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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 11 janvier 2024

Chronique «Aux petits soins» Liens entre professionnels de santé et industriels : une hypocrisie à la française

par Eric Favereau   publié le 6 janvier 2024

En ce début d’année, tout professionnel de santé doit déclarer ses liens financiers avec les industriels, y compris les ministres. Mais manifestement cette transparence ne suffit pas pour rendre plus sain les rapports.

Début janvier, c’est l’heure des factures et des déclarations. Bernard Bégaud, pharmacologue, ancien président de l’université de Bordeaux, vient de recevoir, comme tous ses confrères, une piqûre de rappel de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). «Nous vous confirmons votre inscription au sein de l’instance experts ponctuels. Pour rappel, une déclaration d’intérêts (DPI) doit être mise à jour a minima annuellement même sans modification. A l’issue de la date anniversaire de la déclaration, il convient d’actualiser obligatoirement votre déclaration même en l’absence de nouveau lien d’intérêts. Par ailleurs, dès qu’une modification intervient ou que de nouveaux liens sont noués, vous devez actualiser votre déclaration d’intérêts […]. Pour information, une fois contrôlée et validée votre DPI est publiée sur le site Internet de l’ANSM. Cordialement». Signé l’Agence.

Interview «Des enfants à la rue qui commettent des délits sont des enfants en danger»

par Rachid Laïreche   publié le 6 janvier 2024

Avec son association Hors la rue, qui accompagne les mineurs isolés, Guillaume Lardanchet s’est constitué partie civile au procès de six hommes accusés d’avoir drogué des jeunes marocains pour les utiliser comme voleurs. Pour lui, il est essentiel de considérer enfin ces enfants comme des victimes plutôt que comme des délinquants. 

Guillaume Lardanchet est directeur de Hors la rue, une association qui repère et accompagne les mineurs étrangers en danger. Il charbonne dans le milieu depuis une quinzaine d’années. Nous l’avons croisé à plusieurs reprises pour évoquer le procès qui s’ouvre ce mardi : six ressortissants algériens comparaissent à Paris pour «traite d’êtres humains aggravée». Ils sont accusés d’avoir filé des psychotropes à des mineurs isolés marocains pour les contraindre à commettre des délits au Trocadéro. Hors la rue a décidé de se constituer partie civile. Une première pour l’association. Guillaume Lardanchet, 42 ans, connaît les mineurs marocains. Hors la rue a tenté de les faire sortir de l’errance lorsqu’ils traînaient dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Aujourd’hui, l’association les accompagne juridiquement. Après un moment d’hésitation, «pour ne pas se mettre en avant», Guillaume Lardanchet a accepté de parler longuement du procès qui arrive mais aussi du phénomène au sens large : des mineurs isolés à la rue en danger face à des organisations criminelles sans pitié. Ils poussent des gamins, en fragilités maximales, à surconsommer de la drogue pour commettre des infractions aux genres multiples.

Interview Troubles mentaux chez les enfants défavorisés : «Il n’y a pas de déterminisme, l’accès aux soins doit être mieux adapté»

par Apolline Le Romanser   publié le 9 janvier 2024

Les données publiées ce mardi 9 janvier par Santé publique France montrent que les enfants défavorisés sont davantage susceptibles de développer des troubles du comportement et psychiatriques. Maria Melchior, épidémiologiste à l’Inserm, revient sur les facteurs sociaux de ces troubles et les solutions envisageables.

En matière de santé mentale aussi, les inégalités sociales sont nombreuses. Et elles débutent dès l’enfance«De nombreuses pathologies sont plus fréquentes en présence d’un désavantage social (surtout financier), notamment les troubles mentaux», assène une étude de Santé publique France publiée ce mardi 9 janvier. Qu’il s’agisse de troubles du spectre autistique, du comportement, émotionnels, les enfants des milieux défavorisés apparaissent les plus touchés.

Les scientifiques s’appuient sur les données recueillies auprès de 13 millions de personnes de moins de 18 ans, dont ils ont évalué le niveau social selon un indice de défaveur sociale et leur couverture par la complémentaire santé solidaire.

