Co-créateur du Goncourt des détenus, le Centre national du livre est un partenaire historique de l'Administration pénitentiaire. Pour Édith Girard, responsable du "Pôle bibliothèques et action territoriale", la promotion du développement de la lecture dans les prisons est un chantier prioritaire.
Le premier Goncourt des détenus, prix associé à la plus prestigieuse des récompenses littéraires françaises, sera décerné le 15 décembre, après le sacre le mois dernier au restaurant Drouant de Brigitte Giraud pour Vivre vite et la proclamation ce jeudi 24 novembre du 35e Goncourt des lycéens.
Quelque 500 détenus, dans 31 établissements pénitentiaires, se sont portés volontaires pour devenir “jurés”, en participant à des ateliers et à des rencontres exceptionnelles, en prison, avec des autrices et auteurs en lice.
Deux psys et une patiente à bout : de traque médicale en intrigue financière et amoureuse, un Soderbergh brillant et ludique.
Il a tout pour lui : le physique (celui de Jude Law), le mental et la notoriété. Jonathan Banks est un psy ambitieux, inventif, reconnu par ses pairs. Mais il prescrit un jour, à une dépressive (Rooney Mara, découverte dans Millénium, version américaine), un nouveau médicament dont il assure, moyennant fortes finances, la promotion. Quelques jours plus tard, la jeune femme, dans un état d’hébétude totale, tue son mari…
Les histoires policières à rebondissements nécessitent du réalisateur qui les porte à l’écran un petit côté élégant et voyou : « Je vous piégerai malgré tout »… Steven Soderbergh, qui a abordé tous les genres — c’est le caméléon de Hollywood —, se lance, d’abord, dans un pamphlet anti-industrie pharmaceutique : une sorte d’Erin Brockovich 2013. Piège, piège, piège ! Car à la traque médicale succède vite une suite de machinations financières et amoureuses où chacun, bien sûr, a l’air de ce qu’il n’est pas…
Soderbergh filme New York comme seul Sidney Lumet savait le faire dans Serpico ou A la recherche de Garbo : familièrement et mystérieusement. Il parsème son exercice de style de références cinématographiques : moins Hitchcock que Robert Siodmak, réalisateur en pleine réhabilitation, qui aimait le rythme et les psychopathes. A force de cadrages savants, il parvient, aussi, à rendre presque carrée — comme celle des grands de jadis — la mâchoire de Jude Law. Un vrai magicien…
Synopsis
Dépressive chronique et suicidaire, Emily Taylor demande de l'aide à Jonathan Banks, un psychiatre réputé et ambitieux. Celui-ci lui recommande un traitement expérimental, qui fait peu à peu son effet. Si la jeune femme se sent bien mieux, elle souffre parfois de crises de somnambulisme. Mais un matin, Emily est retrouvée couverte de sang, un couteau dans la main, près du corps sans vie de son mari. La jeune femme, qui dit ne se souvenir de rien, blâme publiquement les méthodes controversées de son médecin. Jonathan Banks, lui, refuse d'assumer la responsabilité de la tragédie. Pour laver sa réputation et regagner la confiance de ses patients, le médecin décide de mener sa propre enquête...
« À mon humble avis, il faut croire ce chien. » Daniel Pennac
Depuis de nombreuses années, le Belge Jos Houben arpente les scènes du monde entier avec L’Art du rire, un spectacle fondé sur le jeu et le geste, qui explore ce moment fugace où le rire se déclenche. Christophe Schaeffer, philosophe et écrivain français, est également créateur lumière pour le théâtre. La complicité artistique des deux hommes dure depuis plus de vingt ans. Ensemble, suivis par un mystérieux chien et tenant fermement le lecteur par la main, ils se lancent ici, trébuchants et facétieux, à la poursuite du rire.
Suite à la non-conciliation entre la Caisse nationale de santé (CNS) et la Fédération des associations représentant des psychothérapeutes au Grand-Duché de Luxembourg (Fapsylux), actée par le médiateur en date du 12 décembre 2022, le ministre de la Sécurité sociale, Claude Haagen, a soumis au Conseil de gouvernement un avant-projet de règlement grand-ducal qui a été adopté en ce jour.
Ce règlement détermine la valeur de la lettre-clé, qui correspondra à 144 euros pour une séance de psychothérapie de 50 à 60 minutes (pour un coefficient 1). Le règlement sera maintenant transmis dans la procédure réglementaire.
