Comme le disent les médecins, la crise révèle le symptôme d'une manière franche. Elle dirige aussi le travail de la clinique, telle une voie royale, par-delà les évolutions historiques de cette notion de "clinique". En quel sens la crise est-elle le point nodal de toute la médecine occidentale ?
Avec
Steeves DemazeuxMaître de conférences et responsable du Master “Soin Éthique Santé” au département de philosophie de l’université Bordeaux-Montaigne
Roberto Poma Professeur de l’histoire et de la philosophie de la médecine à l’université Paris-Est Créteil Val de Marne
À bout de souffle, le secteur de la psychiatrie reproche au ministère de la Santé son manque d’action ces dernières années.
Les psychiatres du pays pressent les autorités d’agir d’urgence en faveur de la santé mentale, alors que, dix ans après un rapport alarmant, le constat est toujours le même.
Le nouveau Plan national de santé mentale dévoilé le 18 juillet par la ministre Paulette Lenert a comme un goût amer pour les professionnels du secteur. Tous ont encore bien en tête l’état des lieux accablant dressé par le CRP Santé (devenu depuis le Luxembourg Institute of Health) dans un rapport daté de 2013, ainsi que la longue liste de recommandations qui l’accompagnait. Dix ans plus tard, les voici simplement reformulées et présentées sous forme d’objectifs dans la feuille de route 2024-2028 du ministère de la Santé.
Alors que les autorités enjoignent à appeler le Samu pour «désengorger» les urgences hospitalières, les assistants de régulation médicale, de plus en plus sollicités et en sous-effectif, craignent l’erreur ou la maltraitance.
Chaque fois qu’elle prend sa garde, depuis vingt-cinq ans, Myriam Solagnes’installe devant ses trois écrans du Samu 51 et enfile son casque. Ils sont quatre la journée, deux la nuit, à décrocher tous les appels au Centre 15 de la Marne. Pendant douze heures, elle répondra à la panique d’une mère devant la fièvre de son bébé, aux questions d’un appelant sans médecin traitant sur ses migraines, à la détresse nocturne d’une sexagénaire solitaire qui pense au suicide. Ou même à des voix enfantines : un gamin «du mercredi après-midi» qui joue avec le téléphone d’un parent, ou bien une fillette face à son père inanimé. La quadragénaire devra déterminer rapidement le degré de priorité et passer l’appel au médecin régulateur. Voire immédiatement dépêcher des secours en cas d’urgence vitale – arrêt cardiaque, accident vasculaire cérébral… – et accompagner les gestes de premier secours. A chaque nouveau dossier, elle doit se «remettre à zéro». Rester vigilante. Même quand les appels s’enchaînent et que les moyens manquent.
Violence, brutalité, perversion... De Shining à Split : quand le ciné nourrit les stéréotypes autour du trouble psy.
Les préjugés qui touchent à la santé mentale ont la vie dure, et Tyler Duren (Fight Club) pourrait bien y être pour quelque chose. Dans une enquêteparue en 2016 et menée auprès de professionnels (plutôt cinéphiles) de la psychiatrie, 86 % des répondants estimaient que les représentations ciné de la schizophrénie étaient majoritairement associées à la violence, et l’imprévisibilité.
Des mises en scène biaisées, qui alimenteraient une confusion plus large, autour du lien entre maladies mentales et comportements brutaux. Et ce, alors même que 1 français sur 5 souffre chaque année d’un trouble psy, selon une enquête de la Mutualité Française révélée en 2021. Grosso modo : même si cet enjeu nous touche tous, de près ou de loin, il est encore l’objet de stéréotypes infamants. La faute à un défaut d’information public, bien sûr. Mais aussi au cinéma.
Car là où le 7e art, grâce à son pouvoir de diffusion tentaculaire, aurait pu s’ériger en medium d’éducation privilégié sur le sujet, historiquement, il a plutôt cédé aux sirènes du sensationnalisme en jouant la carte de la diabolisation. De l’irréalisme anxiogène, des portraits monstrueux. De quoi nourrir une stigmatisation ravageuse, dénoncée par le corps médical. Et surtout les patients. Focus.