Si ce type de données est relativement nouveau en France, d’autres pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni le documentent depuis plusieurs années. Et leurs recherches vont dans le même sens : les causes expliquant ces troubles sont multifactorielles, mais l’environnement social des enfants peut jouer un rôle important. Maria Melchior, épidémiologiste à l’Inserm et spécialiste des déterminants sociaux de la santé mentale, revient pour Libération sur ces facteurs de risque et les solutions pour améliorer la situation.

La contraception masculine entre dans une nouvelle ère


 




Par    Publié le 09 janvier 2024

De nombreux nouveaux produits sont aujourd’hui en développement, que l’on espère efficaces, sûrs, pratiques et réversibles. Dans cette course, le gel hormonal NES /T paraît avoir plusieurs longueurs d’avance sur ses concurrents.

Le contraceptif masculin NES/T est un gel hormonal, composé d’un progestatif, la Nestorone, et d’un dérivé de testostérone. 

Kelly Hall se considère comme une vieille routière de la contraception. A 34 ans, cette ingénieure, employée de la ville de Seattle (Washington) et mère de trois enfants, pense avoir « à peu près tout essayé ». La pilule, bien sûr, ou plutôt les pilules. « En dehors des désagréments, j’étais surtout incapable d’y penser chaque jour. J’oubliais, et il fallait attendre le cycle suivant. » L’injection hormonale, censée bloquer l’ovulation pendant douze semaines : « Je n’ai pas eu de règles pendant neuf mois. » Elle a alors tenté l’implant, posé sous la peau du bras, pour une durée de trois ans : « J’ai saigné pendant neuf semaines. Le médecin l’a retiré. » Elle s’est rabattue sur l’anneau vaginal. Mais il tombait. Comme est tombé le premier stérilet qui lui a été installé. « Le deuxième, il a perforé mon utérus et s’est retrouvé dans l’intestin. Il a fallu m’opérer en urgence. Disons que je n’ai pas eu beaucoup de chance avec les contraceptifs féminins. »

"On ne nous voit plus en tant que malade, mais en tant que personne". Radio Pinpon fait vibrer les patients de l'hôpital

Publié le 

Écrit par Marie Radovic , Alain Darrigrand et Morgan Plouchart

Depuis cinq ans, la station Radio Pinpon, installée au sein de l’hôpital de Niort, est animée par des patients de l’unité psychiatrique. Le projet, encadré par des soignants, fait partie du parcours de soins.

Casque sur les oreilles, lumière rouge pour signaler la prise d’antenne… Nathalie est prête pour son émission du jour. "Bienvenue sur Radio-Pinpon ! Aujourd’hui, je reçois Cédric !", annonce-t-elle avec entrain. Nathalie est une patiente de l’unité psychiatrique du centre hospitalier de Niort, tout comme son invité du jour. Ensemble, ils s’apprêtent à évoquer les futurs Jeux Olympiques, une parenthèse dans un quotidien pas toujours simple.

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L'ibogaïne, substance psychédélique qui soulage les traumatismes

Repéré par Félix Didier — 9 janvier 2024 

Une étude menée sur des vétérans envoie un signal prometteur pour le traitement des troubles de stress post-traumatique.

Cette substance produit un phénomène onirique, et certains consommateurs décrivent l'expérience de voir défiler un «diaporama de leur propre vie». | Teslariu Mihai via Unsplash

Cette substance produit un phénomène onirique, et certains consommateurs décrivent l'expérience de voir défiler un «diaporama de leur propre vie». | Teslariu Mihai via Unsplash

Joe Hudak avait tout essayé. Ancien militaire des forces spéciales américaines désormais à la retraite, il est rentré de ses services en Irak, en Afghanistan et en Amérique du Sud avec d'importants troubles de stress post-traumatique (TSPT). Ni les thérapies par la parole, ni la gamme de médicaments lui ayant été prescrits n'ont pu améliorer son état. Il a tenté de mettre fin à ses jours deux fois en 2012, l'année suivant son retour aux États-Unis.

C'est à travers l'organisation Veterans Exploring Treatment Solutions qu'Hudak semble avoir trouvé une échappatoire. En 2022, lui et vingt-neuf autres vétérans membres de l'organisation ont collaboré avec l'Université Stanford dans le cadre d'une étude testant les effets d'une substance psychédélique, l'ibogaïne. L'étude a pris place au Mexique, où son utilisation n'est pas restreinte.

