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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 23 mai 2023

Endométriose : la recherche enfin mobilisée pour tenter de rattraper son retard

Par  (Edimbourg, envoyée spéciale)  Publié le 22 mai 2023

RÉCIT  Une femme menstruée sur dix est concernée et, pourtant, il n’existe toujours aucun traitement curatif contre cette maladie invalidante, dont le délai moyen de diagnostic est de dix ans. Lors du 15ᵉ Congrès mondial de l’endométriose, début mai à Edimbourg, des travaux prometteurs ont été présentés.

Près d’une vingtaine d’années de calvaire. C’est ce que raconte Claire Cathrine lorsqu’elle évoque les douleurs qu’elle a dû endurer pendant ses règles. « Cela a commencé à 11 ans. Je vomissais tellement j’avais mal. Mais les médecins me disaient : “Les règles, ça fait mal, c’est comme ça”. Ou bien que c’était dans ma tête et que j’étais une chochotte. » Un jour, cette infirmière, âgée aujourd’hui de 38 ans, s’évanouit de douleur au travail. « C’est un interne en médecine générale qui m’a dit : “Je pense que tu as de l’endométriose.” Il m’a orientée vers l’hôpital Saint-Joseph [à Paris] où j’ai enfin rencontré des médecins qui m’ont écoutée et prise en charge. »

Comme une femme sur dix en âge de procréer – soit quelque deux millions d’entre elles en France – et environ 200 millions dans le monde, d’après l’Organisation mondiale de la santé, Claire Cathrine souffre d’endométriose, une maladie hormonodépendante inflammatoire chronique, qui débute lors des premières règles et s’estompe à la ménopause. On estime que la moitié des cas d’infertilité féminine seraient dus à cette affection. Pourtant, il n’y a toujours pas de traitement curatif.

Cette pathologie a longtemps été niée. Décrits dès l’Egypte antique, les troubles liés aux règles ont été attribués, au Moyen Age et à la Renaissance, à une possession démoniaque ou à l’hystérie, l’étymologie grecque (hysterikos, « utérus ») de ce terme y étant pour beaucoup. En 1860, l’anatomopathologiste autrichien Karel Rokitansky découvre l’histologie de la maladie : des cellules de l’endomètre (la muqueuse qui tapisse l’utérus) situées hors de celui-ci. Mais c’est le gynécologue américain John A. Sampson, en 1927, qui donnera son nom à cette affection et fournira une théorie sur son origine : un reflux du sang menstruel par les trompes dans le cul-de-sac de Douglas (le repli du péritoine situé entre le rectum et l’utérus) qui ne s’évacue pas. Un mécanisme extrêmement courant chez les femmes mais qui n’entraîne pas forcément la maladie.

Haine anti-Macron : analyse d’une passion triste


 


Lundi 22 mai 2023

Provenant du podcast

L'Invité(e) des Matins

Un gilet jaune portant le slogan "Macron démission" orne le Monument à la République (place de la République, Paris) lors de la fête du travail (1er mai) ©AFP - Julien de Rosa

Baisse de popularité dans les sondages, "casserolades" à chacun de ses déplacements ou encore marionnette à son effigie brûlée lors des dernières manifestations… Pourquoi la figure du président suscite-t-elle autant de colère, voire de haine ? 

Avec

  • Roland Gori Psychanalyste et professeur émérite de psychologie et de psychopathologie clinique à l'université Aix-Marseille

  • Corinne Lhaïk Journaliste au quotidien L'Opinion

  • Brice Teinturier Politologue et directeur général délégué d’Ipsos France


Chronique «Aux petits soins» Lors du Covid, la double peine des malades mentaux hospitalisés

par Eric Favereau   publié le 23 mai 2023

Dans une étude inédite portant sur tous les patients hospitalisés pour le Covid en France, des chercheurs bordelais montrent que plus d’un tiers d’entre eux souffraient d’un trouble mental. Et qu’ils avaient un risque de mourir sensiblement plus élevé que les autres patients.

L’information est passée quasi inaperçue, à l’exception du journal Sud Ouest qui en a fait état, dans son édition du 2 mai. Pourtant ce que révèle cette étude est impressionnant. Et dérangeant. Alors que l’on mettait en avant le diabète, l’âge ou le poids comme facteur de risque premier pour développer un Covid grave nécessitant une hospitalisation, le travail de Michael Schwarzinger – médecin en santé publique, responsable de l’unité hospitalière d’innovation en prévention au CHU de Bordeaux – révèle qu’un patient sur trois hospitalisés pour le Covid souffrait d’une maladie mentale (1). Et l’on peut noter également – non sans effroi – que cette étude montre que le risque d’en mourir était très supérieur pour ces malades-là, ce qui laisse à penser qu’ils ont été massivement exclus des services de réanimation.

