­tale, le dé­lai de diag­nos­tic des troubles bi­po­laires est en moyenne de huit à dix ans.

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Formation des enseignants : « Les propositions de réforme empruntent une voie opposée à l’idée d’une autonomie professionnelle »

Publié le 2 avril 2024

Patrick Rayou et André Robert, professeurs d’université et membres du Collectif d’interpellation du curriculum, s’inquiètent, dans une tribune au « Monde », qu’une réforme des contenus de la formation construite au prisme des neurosciences ne conduise à une « négation de la professionnalité enseignante ».

Dans plusieurs pays, Etats, provinces ou régions (Australie, Communauté française de Belgique, France, Québec…), à travers les perspectives de refonte de la formation des enseignants, se voit plus ou moins subrepticement remis en cause le modèle – pourtant accrédité depuis une bonne vingtaine d’années – d’un praticien qui réfléchit dans l’action, notamment en adaptant, concevant, voire créant, ses progressions et séquences d’enseignement avec le libre choix de ses méthodes. Référer à des programmes en vigueur dans le cadre d’une législation scolaire précise, ce modèle ne délie évidemment pas l’enseignant des obligations liées au statut de fonctionnaire en général, encore moins des préconisations formulées dans les référentiels de métier en particulier.

Faute de médecins, l'hôpital psychiatrique d'Auxerre doit fermer temporairement 23 lits

Publié le 01/04/2024 

Faute de médecins, l'hôpital psychiatrique d'Auxerre doit fermer temporairement 23 lits

Les personnels du CHSY ont prévu de se mobiliser ce mardi 2 avril 2024, avec notamment une opération de tractage au rond-point de Paris à Auxerre. Photo d'archives © SALESSE Florian

Un service de 23 lits d'hospitalisation libre ferme à l'hôpital psychiatrique d'Auxerre. Cette décision, prise en raison du manque de médecins psychiatres, se veut temporaire.  
Faute de médecins psychiatres, un service d’hospitalisation libre pour adultes du centre hospitalier spécialisé de l'Yonne (CHSY) est contraint de fermer jusqu’à nouvel ordre. Il est composé de 23 lits. Le service a interrompu les entrées le lundi 25 mars 2024 et doit fermer ce mercredi 3 avril. Face à cette décision, les personnels de l’établissement ont prévu de se mobiliser ce mardi 2 avril. Ils vont mener une opération de tractage à la mi-journée au rond-point de Paris à Auxerre.

Itinéraire d'un féminicide

Vendredi 29 mars 2024

Provenant du podcast

Les Pieds sur terre

Un collage de photographies d'Alaïs ©Radio France

Elle s’appelait Alaïs Ragot, elle avait 18 ans et le 10 février 2020, elle a été violemment assassinée. Quatre femmes racontent, tour à tour, ce féminicide tragique et les années non moins violentes qui l’ont précédé : Stéphanie, sa mère, Dym, sa sœur, Lola, une amie et Nathalie, sa tante.

Stéphanie se rappelle sa fille plus jeune, avant son entrée au collège, "Alaïs était curieuse, très sociable, très souriante". La vie de la jeune fille bascule lorsqu’un camarade de classe la viole, "je ne reconnaissais plus ma fille qui ne voulait plus que je la touche, que je l'appelle ma puce : j'ai compris bien plus tard que c'est comme ça qu'il l'appelait quand il a abusé d'elle". À l’époque, Alaïs se confie à quelques copines, "ça a fait tout un enchaînement de rumeurs", "quand elle est retournée à l'école, on lui a tourné le dos", "il y avait toujours cette suspicion d'innocence vis-à-vis ce garçon qui était très populaire, très drôle, très charismatique".

Alaïs change d’établissement, mais les rumeurs la poursuivent. Très vite, elle sombre : elle commence à se scarifier, multiplie les fugues et les passages en hôpital psychiatrique. Progressivement, la jeune adolescente coupe les ponts avec sa famille. À 16 ans déjà, elle n’habite plus avec ses parents. Pour sa sœur, c’est à ce moment qu’elle aurait commencé à se prostituer, sans le dire à personne. À sa mère, elle explique qu’elle fait du baby-sitting.

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Que se passe-t-il dans un noyau d’atome ?

Vendredi 29 mars 2024

Provenant du podcast

La Conversation scientifique

Atom, illustration - Crédits :	KTSDESIGN/SCIENCE PHOTO LIBRARY

On l'imagine comme une tranquille framboise microscopique, alors qu'il est en réalité le théâtre de phénomènes subtils, ultraviolents et très rapides : que se passe-t-il au juste dans un noyau d’atome ?

