par Rachid Laïreche publié le 3 février 2023
Une femme noire s’approche lentement. Elle se tient debout face à nous. Statique. Elle nous fixe. Son regard raconte plusieurs histoires : l’épuisement, la détresse, les nerfs et la colère. Elle comprend notre interrogation silencieuse. «Non ça ne va pas du tout», dit-elle à voix basse. La trentenaire souhaite nous parler. On la suit dans une petite salle colorée. Mariame s’installe avec son mari, Aboubakar, et leur fille, Bintou, née en janvier. Un moment de calme. Ils cherchent une direction à prendre pour raconter leur histoire. La petite famille a quitté la Côte-d’Ivoire pour la France en 2022. Ils ont traversé le Mali, la Mauritanie, l’Algérie et l’Espagne pour atteindre Paris. Une fugue sans fin. Mariame est sortie de la maternité avec sa fille dans les bras au début du mois de février. Elle craque. Ils viennent de passer deux nuits de suite dans la rue, à la gare du Nord. Ils n’ont pas trouvé de place dans un accueil d’urgence. «Il fait très froid la nuit, mon bébé est tombé malade à cause de ça», explique la jeune mère. Une phrase revient souvent : «Ce n’est pas normal.»