par Sophie des Déserts publié le 13 février 2023
Toujours pouvoir se tirer quand les ennuis commencent. S’offrir la possibilité d’une île. S’échapper ailleurs, c’est ainsi qu’il a souvent tenu à vivre non loin d’un aéroport, en Irlande, en Espagne, à Paris, dans les tours de la porte de Choisy, proches d’Orly, qui ont tant nourri sa mythologie. Fin décembre, Michel Houellebecq a gagné Amsterdam pour une escapade libertine filmée, en vue d’un projet érotico-artistique qu’il veut aujourd’hui interdire, mais qui fut, sur le moment, un mémorable Noël. Puis cap sur la Guadeloupe, pour rejoindre le tournage de Guillaume Nicloux, qui le fait à nouveau jouer son propre rôle, au côté de Blanche Gardin. «Ça tombe vraiment bien ce film, a dit l’écrivain à ses proches. Je me mets un peu au vert, les flics sont contents, pas besoin de me mettre une protection.» Il avait son éternelle voix embrumée, pleine de silences, l’esprit apparemment ramollo, en réalité diablement vif et tout chenapan à l’idée d’avoir provoqué un nouveau scandale. Encore une charge contre les musulmans, vingt-et-un ans après avoir déclaré «la religion la plus con, c’est quand même l’islam», huit ans après avoir imaginé une France tombée aux mains des barbus,dans son roman Soumission, sorti le jour de l’attentat contre Charlie Hebdo. Voilà qu’il récidivait mi-novembre dans Front populaire, la revue de Michel Onfray, au cours d’un entretien fleuve où le philosophe l’interrogeait sur l’effondrement de la France, la mondialisation, l’euthanasie, le christianisme…