Avec

Marine Vandebrouck

Antoine Drouart chercheur en physique nucléaire fondamentale au CEA

Les noyaux atomiques sont composés de protons et de neutrons, bien collés les uns aux autres. On les imagine ressemblant à de tranquilles framboises microscopiques, alors qu’ils sont en réalité le théâtre de phénomènes subtils, ultraviolents et très rapides : on s’y agite par endroits à des vitesses qui sont proches de celle de la lumière…

Que se passe-t-il au juste dans un noyau d’atome ?

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Le volume du cerveau humain continue d'augmenter...

Jeudi, 28/03/2024 

Une récente étude de l'Université California Davis de Sacramento montre une croissance notable du volume cérébral chez les individus nés après les années 1930. Les données recueillies suggèrent une augmentation de 6,6 % du volume et de près de 15 % de la surface corticale chez les personnes nées dans les années 1970 par rapport à celles nées dans les années 1930. Le professeur Charles DeCarli, auteur principal de l’étude, souligne que la génétique joue un rôle crucial dans la détermination de la taille du cerveau. Néanmoins, des facteurs externes tels que les conditions de vie, l’éducation et l’environnement culturel, semblent également influencer cette augmentation.

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Gabegie Au moins un milliard de repas gaspillés chaque jour, une «tragédie mondiale» pour l’ONU

par Coralie Schaub   publié le 27 mars 2024

Selon un rapport publié ce 27 mars par le Programme des Nations unies pour l’environnement, en 2022, chaque habitant de la planète a jeté 79 kilos d’aliments. Une gabegie mondiale aux effets catastrophiques pour la sécurité alimentaire, l’environnement et l’économie.

Chaque jour, en 2022, l’équivalent d’au moins un milliard de repas a été gaspillé dans le monde par les ménages. Et la quantité réelle pourrait «être bien plus élevée», car il s’agit là d’une évaluation minimale, précise le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), qui publie ce mercredi 27 mars 2024 un rapport qualifié «d’estimation mondiale la plus précise sur le gaspillage alimentaire à l’échelle de la vente au détail et des consommateurs». Ce chiffre est d’autant plus choquant que la même année, 783 millions de personnes ont souffert de la faim et un tiers de l’humanité a été confronté à l’insécurité alimentaire. «Le gaspillage alimentaire est une tragédie mondiale, s’indigne la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen. Des millions de personnes auront faim aujourd’hui, pendant que de la nourriture est gâchée.» Pour elle, il s’agit là «d’un problème majeur de développement, et les impacts de ce gaspillage inutile sur le climat et la nature sont aussi substantiels».

Un tiers de la production alimentaire totale

Selon cette étude, réalisée en partenariat avec l’ONG britannique Wrap, 1,05 milliard de tonnes de denrées alimentaires (y compris les parties immangeables comme les os, arêtes, noyaux ou coquilles d’œufs) ont été jetées dans le monde en 2022, soit «près d’un cinquième (19 %) de toute l’alimentation mise à la disposition des consommateurs». Cette quantité «faramineuse» est en hausse par rapport à la précédente – et première – édition de ce document, publiée en 2021, laquelle estimait le gaspillage alimentaire mondial (toujours au niveau des ménages, des restaurants et commerces) à environ 931 millions de tonnes pour l’année 2019.

Pire, cela ne représente qu’une partie du gaspillage alimentaire total. Car ce volume ahurissant de victuailles mis au rebut plutôt que dans nos estomacs s’ajoute aux 13 % du total de la production alimentaire mondiale perdus en amont de la chaîne d’approvisionnement (après les récoltes et avant l’arrivée dans les commerces), un chiffre fourni par une autre institution onusienne, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Des champs à l’assiette, le monde dilapide donc un tiers de la production alimentaire totale.

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Extrême droite Brigitte Macron était un homme : itinéraire d’un fantasme, des complotistes français aux agités trumpistes

par Maxime Macé et Pierre Plottu   publié le 15 mars 2024

Par la voix de la trumpiste Candace Owens, l’extrême droite américaine s’est emparée de la fake news selon laquelle Brigitte Macron serait née homme. Donnant une nouvelle viralité à cette théorie issue d’un média proche d’Alain Soral et popularisée via la chaîne YouTube d’une médium.