Chaque mois, face au psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger, un lecteur ou une lectrice s’interroge sur le besoin de suivre une psychothérapie. Ce mois-ci : Manon, 23 ans.
« Je suis en dernière année d’école d’ingénieurs et je travaille déjà en alternance dans une entreprise de génie industriel près d’Avignon, explique Manon. Mais je ne sais pas ce que je veux faire après. Ce milieu ne me plaît pas tellement et je songe à intégrer un master de communication l’année prochaine.
« Je n’arrive pas à me décider, à choisir une orientation »
– Vous abandonnez facilement ?, lui demande le Dr Neuburger.
Cette nouvelle thérapie par la parole pour la dépression pourrait être plus efficace que la thérapie cognitive comportementale (TTC) classique, suggère cette équipe de psychologues de l’Université d'Exeter. L’étude, à paraître dans la revue EClinicalMedicine, qui suggère que la nouvelle thérapie apporte de premières preuves « précoces et encourageantes », ouvre donc la voie à une nouvelle option de traitement moins coûteuse et plus largement accessible.
L’auteur principal, Barney Dunn, professeur de psychologie clinique à l'Université d'Exeter commente cet essai : « la dépression est de plus en plus répandue et contribue de manière significative à l'invalidité dans le monde, entraînant des coûts sociaux et économiques considérables. Seulement 60% des personnes atteintes de dépression parviennent à se rétablir, en particulier en ayant accès à la TCC mais environ la moitié de ces patients rechutent dans les 2 ans ».
L'autrice et psychologue Nathalie PlaatPHOTO : Radio-Canada
Depuis la pandémie, l'autrice et psychologue Nathalie Plaat tient la chronique « " Le Devoir " du cœur » dans le quotidien Le Devoir, dans laquelle elle répond aux préoccupations philosophiques du lectorat. Elle publie ces jours-ci Chroniques d'une main tendue : courtepointes et autres récits de soi.
« J’ai hésité entre littérature et psychologie pour mes études. […] Je trouve une manière de combiner les deux », raconte la psychologue. Son métier lui donne accès à des histoires humaines inspirantes ainsi qu’à « la culture où l’on vit ».
Le nombre de suicides progresse encore aux États-Unis, principalement par armes à feu, s’inquiètent des universitaires américains.
En 2022, il y a eu 48 183 suicides aux États-Unis dont plus de la moitié par arme à feu. | AFP
« Les suicides par arme à feu continuent d’atteindre des sommets historiques, augmentant de 1,6 % par rapport au précédent record de 2021. »Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique, qui vient de publier son rapport annuel, alerte : 26 993 personnes sont mortes par suicide par arme à feu en 2022 (sur 48 183 suicides).
Ces recommandations actualisées portent principalement sur l'anorexie mentale, la boulimie et l'hyperphagie boulimique et comprennent des recommandations pour le dépistage et le traitement (voir fin de texte).
« Les troubles alimentaires sont souvent méconnus et non traités », a déclaré la Dre Catherine Crone, présidente du groupe de travail, dans un communiqué de l'APA.
« Ces recommandations et les ressources associées sont destinées à servir d'outil pratique pour les praticiens, afin de les aider à dépister, diagnostiquer et fournir un traitement fondé sur des preuves pour les troubles alimentaires. »
Environ un enfant sur cinq dans le monde risque de développer un trouble alimentaire. Des chiffres qui se sont aggravés pendant la pandémie de Covid-19, selon les experts.
Est-ce que manger gras et sucré est en soi une cause de prise de poids et de dérèglement du comportement alimentaire? Je précise tout de suite que la question abordée ici n'est pas de savoir si le fait d'avoir une alimentation hypercalorique fait prendre du poids ; ce que je demande, c'est si le gras et le sucre perturbent nos goûts et si cela nous pousse à manger plus que ce dont nous avons vraiment besoin. Derrière cette question, il y a celle du rôle de la génétique versus l'environnement dans l'épidémie d'obésité.