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Conférence "Écritures en errance. De l’art brut aux arts de la scène"

 aixenprovence.fr

Ma ville durable

Publié le 8 janvier 2024

À la veille du vernissage de l’exposition "Écritures en errance" à la galerie de la Manufacture, l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence Félix Ciccolini organise le mercredi 17 janvier à 18h30, une conférence « Écritures en errance. De l’art brut aux arts de la scène » niamée par Gustavo Giacosa.

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Visite de la Biennale "Visages" à la Collection de l'Art Brut

 UNIVERSITE POPULAIRE LAUSANNE

L’Art Brut, une création aux mille visages. Dans le cadre de sa 6e Biennale, la Collection de l’Art Brut présente 332 œuvres de 40 autrices et auteurs, issues exclusivement de son fonds.

Date

Le 14 mars 2024

Visite de la Biennale "Visages" à la Collection de l'Art Brut

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Traitements monstrueux et touristes riant des malades: l'enfer de l'asile de Bedlam au XVIIIe siècle

Manuella Binet — Édité par Natacha Zimmermann — 

Les visiteurs, généralement de riches Londoniens, venaient s'y «divertir», au détriment des patients.

Dans sa gravure La Maison de fous (1735, ici retouchée en 1763), dernier tableau de la série A Rake's Progress, William Hogarth représente une scène entre visiteurs et patients au sein de l'hôpital de Bethlem. | McCormick Library, Northwestern University via Wikimedia Commons
Dans sa gravure La Maison de fous (1735, ici retouchée en 1763), dernier tableau de la série A Rake's Progress, William Hogarth représente une scène entre visiteurs et patients au sein de l'hôpital de Bethlem. | McCormick Library, Northwestern University via Wikimedia Commons

Si vous parlez anglais, vous avez peut-être déjà entendu le mot «bedlam», pour parler de «désordre», de «chaos». À l'origine, il désigne le plus ancien hôpital psychiatrique d'Europe, situé à Londres et créé en 1247 par un ordre religieux pour accueillir des gens pauvres. Devenue le Bethlem Royal Hospital (c'est son nom officiel, «Bedlam» étant le surnom que lui ont donné les Londoniens), l'institution a commencé à accueillir des personnes atteintes de maladies mentales au XVe siècle. Si «bedlam» a réussi à entrer dans la langue courante anglaise, c'est parce que son histoire est pour le moins tumultueuse.

Au XVIIIe siècle, les «détenus», comme ils étaient appelés là-bas, souvent des personnes vivant dans la précarité, dont les plus agités étaient attachés et enfermés dans des geôles humides, y recevaient des «traitements» ressemblant plus à des sévices et à de la torture qu'à des soins. D'ailleurs, l'hôpital psychiatrique n'acceptait à cette époque que les malades dont il était à peu près sûr qu'ils pouvaient supporter les soi-disant thérapies imposées, même si une partie d'entre eux n'en ressortaient pas vivants. Selon les statistiques analysées par William Black, un médecin qui a exercé à Bedlam, dans sa Dissertation on Insanity («Thèse sur la folie»), 1.200 résidents sur 6.000 sont morts lors de leur séjour à l'hôpital en trente ans (entre 1750 et 1780), soit 1 patient sur 5.

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« Il souffle un vent favorable à la réflexion collégiale »

05/01/2024

L’Espace de réflexion éthique (ERE) d’Occitanie a rendu public en fin d’année un « petit guide à l’usage des professionnels du soin » portant sur la collégialité dans les soins à domicile. L’objectif : partager des pistes de réflexion éthique quant au recours à la collégialité face à des prises en charge complexes à domicile. Le point avec Marie-Claude Daydé, infirmière libérale, chargée de mission au sein de cet ERE, qui a coordonné le guide.

Pourquoi l’ERE Occitanie a-t-il choisi de traiter de la thématique de la collégialité ? 