Brigitte Macron serait un homme. Ce fantasme complotiste pourrait faire sourire, s’il n’empoisonnait pas la vie de la femme du président de la République et de ses proches, harcelés depuis des années par les sphères conspirationnistes et leurs «enquêteurs» autoinstitués. Au point que le chef de l’Etat a réagi en personne, le 8 mars en marge de la cérémonie consacrant l’entrée du droit à l’IVG dans la Constitution, dénonçant «ces fausses informations et ces scénarios montés avec des fadas, des gens qui finissent par y croire et vous bousculent dans votre intimité». Ces élucubrations sont aussi la matière d’un livre-enquête à paraître le 22 mars aux éditions Studiofact, l’Affaire Madame par la journaliste de l’Obs Emmanuelle Anizon. Elles connaissent ces temps-ci un nouveau souffle, relayées par la puissante alt-right américaine, nouvel avatar de l’extrême droite locale.

Le portrait Juan-David Nasio, psychédélices

par Sabrina Champenois   publié le 29 mars 2024

A 81 ans, le psychiatre, psychanalyste et essayiste franco-argentin a publié 35 livres, fait de la radio et continue d’étoffer allègrement sa patientèle.

Suspendu au mur, portrait au crayon qui a appartenu à Françoise Dolto, le patron Sigmund F. darde son regard perforant. Bah, même pas peur. Hormis la statue du commandeur, tout est doux voire doudou dans le cabinet en rez-de-chaussée du XVIe arrondissement parisien. «Si vous y étiez, vous sentiriez tout de suite l’ambiance chaleureuse aux lueurs jaunes et orangées», décrit Juan-David Nasio dans son dernier livre, le trente-cinquième. Tout de même, on ajouterait «baroque». Il y a pétarade de couleurs : saumon, rose, mauve, vert, bleu, rouge, brun. Des fleurs aussi, un peu partout jusqu’en motifs de rideaux. Et des tableaux chamarrés. Et des pense-bêtes où sont notés des noms et des numéros de téléphone, d’une écriture charnue. Et des babioles. Et des cartes de remerciements. Et des catalogues d’exposition de peinture. Et des livres et figurines pour enfants. Et plein de stylos, de feutres… Seul le divan, massif, en bois foncé, est sentencieux. Mais une fois qu’on y a posé manteau, sac et parapluie, il vire au canapé lambda. Juan-David Nasio laisse faire, pas du genre à sacraliser le meuble qui symbolise sa profession. «A tort, écrit-il d’ailleurs. […] Il m’est même arrivé de faire une séance en marchant avec mon patient le long du quai de la Seine parce qu’il était impossible ce jour-là de se parler à cause du bruit assourdissant d’un marteau-piqueur qui terrassait le trottoir devant ma fenêtre.»

Le billet de Sabrina Champenois La pilule pour se muscler sans faire de sport, indéniable progrès… et promesse de dérives

par Sabrina Champenois   publié le 25 mars 2024

Un laboratoire américain l’annonce pour dans cinq ans, ce qui constitue un grand espoir pour les personnes atteintes d’atrophie musculaire. Mais on voit d’ici le mésusage qui pourrait en être fait.

La promesse porte pour l’heure le doux nom de SLU-PP-332. «Les souris traitées avec le SLU-PP-332 ont montré une amélioration de leur endurance sur un tapis roulant pour rongeurs, indique un article du magazine américain FortuneLe traitement a également augmenté le nombre de fibres musculaires résistantes à la fatigue chez les animaux, ont constaté les chercheurs.» Mais ne nous emballons pas, «les nouvelles générations que nous avons développées devraient, je l’espère, arriver en clinique un jour dans les cinq prochaines années, précise le pilier du projet, Bahaa Elgendy, docteur en chimie médicinale et professeur agrégé d’anesthésiologie à la faculté de médecine de l’université Washington à Saint-Louis (Missouri). Le passage de l’animal à l’homme prend beaucoup de temps. Nous devons effectuer beaucoup plus d’essais précliniques, ce qui est essentiel pour garantir la sécurité.» Le SLU-PP-332 est in progress depuis une décennie, et fait régulièrement objet de points d’étape très commentés. Et pour cause.

De quelle GPA parle-t-on en France ?

par Jérôme Courduriès, anthropologue, professeur des universités, université Toulouse Jean-Jaurès  

publié le 21 mars 2024

La première question à se poser est de savoir si on souhaite ou non autoriser la GPA en France ? questionne l’anthropologue Jérôme Courduriès. Et si oui dans quel cadre. Si l’on se réfère aux dispositions adoptées dans les autres pays autorisant la GPA, les réponses juridiques diffèrent mais peuvent nourrir le débat.
 

