par Agnès Giard publié le 24 décembre 2022
Dans la France de l’Ancien Régime, le corps du roi permet de penser l’autorité, celui de la reine, la fécondité. La reine est tenue d’enfanter les princes. Elle doit coucher et accoucher, ce qui fait d’elle l’objet d’une surveillance obsessionnelle. Ses rapports, ses bains, ses promenades, son alimentation : tout est contrôlé, en vue d’optimiser les chances qu’elle tombe enceinte d’un enfant mâle vigoureux. Le destin du royaume est «directement relié» à son ventre. Chercheur spécialisé dans l’histoire de la médecine, Stanis Perez signe avec le Corps de la reine (1), la suite logique d’ouvrages consacrés à la Santé de Louis XIV et à la Mort des rois, c’est-à-dire au statut ambigu des monarques : ils souffrent de caries ou de fistules anales mais leur statut reste celui d’êtres privilégiés, apparentés au surnaturel. Dans le cas des reines, l’ambiguïté corporelle est d’autant plus troublante qu’elle touche aux fonctions intimes.