par Eric Favereau publié le 30 décembre 2022
Ana Buj-Bello peut paraître un peu figée. En tout cas, la chercheuse n’aime pas trop qu’on l’enferme. Dès qu’on arrête le magnéto, elle se laisse presque aller. Elle avoue qu’elle aime marcher, qu’elle adore la musique, puis vous dit que son prénom de naissance est en fait «Anne», et que somme toute pour elle, Espagnole née en France, «la nationalité n’est qu’une question administrative».
La voilà détendue. On lui rappelle que nous l’avions rencontrée, il y a cinq ans, juste avant un Téléthon. Elle était, alors, si heureuse. Chercheuse, directrice de recherches à l’Inserm, travaillant au Généthon, ce puissant laboratoire construit grâce aux dons, elle racontait avec une joie communicative les succès impressionnants de la thérapie génique qu’elle avait mise au point pour soigner la myopathie myotubulaire. Elle nous montrait alors quelques images. Dans une vidéo, on apercevait ainsi, au bout d’un couloir, un chien amorphe qui tenait à peine sur ses jambes. Puis le même animal, quelques semaines plus tard, gambadant comme jamais, gai et courant d’un bout à l’autre du couloir. Entre les deux scènes, il y avait juste eu une injection. Dans la seringue, selon le vocabulaire médical, «un vecteur et un gène sain». Ana Buj-Bello avait un large sourire. «Cet essai ? C’est un moment exceptionnel et une étape importante pour moi qui y ai travaillé depuis plus de vingt ans.» Des essais sur l’enfant ont été lancés peu après, avec des résultats tout aussi encourageants. Aujourd’hui, elle reste confiante, solide, même si la recherche et les avancées thérapeutiques n’ont pas toujours l’allure d’un long fleuve tranquille.