Les infirmières britanniques, épuisées et appauvries, observent une grève inédite pour obtenir des augmentations de salaires, un mouvement qui intervient «en dernier recours». Les choses sont plus réjouissantes du côté de la Nouvelle-Zélande, qui va permettre aux infirmiers et sages-femmes étrangers de demander immédiatement le statut de résident - même si cette facilitation administrative met en réalité en lumière la pénurie de personnels.
«La charge de travail est horrible. Les infirmiers sont cramés, ils ne peuvent pas apporter un service sûr aux patients», a expliqué un infirmier urgentiste à Londres. «Les patients sont mis en danger tous les jours». Dans un Royaume-Uni en pleine crise du coût de la vie, les syndicats affirment que leurs membres sautent des repas, peinent à nourrir et habiller leurs familles et finissent par quitter en masse le service public gratuit de santé, le très respecté et apprécié NHS. Les augmentations inférieures à l'inflation depuis 2010 - année qui marquait le début d'une période de sévère austérité-- laissent des infirmières expérimentées avec une baisse de pouvoir d'achat de 20%. C'est dans ce contexte que les infirmières britanniques se sont lancé dans une grève dans l'espoir d'obtenir des augmentations de salaires.
Dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme des autorisations de l’activité de psychiatrie, cette instruction parue le 2 décembre dernier, détaille pour les Agence régionale de santé les orientations à retenir. Il s’agit à échéance du 1ernovembre 2023, de prendre en compte dans les travaux de rédaction des Schémas régionaux de santé 2023-2028 le futur régime d’autorisation des activité de soins, d’accompagner les évolutions de l’offre issues du nouveau régime, de diffuser cette instruction aux établissements de santé autorisés en psychiatrie et d’adopter les nouveaux formulaires harmonisés de demande d’autorisation en psychiatrie.
Images d'infirmiers et infirmières britanniques mobilisés devant l'hôpital St Thomas de Londres alors que jusqu'à 100 000 d'entre eux organisent une grève d'une journée en "dernier recours" dans leur lutte pour de meilleurs salaires et conditions de travail.
La Fondation d'art contemporain Daniel et Florence Guerlain vient de révéler, ce jeudi 15 décembre, les noms des trois finalistes de la 16e édition de son Prix de dessin. Le lauréat sera révélé le 23 mars au Palais Brongniart, dans le cadre du Salon du dessin.
Astrophysicien, directeur scientifique du département d'astrophysique du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA Saclay).
En 1905, Albert Einstein découvre que l’énergie possède la faculté de s’égrener comme le sable d’un sablier.
Il ne le sait pas encore, mais les découvertes des premières étoiles et galaxies, des nébuleuses et des systèmes planétaires, de nos plus puissants observatoires astronomiques jusqu'au télescope spatial James Webb incarnent un principe universel : si la matière s'organise, c'est grâce à ces grains d'énergie visibles et invisibles, les photons.
Elle est issue de la rencontre autour d’un verre quelque part sur la Côte d’Azur, en juillet 2019, d’une avocate du barreau de Grasse, Rosanna Lendom, et d’amis scénariste et dessinateurs, Fabrice Rinaudeau, Sylvain Dorange et Anne Royant.
La méconnaissance de la violence carcérale et de son organisation dictatoriale, pour reprendre les mots de l’avocate dans sa préface, est immense. Elle connait bien les situations des personnes détenues qu’elle assiste au quotidien : manque de lumière et d’aération dans les cellules, manque d’hygiène, saleté des douches qui engendre des maladies de peau, mauvais sommeil dans la crainte des cafards, manque d’activité qui fait passer souvent vingt à vingt-deux par jour en cellule avec des personnes non choisies, promiscuité qui est souvent source de tensions allant jusqu’à la violence.
Une enquête menée pendant deux ans par une équipe du CHU de Lille auprès de détenus proches de leur libération montre aussi une prévalence très élevée des addictions.
Dans quel état mental sortent les quelque 60 000 à 70 000 personnes libérées de prison chaque année ? Les premiers résultats de l’étude Santé mentale en population carcérale sortante (SPCS), présentés au congrès français de psychiatrie de Lille, le samedi 3 décembre, révèlent que les deux tiers des hommes et les trois quarts des femmes présentent au moins un trouble psychiatrique et/ou lié à une addiction à leur libération.