Des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Poitiers, du King’s College of London et de l’Université de Lausanne viennent d’émettre l’hypothèse qu’une protéine cible spécialisée dans le transport de substrats énergétiques et en lien avec un axe foie-cerveau pourrait contribuer à la survenue de troubles comportementaux – à type de démence – chez des sujets atteints de stéatose hépatique non alcoolique. [1,2]
La sexualité est plus facilement abordée aujourd’hui au sein du couple et les Français en ont une vision assez libre et ouverte.
Les personnes interrogées se montrent globalement satisfaites de leur vie amoureuse et sexuelle, qui reste « classique » pour la grande majorité.
La masturbation est régulièrement pratiquée par la moitié des Français, tandis que l’usage de sextoys ou d’accessoires reste plus limité.
Le numérique (pornographie sur Internet, sites de rencontre, live cam…) fait évoluer les pratiques.
Pourquoi est-ce important ?
Menée auprès d’un échantillon de 1.518 personnes représentatif de la population française, l’enquête Harris/Xlovecam apporte de nombreux éclairages sur la sexualité des français.
Tout d’abord, le sujet est plus facilement abordé aujourd’hui au sein du couple pour une grande majorité (84%) des français, même si seulement un tiers d’entre eux trouvent cela « très facile ». Ce sont les jeunes (25-34 ans) qui ont le plus de facilité à le faire. Dans leur ensemble (87%), les français et françaises considèrent que chacun doit être libre de vivre sa sexualité comme il l’entend (sextoys, applications, sites web…). Cependant, certains sujets suscitent encore de la gêne, voire de la honte, de façon d’ailleurs différente pour les hommes et les femmes. Ainsi, le corps est la première source de complexes pour les femmes (62%), alors que les hommes sont plus préoccupés par leurs performances (55%). Les troubles sexuels concernent les deux sexes : 60% pour les femmes, 49% pour les hommes, de même que l’impression de ne pas réussir à satisfaire son ou sa partenaire (41% et 55% respectivement).
Un tiers des hommes de la planète est infecté par le papillomavirus, et la France ne fait pas figure de bon élève. Quelles conséquences sur la santé publique, notamment celle des femmes plus largement touchées par le cancer du col de l'utérus ? Cela alors même qu'une solution vaccinale existe.
Avec
Isabelle Heard Gynécologue-obstétricienne, Centre national de référence du papillomavirus à l'Institut Pasteur
Repenser notre compréhension des processus psychiques à l'aune du féminisme ? La psychanalyste Silvia Lippi nous initie au concept de sororité, longtemps délaissé ! Et l'auteur Laurent Mauvignier nous présente son nouveau texte "Proches", qu'il mettra en scène au Théâtre de la Colline en septembre.
Le centre de semi-liberté de Montargis accueille une quinzaine de détenus. Là bas, on travaille à l'extérieur le jour, puis on rentre en prison la nuit. Un moyen de ne pas trop s'éloigner de la société, pour mieux s'y réintégrer après avoir payé sa dette à la société.
"Je m'en sors, et j'aimerais que ce soit le cas pour tout le monde". Liam a 35 ans, et après plusieurs séjours en prison, il affirme que la délinquance est désormais derrière lui. Contrat en poche, il a pu bénéficier d'un aménagement de peine. Le jour il travaille, la nuit il dort au centre de semi-liberté.
Un lieu connu des montargois
Les montargois connaissent tous cet endroit. En plein cœur de ville, le centre de semi-liberté détient sa part de mystère pour qui n'y a jamais mis les pieds.
Prison révolutionnaire puis maison d'arrêt
D'abord couvent, puis prison révolutionnaire, c'est une maison d'arrêt qui s'installe entre ces murs jusqu'en 2000. La volonté gouvernementale de fermer les plus petits établissements, au profit de plus grands menace alors l'édifice. Par la mobilisation du personnel de l'époque, la prison se transforme finalement en centre de semi-liberté.
Ça fait 17 ans que je suis célibataire sans jamais en avoir fait le choix. Alors j’ai décidé de retourner voir les hommes que j’ai aimés, pour essayer de comprendre comment j’en suis arrivée là. Enquête, en forme d'autobiographie sentimentale.