Pandémie de COVID-19 : qui a le plus souffert mentalement ?

 21 mai 2023

À retenir

  • Une évolution importante de la consommation hebdomadaire de psychotropes a été observée en Pays-de-la-Loire entre fin 2019 et fin 2020, donnant une indication sur l’impact de la pandémie sur la santé mentale des Français.
  • La consommation a varié en fonction de facteurs sociodémographiques. Elle a été particulièrement importante pour les moins de 15 ans et les non précaires.
  • Les confinements n’ont pas impacté particulièrement la consommation de psychotropes.
  • Les auteurs précisent que « Le système de soins a su s’adapter durant ces périodes de restrictions liées aux confinements, notamment grâce à l’extension de la validité des prescriptions sans nécessité d’un renouvellement par un médecin et un réseau de pharmacies efficace, avec une pratique collaborative des acteurs de santé qui doit être développée et/ou conservée pour faire face à d’éventuelles crises sanitaires. »


La Suède juge les écrans responsables de la baisse du niveau des élèves et veut un retour aux manuels scolaires

Par (Malmö (Suède), correspondante régionale)

Publié le 21 mai 2023

S’appuyant sur l’avis de médecins, le gouvernement de centre-droit veut réduire le temps passé par les élèves devant les écrans et faire revenir les manuels scolaires dans les classes.


Des élèves de maternelle travaillent avec des tablettes, dans une école de Stockholm, le 3 mars 2014.

Est-on allé trop vite, trop loin, trop tôt ? Depuis quelques mois, cette petite musique monte en Suède. Elle questionne la place des écrans et du numérique dans les établissements scolaires du royaume, remise en cause par les professionnels de la santé.

Le 15 mai, la ministre des écoles, Lotta Edholm, a réagi en enterrant la stratégie de l’agence nationale de l’enseignement scolaire (Skolverket) en faveur de la poursuite du numérique, présentée en décembre 2022. A l’époque, déjà, la ministre avait exprimé ses doutes, dans une tribune publiée par le journal Expressen, le 21 décembre. Elle y qualifiait l’usage du numérique dans les écoles suédoises d’« expérimentation » et s’agaçait de « l’attitude dépourvue d’esprit critique qui considérait, avec désinvolture, la numérisation comme bonne, quel que soit son contenu », conduisant à « la mise à l’écart » du manuel scolaire, dont elle rappelait qu’il a « des avantages qu’aucune tablette ne peut remplacer ».

Innovation en santé mentale : 5 start-up primés



Publié le 

Cinq startups ont été sélectionnées pour intégrer le programme d’accélération de l’innovation en Santé Mentale « IMPACT – Accélérateur d’Innovation en santé mentale » . Elles vont bénéficier d’un programme d’accompagnement personnalisé de 9 mois pour accélérer leur déploiement avec une forte implication des partenaires de l’initiative.

Les partenaires d’IMPACT, PariSanté Campus, la Fondation Université Paris Cité, l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, le Groupe Hospitalier Universitaire Paris-Psychiatrie & Neurosciences, la Fondation FondaMental, iPEPS, France Biotech, France Assureurs, Otsuka, Eisai, le Groupe Vyv et MGEN, ont le plaisir d’annoncer aujourd’hui les cinq lauréats sélectionnés pour intégrer le programme d’accélération de l’innovation en Santé Mentale. Il s’agit des sociétés Callyope, Healthly Mind, O-Kidia, Sêmeia, Shifters.

L’objectif du programme est de promouvoir l’innovation en Santé Mentale avec des projets créateurs de valeur dans le parcours de soins en Santé Mentale via des technologies qui répondent à des besoins de prévention, de repérage précoce, de diagnostic, de stratégie clinique, de coordination ville-hôpital ou encore d’errance thérapeutique avec un périmètre élargi à la pédopsychiatrie, la psychiatrie de l’adulte et la démence des personnes âgées.