Notre groupe de travail s’interroge sur les questions d’éthique pratique à domicile. Nous avons décidé d’approfondir ce thème en raison du contexte actuel : les besoins de santé croissent, et les professionnels de santé du domicile font état de situations complexes qu’ils rencontrent de plus en plus régulièrement, et qui parfois continuent à se complexifier au cours de la prise en charge. Ils ne peuvent donc pas trouver seuls des solutions optimales. Ils ont besoin de réfléchir collectivement.


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Quel est le trouble mental le plus dangereux du monde ?

Écrit par Marine Cestes   Le 07/01/2024 

[...]

Les maladies mentales les plus dangereuses du monde sont :

  • le syndrome de Fregoli : ce délire apparaît quand celui qui en souffre est convaincu qu’une personne se déguise et se fait passer pour quelqu’un de son entourage pour lui faire du mal ;
  • le délire de Capgras : la personne est convaincue qu’un imposteur remplace une personne de sa vie. C’est typique de la schizophrénie ;
  • le syndrome de Cotard : la personne croit qu’elle est morte ou qu’elle n’existe pas, ce qui crée l’isolement, le manque de soins et l’éloignement de la réalité ;
  • le syndrome de l'atteinte à l’intégrité corporelle : celui qui en souffre ressent le désir irrationnel de s’amputer une partie du corps, et il peut finir par le faire.


Carl Gustav Jung : psychiatre, psychanalyste et gourou

 

Publié en ligne le 8 janvier 2024

PSYCHOLOGIE SCIENTIFIQUE /
Chronique de Jacques Van Rillaer

Carl Gustav Jung (1875-1961) est un médecin suisse, dont le nom évoque la « psychanalyse jungienne » et la « psychologie analytique ». Il a grandi dans un milieu imprégné de croyances irrationnelles. Son père était pasteur protestant. Son grand-père maternel, également pasteur, prétendait être en relation avec des esprits. Dans son bureau, un siège était réservé à l’esprit de sa première femme qui venait lui rendre visite chaque semaine [1]. À l’âge de 23 ans, Jung a participé à un groupe qui effectuait des expériences de spiritisme avec, pour médium, sa cousine Hélène Preiswerk. Il a alors dévoré des écrits sur la parapsychologie. Il a consacré sa thèse de doctorat en médecine à la psychologie des phénomènes occultes. Il a toujours gardé un très vif intérêt pour ces phénomènes.

Le psychiatre

Jung s’est formé à la psychiatrie à partir de 1900 au Burghölzli, le prestigieux hôpital psychiatrique de l’université de Zurich. Le directeur était alors Eugen Bleuler, un des psychiatres les plus célèbres d’Europe. En 1902-1903, Jung fit un stage d’un semestre à la Salpêtrière, chez Pierre Janet. Il en revint avec l’idée de Janet selon laquelle il y a, en particulier chez les malades mentaux, des « idées fixes subconscientes », à forte valeur affective, qui se comportent comme des personnalités parcellaires dans l’inconscient.

Bleuler a invité Jung à réaliser des recherches avec le test des associations verbales qu’avait imaginé Sir Francis Galton, puis développé le psychiatre Theodor Ziehen. L’expérimentateur prononce une série de mots soigneusement choisis. Le sujet doit à chaque fois énoncer le premier mot qui lui vient à l’esprit. Pour Ziehen, un long temps de réaction permet de détecter des « complexes de représentations émotivement chargées » dont le sujet n’a pas habituellement conscience 1.

Jung a notamment constaté la ressemblance des réponses données par les pères et les fils et, d’autre part, par les mères et les filles. Il a estimé que le test permet d’explorer l’inconscient. Il a pensé que c’était un moyen de détecter des criminels, mais a fini par se rendre compte que c’était une méthode problématique. Le test des associations verbales, comme les autres techniques projectives qui viendront après lui, laisse trop de place à l’interprétation de l’investigateur et à la projection de ses propres idées. Jung, qui a travaillé pendant plusieurs années à ce test, a publié en 1906 un livre à son sujet puis a abandonné sa pratique.