Une constante sentimentale : la quête de l'amour à tout prix. Mais aujourd'hui, quelle est notre conception du couple ? Le célibat peut-il être une revendication ? Peut-on penser d'autres formes d'alliance ?
Jeudi 17 août 2023(première diffusion le vendredi 19 mai 2023)
Provenant du podcast
Le Pourquoi du comment : science
À la fin du XXe siècle certains scientifiques étaient déterminés à trouver une cause intelligente à certaines caractéristiques de l’univers et des êtres vivants. L'Intelligent Design naît.
"Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes", formule restée célèbre du naïf Pangloss de Voltaire. Car on voit bien que le monde est parfaitement bien agencé. Une telle perfection, une telle harmonie ne peuvent pas être le fruit du hasard ! Conception qui a franchi les siècles jusqu’à ce que la science s’en mêle et mette un caillou dans la chaussure de la Providence.
Le programme de travail des scientifiques est d’éviter le recours à des explications surnaturelles. Depuis Darwin, l’histoire de la vie et l’origine de l’Homme se passent de Dieu. Pas besoin d’horloger !
Le tribunal de Manchester, dans le nord-ouest de l'Angleterre, où est jugée l'infirmière Lucy Letby accusée d'avoir tué sept bébés, le 17 août 2023 AFP PETER POWELL
Une infirmière anglaise a été jugée coupable vendredi d'avoir tué en un an sept nouveau-nés prématurés dans l'hôpital où elle travaillait et d'avoir tenté d'en assassiner six autres, à l'issue d'un long procès qui a horrifié les Britanniques.
Ce jugement "n'enlèvera rien à l'extrême douleur, à la colère et à la détresse que nous avons tous ressenties", ont réagi les familles des victimes dans un communiqué lu sur les marches du tribunal de Manchester (nord) où il aura fallu neuf mois de procès et plus d'un mois de délibérations pour arriver à un verdict. "On ne saura peut-être jamais pourquoi cela est arrivé."
Lucy Letby est désormais considérée comme la tueuse en série d'enfants la plus prolifique de l'histoire moderne du Royaume-Uni et la police continue d'étudier les dossiers de milliers de patients à la recherche d'éventuelles victimes supplémentaires.
Cette femme de 33 ans, qui se disait innocente, connaîtra sa peine lundi. Elle n'était pas présente vendredi au tribunal.
Décrite comme "froide, calculatrice, cruelle et tenace" par l'accusation, elle travaillait dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital Countess of Chester, dans le nord-ouest de l'Angleterre.
Entre juin 2015 et juin 2016, sept prématurés y sont soudainement décédés, sans raison évidente, parfois à quelques heures d'intervalle.
Elle a notamment injecté de l'air par intraveineuse aux nouveau-nés, utilisé leurs sondes naso-gastriques pour envoyer de l'air, ou une surdose de lait, dans leur estomac.
L'Organisation mondiale de la santé a annoncé surveiller l'émergence dans plusieurs États d'un nouveau variant du Covid-19, dont le nombre de mutations est élevé.
Son nom : BA.2.86. Un nouveau variant, pour l’instant uniquement détecté en Israël, au Danemark et aux États-Unis, est particulièrement scruté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autorités sanitaires américaines. Même si « pour l’heure, l’impact potentiel de [ses] nombreuses mutations sont inconnues », leur nombre élevé, supérieur à 30, incite à la vigilance. Elles font ainsi « l’objet d’une évaluation minutieuse », a précisé l’OMS, qui en a profité pour souligner l’importance de continuer à surveiller, séquencer et notifier les autorités compétentes pour avoir une vision exacte de la pandémie de Covid-19. L’organisation traque actuellement trois variants d’intérêt (XBB.1.5, XBB.1.16 et EG.5), et sept variants sont classés sous surveillance (BA.2.75, BA.2.86, CH.1.1, XBB, XBB.1.9.1, XBB.1.9.2 et XBB.2.3).