Propos recueillis par Claire Legros
Dans son nouvel essai, La Clinique de la dignité (Seuil, collection « Le compte à rebours », 224 pages), Cynthia Fleury, la fondatrice de la première chaire de philosophie à l’hôpital, alerte sur la banalisation de l’« indignité ordinaire » et appelle à dépasser l’indignation pour refonder une politique de la dignité.
Vous décrivez une nouvelle sensibilité citoyenne à l’égard de la dignité. Comment s’exprime-t-elle ?
La revendication de la dignité fédère aujourd’hui plus encore que celles de l’égalité et de la liberté. On le voit dans les mouvements des « gilets jaunes », de Black Lives Matter contre le racisme, de #metoo contre les violences sexuelles ou dans les marches des fiertés LGBTQIA+. Ils n’expriment pas seulement une demande de reconnaissance, mais revendiquent l’égale valeur des vies humaines, y compris celles qui sont définies par la stigmatisation. Parce qu’ils sont souvent exclus d’un monde majoritaire qu’on leur a vendu comme universel, ces hommes et ces femmes réclament le respect inconditionnel dû d’emblée aux individus.