Le psychanalyste

En 1900, Bleuler a demandé à Jung de rendre compte du livre de Freud sur les rêves. Jung s’est alors intéressé aux publications de Freud. Dans son ouvrage sur la démence précoce (1906), Jung écrit qu’il ne partage pas les idées de Freud sur l’importance de la sexualité. Pour lui, la thérapie de Freud est « tout au plus une méthode possible ». Néanmoins, il a envoyé son livre sur les associations à Freud en 1906 et est allé le voir l’année suivante à Vienne. Les deux hommes ont été enchantés de se rencontrer. Jung croyait que Freud allait révolutionner la psychologie. Freud se réjouissait de la reconnaissance que lui apportait le numéro deux du célèbre hôpital de Zurich. Il voyait en Jung le moyen, pour sa psychanalyse, d’appartenir à la communauté scientifique de la psychiatrie et d’échapper à la critique d’être une « science juive ». Il a rapidement considéré Jung comme son héritier. Il lui écrivait en 1909 : « Vous serez celui qui comme Josué, si je suis Moïse, prendra possession de la terre promise de la psychiatrie » [2] et à Binswanger deux ans plus tard : « Si l’empire que j’ai fondé devenait orphelin, nul autre que Jung devrait hériter de tout. Vous voyez, ma politique poursuit inlassablement ce but » [3]. Il s’est arrangé pour que Jung devienne en 1910 le premier président de l’Association psychanalytique internationale et le rédacteur en chef de la première revue de psychanalyse.

Toutefois, comme le note le célèbre historien de la psychiatrie, Henri Ellenberger : « Dès le début, leurs relations furent entachées d’un malentendu fondamental. Freud exigeait de ses disciples qu’ils acceptent sa pensée sans réserve. Bleuler et Jung envisageaient leurs relations avec Freud comme une collaboration où chacun conserverait son entière liberté. Au début, les relations entre Freud et Jung se trouvèrent facilitées par une bonne volonté réciproque. Jung avait le tempérament avenant et souple de son grand-père ; Freud était disposé à se montrer patient et à faire des concessions, tout en restant intraitable sur sa théorie du complexe d’Œdipe et de la libido. Mais c’étaient là précisément des idées que Jung n’accepta jamais » [1].

Des divergences de vue étaient apparues dès les premières rencontres. Jung écrit dans son autobiographie : « Mon travail pratique m’avait fait connaître de nombreux cas de névroses dans lesquels la sexualité ne jouait qu’un rôle secondaire, alors que d’autres facteurs y occupaient la première place : par exemple, le problème de l’adaptation sociale, de l’oppression par des circonstances tragiques de la vie, les exigences du prestige, etc. Plus tard, j’ai présenté à Freud des cas de ce genre mais il ne voulait admettre, comme cause, aucun autre facteur que la sexualité. J’en fus très peu satisfait » [4].

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Hybristophilia : pourquoi fantasmer sur un assassin ?

par Agnès Giard  publié le 6 janvier 2024

Dans un livre troublant, Viola Di Basilea donne un aperçu captivant des raisons pour lesquelles tant de femmes, mais aussi d’hommes, éprouvent de l’attirance pour les pires criminels.

Les fans de tueurs, surtout les femmes, sont des cibles faciles : «détraquées», «inconscientes», «paumées», elles sont parfois même perçues comme des meurtrières en puissance. Il n’existait jusqu’ici en France pratiquement aucun ouvrage sur le phénomène. Dans Hybristophilia (publié fin 2023 aux éditions du Camion Noir), Viola Di Basilea fait le récit, haletant, minutieux, d’une plongée en eaux troubles aux allures d’ethnographie intime. C’est son premier livre, écrit sous pseudonyme, à l’âge de 39 ans. «Il ne s’agit ni d’un procès à charge, ni d’un plaidoyer, explique-t-elle. L’ouvrage est né du désir de comprendre pourquoi les sociétés modernes favorisent l’hybristophilie tout en la condamnant. Il y a là une contradiction.» D’un côté, les séries consacrées aux psychopathes se multiplient, encourageant le grand public à fantasmer sur des monstres. D’un autre côté, les médias s’interrogent : faut-il interdire les forums où des fans s’échangent des photos de tortionnaires accompagnées de petits cœurs ? «La tentation est grande de faire fermer ces sites comme s’ils émanaient de dangereuses sectes apocalyptiques, note Viola Di Basilea. Mais une telle censure serait hypocrite. Pire encore : dangereuse.»