Cet appel à projets a remporté un vif succès avec au total 51 dossiers déposés, 35 candidatures finalisées et 10 candidatures validées et présentées devant le comité de sélection. Chaque start-up a présenté son projet devant deux jurys, le Comité de Pré-sélection et le Grand Jury, tous deux composés d’experts médicaux et représentatifs de l’écosystème de l’innovation santé. Les startups lauréates bénéficieront d’un programme d’accompagnement personnalisé de 9 mois pour accélérer leur déploiement avec une forte implication des partenaires de l’initiative.

Focus sur les 5 lauréats d’IMPACT – Accélérateur d’Innovation en Santé Mentale

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Franc succès pour les 8es olympiades du Centre Hospitalier La Chartreuse !

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La 8e édition des Olympiades du Centre Hospitalier La Chartreuse s’est tenue le jeudi 11 mai 2023 dans le parc de l’établissement sur le thème « À la découverte du monde ! ». Un événement qui connaît un succès grandissant, rassemblant cette année 450 participants souffrant de troubles psychiques et/ou mentaux venus de différents établissements de Bourgogne-Franche-Comté.

Pour rappel, Les « Olympiades » sont le fruit d’une collaboration entre le Centre Intersectoriel d’Activités à Médiations Multiples (CIAMM) du Centre Hospitalier La Chartreuse et le Master 2 Activités Physiques Adaptées et Santé (APAS) de l’UFR STAPS de l’université de Bourgogne. Épreuves de force, d’agilité, de rapidité, d’équilibre ou encore de réflexion… Les épreuves proposées ont permis aux participants de découvrir de nombreux ateliers d’Activité Physique Adaptée (APA). 

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Critique Diagonale(s) : la maladie mentale dans tous ses états

L'Info Tout Court

Mélina Hoffmann     18 mai 2023

Critique-Diagonales Mélina Hoffmann18 mai 2023

Diagonale(s) est une comédie dramatique qui nous plonge avec humour et intelligence dans les méandres de la maladie mentale.

Avec Diagonale(s)Virgile Daudet, dont nous avions découvert le formidable talent de comédien dans l’un de nos coups de cœur du dernier Festival d’Avignon, Occident, de Rémi Devos, signe ici sa première pièce et nous révèle un autre de ses talents, celui d’auteur. 

Une jeune femme est amenée par son frère et sa sœur chez un médecin. Diagnostiquée schizophrène, elle refuse de prendre son traitement et est en proie à un profond mal-être. Cet entretien ancré dans le réel, fil rouge de la pièce, est entrecoupé de scène qui nous plongent dans ses délires et illustrent les différents aspects et manifestations de la maladie mentale. Une très belle découverte.

Quand la réalité délire

« La diagonale est la trajectoire du fou sur un plateau d’échec. » Ce sont ces trajectoires de vie en marge du réel, comme autant de voies sans issue, que cette pièce explore. Nous passons donc sans cesse du cabinet médical où s’exprime la douleur d’une famille confrontée à la maladie de l’un de ses membres, aux épisodes délirants dans lesquels la folie s’exprime sous forme d’obsessions, déréalisations, délires hallucinatoires, et autres syndromes de persécution….


Critique-Diagonales_1


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lundi 22 mai 2023

La santé mentale en France et dans les pays de l’OCDE



Publié le 

L’objectif de cette bibliographie thématique est de recenser des sources d’information (ouvrages, rapports, articles scientifiques, littérature grise, sites institutionnels…) dans le domaine de la santé mentale pour la période allant de 2000 à avril 2023 avec quelques publications clefs antérieures à ces dates.

Le périmètre géographique retenu concerne la France et les pays de l’OCDE. Les recherches bibliographiques ont été réalisées sur les bases et les portails suivants : Irdes, BDSP, Cairn, Medline, Econlit et Web of science.

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Clause de conscience, discernement du patient, soins palliatifs... Quelles sont les pistes du gouvernement pour son projet de loi sur la fin de vie ?

franceinfo avec AFP  Publié 

Agnès Firmin Le Bodo est désormais la voix du gouvernement sur l'épineux sujet de la fin de vie. La ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé a présenté, dimanche 21 mai dans Le Journal du Dimanche (article abonnés), les contours du futur projet de loi, promis par l'exécutif, ouvrant la voie à une aide active à mourir (AAM). Début avril, à la suite des recommandations de la convention citoyenne dédiée, Emmanuel Macron a annoncé que le texte prendrait corps "d'ici la fin de l'été". Saluant le sérieux de leurs travaux, le chef de l'Etat a toutefois rappelé qu'une "convention citoyenne ne se substitue jamais à la délibération parlementaire".