Une gestation pour autrui éthique est-elle possible ? «Je suis, à titre personnel, favorable à une GPA éthique.» Il aura suffi d’une petite phrase prononcée par le patron des socialistes Boris Vallaud, dans la magazine Têtu début mars, pour relancer le débat au sein du parti. «Ce qui n’est pas éthique, c’est l’absence de cadre législatif et réglementaire. Il y a des GPA qui se produisent dans des conditions de marchandisation du corps, et le meilleur rempart contre cela c’est de légiférer», affirmait le député des Landes. Une position qui ne fait pas l’unanimité.

En 1994, à l’occasion de l’adoption de la première loi de bioéthique, la France a prohibé la gestation pour autrui (GPA) sur son sol. Et, alors que presque tous les autres sujets relevant de la bioéthique ont depuis fait régulièrement l’objet de nouvelles discussions, on nous dit que le sujet de la GPA est clos une fois pour toutes.

Parce qu’elle concerne un domaine où l’état des savoirs, les pratiques juridiques et les techniques médicales évoluent rapidement, et que de nouvelles questions se posent régulièrement à propos des usages du corps humain, le Parlement a prévu que la loi de bioéthique soit révisée périodiquement. Ces révisions ont eu lieu en 2004, 2011 et 2021, et en vingt-sept ans, la loi a connu bien des évolutions sur plusieurs questions.

TRIBUNE Il ne peut exister de GPA «éthique»

par Gabrielle Siry-Houari, maire adjointe du XVIIIe arrondissement de Paris, bureau national du PS  

publié le 21 mars 2024

La lutte pour les droits des femmes suppose d’affranchir leur corps de l’assignation reproductive, qui est l’une des raisons principales de leur domination, rappelle un collectif d’élus socialistes.

Une gestation pour autrui éthique est-elle possible ? «Je suis, à titre personnel, favorable à une GPA éthique.» Il aura suffi d’une petite phrase prononcée par le patron des socialistes Boris Vallaud, dans la magazine Têtu début mars, pour relancer le débat au sein du parti. «Ce qui n’est pas éthique, c’est l’absence de cadre législatif et réglementaire. Il y a des GPA qui se produisent dans des conditions de marchandisation du corps, et le meilleur rempart contre cela c’est de légiférer», affirmait le député des Landes. Une position qui ne fait pas l’unanimité.

A la suite du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, plusieurs personnalités de gauche et de la majorité ont été interrogées sur la question de la gestation pour autrui (GPA) et se sont montrées ouvertes à une «GPA éthique». Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et de la Famille, jugeait même souhaitable de «sortir du tabou de la gestation pour autrui» tout court. Nous ne le répéterons jamais assez : la lutte pour les droits des femmes suppose d’affranchir leur corps de l’assignation reproductive, qui est l’une des raisons principales de leur domination.

Témoignages «Pourquoi se sont-ils acharnés ?» : la famille de Luis Bico, atteint de troubles psy et tué par la police, sort du silence

par Fabien Leboucq   publié le 28 mars 2024

L’homme de 47 ans, souffrant de schizophrénie bipolaire, est mort après un refus d’obtempérer dans le Loiret en 2017. Alors que la Cour de cassation doit se pencher sur l’affaire le 4 avril, sa famille regrette le manque de discernement des forces de l’ordre.

Sept ans de silence s’effritent dans le salon blanc d’un lotissement propret de la banlieue d’Orléans. Pauline Bico reçoit chez elle, avec ses parents, Casimir et Christelle Vendeiro-Bico. Pour la première fois, ils racontent une vie entre gentillesse et hôpital psychiatrique : celle de Luis Bico, leur oncle, frère et beau-frère. Ils décrivent aussi sa mort, dans sa voiture en bas de chez lui, sous les balles de la police, le 19 août 2017 à Châlette-sur-Loing (Loiret). Quelques mois plus tôt, une loi assouplissait le cadre légal dans lequel les policiers peuvent utiliser leur arme, notamment en cas de refus d’obtempérer. Ce texte, l’article 435-1 du code de la sécurité intérieure, est un refrain de ce dossier. Le juge d’instruction l’a retenu dans son ordonnance de non-lieu, disculpant en août 2022 l’adjoint de sécurité Steven R., auteur de douze tirs dont deux mortels. Citant la même loi, la cour d’appel d’Orléans a confirmé cette décision en juin. Le 4 avril, la Cour de cassation se penchera sur cette affaire, et nourrira la maigre jurisprudence de cette loi.