Jean Chambry, un pédopsychiatre à l’écoute des jeunes trans

Par    Publié le 06 janvier 2024

Le médecin parisien a été l’un des premiers en France à proposer une consultation spécialisée sur les questions de transidentité pour les adolescents.

Jean Chambry, pédopsychiatre, dans son bureau du Centre intersectoriel d’accueil pour adolescent, à Paris, le 23 mai 2023.  

Ce matin-là, c’est à une consultation un peu particulière que Jean Chambry nous propose d’assister. Le pédopsychiatre parisien, chef de pôle du Centre intersectoriel d’accueil pour adolescent (Ciapa) du 18e arrondissement, à Paris – rattaché au groupe hospitalier universitaire Paris psychiatrie & neurosciences –, a rendez-vous avec Amanda et Léonie (les prénoms ont été changés), mais c’est en visio qu’il va discuter avec elles. Ces deux patientes sont à quelque 10 000 kilomètres de Paris. A La Réunion plus exactement.

Amanda se présente comme une jeune femme transgenre, elle aimerait savoir quels sont les traitements possibles pour une transition. Léonie, elle, se questionne sur son identité. Elle se définit comme non binaire (ni strictement un homme ni strictement une femme). Léonie n’envisage ni opération chirurgicale, ni traitement hormonal, ni même de changer de prénom, elle voudrait juste savoir pourquoi « [elle est] comme ça ». C’est leur psychiatre qui a sollicité le docteur Chambry. « Je n’ai pas beaucoup de compétences sur les questions de genre », a confié le médecin de La Réunion, au début des consultations.

Avec Amanda, puis Léonie, les questions vont s’enchaîner pendant deux heures. Le docteur Chambry ne compte pas son temps. Les consultations sont longues avec lui et doivent répondre à deux principes : accueillir la parole et voir comment aider. « Il faut rassurer ces jeunes. Je les préviens toujours que toutes les questions que je pose, c’est pour faire connaissance, pas pour établir un profil type. D’ailleurs, il n’y en a pas », explique-t-il.

Handicap Ciné Relax, une initiative berruyère pour spectateurs en situation de handicap, sera présenté en marge du Festival de Cannes

Publié le 14/05/2023

Ciné Relax, une initiative berruyère pour spectateurs en situation de handicap, sera présenté en marge du Festival de Cannes

L’écran d’accueil d’une séance Ciné Relax aux cinémas CGR de Bourges.

Lors d’une récente projection ouverte à des spectateurs handicapés ou non, des prises de vues ont été tournées dans une salle des cinémas CGR, à Bourges, pour être présentées en marge du Festival de Cannes.

Depuis 2013, aux cinémas CGR de Bourges, le pli est pris. Chaque deuxième samedi du mois, à 16 heures et à 5,50 euros le billet, une séance mêle spectateurs ordinaires et cinéphiles en situation de handicap, ou autistes, ou bien encore souffrant de la maladie d’Alzheimer.

"Ces personnes peuvent parfois présenter, en public, des comportements atypiques, précise une des encadrantes bénévoles du dispositif. En assistant à la projection, certains par exemple extériorisent beaucoup leurs émotions. D'autres, du fait de leur état, doivent quitter la salle plusieurs fois durant la séance. Préalablement au film, l'assistance est donc prévenue de ces éventualités. De même, des dispositions sont prises pour accueillir au mieux ces spectateurs différents."

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Soumis, la servitude érotique

Samedi 6 janvier 2024

Harnais portés par Arno Ferrera et Gilles Polet pour la pièce Cuir. - Angélique Tibau

Par le verbe, la chair et le souffle, Beverly, Christian, Jean-Pierre et Arno expriment la façon dont le lien de soumission se noue, à quoi il engage ceux qui s’y destinent, et comment ce désir évolue au fil des années. Une Expérience proposée par Léa Racine.

Une "Expérience*"* signée Léa Racine, réalisée par Angélique Tibau

Dans l’érotisme de la contrainte, le désir se teinte de crainte légère, accepte l’inconfort, l’incertitude et la retenue, amplifiant la saveur du réconfort, du soulagement, de l’abandon. On ne s’y soumet pas pour la douleur, mais la capacité à endurer cette douleur fait partie de ce que l’on peut offrir à l’être aimé.