Le projet de loi "comprendra trois blocs : aide active à mourir, soins palliatifs et droits des patients", a décrit la ministre, qui ne tranche pas sur le choix du modèle français, entre euthanasie et assistance au suicide. Le premier acte prévoit de mettre délibérément fin à la vie d'un patient, à sa demande, quand le deuxième donne la possibilité à un médecin de prescrire un produit létal que le malade s'administre lui-même.

"Ce qui importe, c'est que la possibilité encadrée de bénéficier d'une aide active à mourir devienne effective, comme le réclament 75% de nos concitoyens", déclare Agnès Firmin Le Bodo dans le JDD. Clause de conscience des soignants, délai du pronostic vital des patients, âge minimal des personnes concernées... Franceinfo fait le point sur les annonces de la ministre. 

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Violences ordinaires Contre le harcèlement dans les transports, ne pas faire tomber la chemise




par Constance Vilanova  publié le 20 mai 2023

Sur TikTok, avec le hashtag #SubwayShirt, des jeunes femmes dénoncent le fait qu’elles modifient leur tenue avant de prendre les transports en commun pour éviter le harcèlement.

Eté 2020. Londres. Sophie Milner, influenceuse de 29 ans, s’apprête à quitter son appartement après une séance de sport à domicile. Elle a une course rapide à faire. Températures records obligent, elle porte un short et une brassière de sport. Avant de claquer la porte d’entrée, elle fait marche arrière et enfile un t-shirt ultra-large. «Je me suis rendu compte que je le faisais inconsciemment depuis des années pour qu’on ne me fixe pas ou qu’on ne m’interpelle pas. C’est constant l’été et particulièrement quand je dois prendre les transports en commun», raconte à Libération celle qui fédère 193 000 abonnés sur Instagram. Trois ans plus tard, le 5 mai, elle tombe sur le post d’une autre créatrice de contenu, Rae Hersey, de l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis. On y aperçoit la jeune femme brune assise dans un bar. Elle déboutonne et ôte une chemise blanche ample, laissant apparaître un top noir moulant. En légende «Quand tu arrives à destination et que tu peux enlever ta chemise de métro». En hashtag #SubwayShirt. 670 000 vues.

Observatoire du sans-abrisme : «Certains chiffres, très négatifs sur l’action de l’Etat, sont difficiles à avoir»

par Léna Coulon    publié le 19 mai 2023

Le directeur des Etudes à la Fondation Abbé-Pierre salue le lancement d’un Observatoire du sans-abrisme, auquel participera son association. Mais rappelle que «l’observation appelle l’action», quand 330 000 personnes sont sans domicile en France.

Le ministre du Logement, Olivier Klein, a confirmé mercredi 17 mai, le lancement d’un Observatoire du sans-abrisme, destiné à améliorer le recensement des personnes sans domicile, avec le concours de la Fondation Abbé-Pierre, du Secours catholique et de l’association Aurore.

Manuel Domergue, directeur des Etudes de la Fondation Abbé-Pierre se réjouit que le sujet soit «pris au sérieux» par le ministère, mais rappelle que les chiffres doivent servir à agir. Avec comme priorités l’ouverture de places d’hébergement d’urgence, le respect des quotas d’accueil des plus précaires en HLM et la régularisation des sans-papiers, dont la situation administrative expose au mal-logement.

Dépression : comment se sortir du mal du siècle ?

le 16/05/2023

Sandrine Broutin de la Fondation Falret nous parle d’une maladie ayant contribué à libérer la parole sur les problèmes de santé mentale ; certains n’hésitant pas à la qualifier de mal du siècle : la dépression.

Le fait que la dépression soit l’une des maladies psychiques les plus fréquentes peut en effet expliquer ce qualificatif de mal du siècle. Peut-être aussi parce qu’elle survient à tout âge. 12,5 % des Français adultes auraient présenté un épisode de dépression caractérisé et encore plus pour les 18-24 ans.


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Lutte contre les violences intrafamiliales : les pistes de la justice pour «aller plus loin»

par Virginie Ballet  publié le 22 mai 2023

Pôles spécialisés dans toutes les juridictions, ordonnances de protection délivrées en vingt-quatre heures, bracelet anti-rapprochement nouvelle génération… Le gouvernement détaille une série de mesures pour améliorer la lutte contre les violences intrafamiliales, inspirées des recommandations formulées par un rapport parlementaire qui lui est remis ce lundi.

