Publié le 22 juin 2023
Alexis Burnod
chef de service de soins palliatifs, Institut Curie
Yves-Marie Doublet
chargé d’enseignement à l’espace éthique de l’APHP
Louis Puybasset
chef du département d’anesthésie-réanimation de la Pitié-Salpêtrière
Les considérations économiques et financières sont insuffisamment prises en compte dans le débat sur la légalisation d’une aide active à mourir, estiment, dans une tribune au « Monde », Alexis Burnod, Yves-Marie Doublet et Louis Puybasset.
Le débat national sur la fin de vie a laissé peu de place à la réflexion sur les réalités économiques et financières de notre politique de soins. Au nom de la liberté et de l’égalité, les participants à cette réflexion ont succombé aux joutes oratoires sur la conquête de nouveaux droits individuels, plutôt que de penser collectivement notre organisation de santé et son coût.
Les travaux de la convention citoyenne, la mission d’évaluation de l’Assemblée nationale ou l’avis de la commission du Conseil économique, social et environnemental n’ont jamais mis en perspective la problématique de la fin de vie avec les choix de politique de santé de notre pays. A juste titre, tous ont déploré l’insuffisance de l’offre de soins palliatifs, sans grande originalité. En effet, les insuffisances de la politique de soins palliatifs sont dénoncées régulièrement depuis quinze ans par le Parlement, la Cour des comptes et l’Inspection générale des affaires sociales. Les rapports exploratoires de Jean Leonetti ou de Didier Sicard n’ont pas davantage permis une correction significative de la trajectoire, alors que le droit à l’accès aux soins palliatifs est reconnu par la loi depuis 1999. Mais il est vrai que le législateur a la fâcheuse tendance à considérer sa mission accomplie une fois le droit consacré dans un texte.