par Apolline Le Romanser publié le 18 août 2023
Chaque fois qu’elle prend sa garde, depuis vingt-cinq ans, Myriam Solagne s’installe devant ses trois écrans du Samu 51 et enfile son casque. Ils sont quatre la journée, deux la nuit, à décrocher tous les appels au Centre 15 de la Marne. Pendant douze heures, elle répondra à la panique d’une mère devant la fièvre de son bébé, aux questions d’un appelant sans médecin traitant sur ses migraines, à la détresse nocturne d’une sexagénaire solitaire qui pense au suicide. Ou même à des voix enfantines : un gamin «du mercredi après-midi» qui joue avec le téléphone d’un parent, ou bien une fillette face à son père inanimé. La quadragénaire devra déterminer rapidement le degré de priorité et passer l’appel au médecin régulateur. Voire immédiatement dépêcher des secours en cas d’urgence vitale – arrêt cardiaque, accident vasculaire cérébral… – et accompagner les gestes de premier secours. A chaque nouveau dossier, elle doit se «remettre à zéro». Rester vigilante. Même quand les appels s’enchaînent et que les moyens manquent.