Elle avait commandé un «un bilan» et des «préconisations». Début septembre, à l’occasion de l’anniversaire du Grenelle des violences conjugales, la Première ministre, Elisabeth Borne, annonçait le lancement d’une mission parlementaire visant à «parvenir à une action judiciaire lisible, réactive, performante». A l’issue de plus de sept mois de travaux et près de 300 auditions, les deux autrices de ces travaux remettent leurs conclusions ce lundi au gouvernement. Au fil de près de 200 pages, la députée Renaissance du Val d’Oise Emilie Chandler et la sénatrice Union centriste de l’Yonne Dominique Vérien dressent un état des lieux assorti d’une soixantaine de recommandations pour améliorer le traitement des violences intrafamiliales. «Les attentes restent fortes d’un dispositif judiciaire plus performant», écrivent les élues, qui espèrent une baisse des féminicides et des violences en général, une «meilleure protection des victimes», un «meilleur accompagnement tout au long d’une procédure souvent obscure car trop complexe, ainsi qu’une prise en charge des auteurs qui permettrait un recul de la récidive».

Journal d'épidémie A Saintes, le show délirant des complotistes du Covid

par Christian Lehmann, médecin et écrivain   publié le 21 mai 2023

Christian Lehmann est médecin et écrivain. Pour «Libération», il tient la chronique régulière d’une société longtemps traversée par le coronavirus. Il revient aujourd’hui sur le gloubi-boulga servi lors d’un raout des antivax, jeudi 18 mai.

L’OMS a sifflé une fin de partie. Le virus est toujours là, mais les mesures barrière ont été reléguées aux oubliettes. Rares sont ceux qui s’inquiètent encore de sa propagation en l’absence de suivi. La solidarité et les beaux discours ont cédé à la reprise économique. Tant que les hôpitaux peuvent encaisser, tant que le vaccin réduit suffisamment la gravité d’une infection pour qu’un travailleur atteint ne soit pas contraint d’arrêter son activité, tant que l’économie tourne, nul besoin de faire davantage d’efforts. Les immunodéprimés peuvent crever, mais pas les usines. Le gouvernement a d’ailleurs repris le cours des réformes, tandis que les bruits de casseroles résonnent. Les néonazis paradent dans Paris avant de faire la fête à coups de saluts nazis dans l’espace Simone Veil. Des extrémistes brûlent la maison d’un maire trop solidaire avec les migrants à leur goût. Bref, tout va bien dans notre monde. Mais il existe un autre monde, un monde parallèle, que l’on découvre en visitant la commune de Saintes en ce week-end de l’Ascension. Saintes, où l’association covido-sceptique Réinfoliberté a attiré 1 500 personnes pour des conférences sans contradicteur. Alexander Samuel, enseignant, docteur en biologie moléculaire, fait partie des rares vigies qui observent ce monde parallèle :

«Dans ce monde, l’extrême droite n’affronte plus l’extrême gauche. Personne ne dénonce la proximité avec des néonazis, fascistes ou autres extrémistes. Tout est amour et paix. Pourtant, ce monde parallèle est au final plus inquiétant que le monde réel. On y entend certains responsables politiques exprimer les idées les plus crasses, mais personne ne s’en offusque. Tout y est relatif, tout y devient possible, il suffit de “remettre en cause ce qu’on pense”, ou plutôt ce que le cabinet McKinsey et la doxa nous auraient imposé. Dans ce monde parallèle, les “résistants” autoproclamés avaient raison. Leur orgueil est à l’épreuve des faits. Il suffit de réécrire l’histoire de la pandémie en insistant sur l’inutilité du confinement, des masques et des vaccins. La première journée s’ouvre sur une réaction très virulente à une défection inattendue. Ancienne alliée prompte à dérouler les narratifs conspirationnistes, la députée européenne Michèle Rivasi s’est désengagée par tweet à la dernière minute, après avoir été rappelée à l’ordre par Marine Tondelier. ”La science mérite mieux que l’extrême droite”, tweete-t-elle. Devant un public aussi confus, ces mots ne passent pas. Les politiciens invités sont pourtant tous bien identifiés : que ce soit Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan, Virginie Joron (eurodéputée RN), Jean Lassalle, Jean-Frédéric Poisson ou Laurence Muller-Bronn, qui a parrainé la candidature d’Eric Zemmour.