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ENQUÊTELa catastrophe climatique et la violence des guerres conduisent à un pessimisme largement partagé. Pour sortir de la dépression collective, il faut prendre au sérieux le désespoir et le traverser afin de trouver de nouvelles raisons d’agir. Et découvrir que certaines pensées, reliées à des utopies concrètes, invitent à reconsidérer l’avenir.


 



Publié le 05 janvier 2024

Par   

La catastrophe climatique et la violence des guerres conduisent à un pessimisme largement partagé. Pour sortir de la dépression collective, il faut prendre au sérieux le désespoir et le traverser afin de trouver de nouvelles raisons d’agir. Et découvrir que certaines pensées, reliées à des utopies concrètes, invitent à reconsidérer l’avenir.

Partout, l’horizon semble obstrué. Et l’avenir fracassé. La prégnance des guerres accentue la sensation de dévastation planétaire. A tel point que l’inquiétude géopolitique semble reléguer à l’arrière-plan l’urgence écologique. Alertés par les rapports sur le réchauffement climatique, la pollution des espaces et la diminution du nombre d’espèces, les contemporains cherchent moins à transformer le monde qu’à le réparer ou à le conserver.

Savants et intellectuels sont moins nombreux à défendre l’idée de progrès. La révolution semble désormais appartenir davantage au lexique technologique, avec l’entrée de l’humanité dans la nouvelle condition numérique, qu’au vocabulaire politique. La crise de l’avenir pèse sur toutes les consciences. Et la résilience, cette capacité à surmonter une épreuve, apparaît comme l’une des rares modalités actuelles de l’espérance. D’où la nécessité de reformuler la célèbre question posée par Emmanuel Kant (1724-1804) : « Que nous est-il permis d’espérer ? »

Dans Critique de la raison pure (1781), le philosophe allemand posait les trois problématiques majeures de la philosophie dans leur dimension spéculative et pratique : « Que puis-je savoir ? », interrogation à laquelle répond, selon lui, la métaphysique ;  « Que dois-je faire ? », qui relève de la morale ; et « Que m’est-il permis d’espérer ? », dont la réponse appartient notamment au domaine de la religion.

C’était au moment où l’esprit des Lumières s’étendait en Europe, une époque où il fallait, enjoignait-il, avoir le courage de se servir de son propre entendement, loin du dogmatisme, de l’obscurantisme et de l’arbitraire des monarchies. Un moment où il fallait oser sortir de l’état de minorité dont l’homme est lui-même responsable, un temps où il n’était pas déraisonnable, comme il le fit en 1795, de forger un projet de « paix perpétuelle ».

Le patient de l'hôpital psychiatrique recherché à Bordeaux a été retrouvé

Écrit par Maïté Koda  Publié le 

La police nationale avait lancé publié un avis de disparition inquiétante concernant Lucien Ouillet. Cet octogénaire, qui a fugué le 3 janvier du centre hospitalier spécialisé Charles Perrens de Bordeaux, a été retrouvé ce 5 janvier.


Bien connu du prétoire des assises, l’expert psychiatre Roland Coutanceau visé par trois plaintes dans des affaires de violences intrafamiliales

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Ecrit par I.S – le vendredi 05 janvier 2024

Elément parfois capital dans les affaires criminelles, les expertises psychiatriques peuvent renverser un procès d'assises. Figure de la psychiatrie et de la criminologie, le docteur Roland Coutanceau qui intervient très régulièrement dans le prétoire de la cour d'assises du département est visé par trois plaintes dans des affaires de violences intrafamiliales.


Psychiatre et criminologue, président de la Ligue française de santé mentale, le docteur Roland Coutanceau est bien connu des aficionados de la cour d’assises de la Réunion. Régulièrement, son visage s’affiche sur les écrans de visioconférence lors des audiences criminelles. L’expert déroule en détail sa rencontre avec l’accusé et tente d’expliquer ce qui a pu pousser celui-ci à commettre un crime. A l’origine de la création en région parisienne d’un pôle de victimologie et de thérapie familiale qui fait référence, le septuagénaire est l’auteur de nombreux ouvrages sur les violences intrafamiliales (VIF).