Financée par la direction générale de la santé et Santé publique France, dans le cadre de la feuille de route Santé des personnes placées sous main de justice, 2019-2022, l’étude SPCS doit permettre d’obtenir un état des lieux et « un regard sur les besoins de soins et d’accompagnement » de ces personnes libérées, a rappelé le professeur en psychiatrie Pierre Thomas, dont une partie de l’équipe au CHU de Lille a réalisé l’enquête. Des résultats très attendus, alors que « la mortalité des ex-détenus dans les cinq ans suivant leur libération est quatre fois supérieure à la moyenne en population générale », a souligné le docteur Thomas Fovet, psychiatre et coauteur de l’étude.
L’étude annuelle du ministère de l’intérieur fait état d’un doublement des faits enregistrés par les forces de sécurité depuis 2016.
Les services de police et de gendarmerie ont recensé 208 000 victimes de violences conjugales en 2021, une hausse de 21 % par rapport à 2020, selon les données du service statistique du ministère de l’intérieur (SSMSI), rendues publiques jeudi 15 décembre.
Invasion, ensauvagement, «islamo-gauchisme»… Les deux Michel ont resservi leurs névroses dans un récent entretien croisé à la revue «Front populaire». L’occasion de rappeler que le romancier n’est pas un devin et que le philosophe arrange les faits pour qu’ils collent à sa réalité.
Ne perdons pas notre temps à commenter le dialogue indigeste paru dans la revue un peu rouge et très brune Front populaire(pauvre Léon Blum), entre Michel Houellebecq et Michel Onfray, la semaine dernière. Ils disent n’importe quoi et en plus, maintenant, on peut le démontrer : en 2015, Houellebecq publiait Soumission. L’action du roman se déroulait en 2022. Aujourd’hui, donc. Ce n’était pas qu’un roman, disait l’auteur star, invité sur toutes les antennes, c’était de l’anticipation réaliste. Houellebecq promenait sa mine en ruine de plateau en plateau, non pas pour parler littérature mais pour deviser politique et pour nous prévenir. Il était interrogé comme les Gaulois interrogeaient leurs druides. D’ailleurs il en avait déjà la tête. L’auteur de la Carte et le Territoire savait de quoi le pays était fait… Alors que voyait-il pour 2022 ? Une France présidée par un islamiste faussement modéré. Un pays soumis à une charia douce, qui autoriserait la polygamie. Le livre commençait par une émeute de «jeunes de cités», place de Clichy à Paris. Mais les médias, tous imprégnés d’«islamo-gauchisme» collabo, n’en faisaient pas état, histoire de cacher la réalité de l’invasion et de l’ensauvagement par une sorte de censure dictée par leur bien-pensance.
L’auteur s’est livré récemment dans la revue « Front populaire », dénonçant la perte de l’identité des Français, menacés par « les musulmans ». Sa dérive apparaît d’autant plus sincère qu’il s’exprime dans un entretien croisé et amical avec Michel Onfray, le fondateur de cette publication.
Analyse. Michel Houellebecq est familier de la polémique, ses romans dressent un portrait sombre et grinçant de la société française. L’antiféminisme des personnages ou le franc rejet de l’islam mis en scène dans Soumission (Flammarion, 2015) peuvent relever de la licence de l’écrivain. Il use néanmoins, comme d’autres, de sa notoriété pour intervenir régulièrement dans le débat public, ce qui vient abattre toute distance littéraire. Dans un récent hors-série de la revue Front populaire (« Fin de l’Occident ? »), il livre, sans fard, ses observations sur la situation sociale et politique de la France. La virulence du propos marque une étape supplémentaire dans la radicalisation à l’extrême droite d’un auteur à succès. Cette dérive apparaît d’autant plus sincère que l’écrivain s’exprime dans un entretien croisé et amical avec l’essayiste et fondateur de cette publication, Michel Onfray, lui aussi obsédé par « la chute du christianisme » et par l’idée que les Français, qui cultivent « la détestation de soi », sont complices de la perte de leur identité.
Mercredi, le collectif Pédopsy 93 manifestait dans la commune de Seine-Saint-Denis pour dénoncer la dégradation de la prise en charge des enfants atteints de troubles mentaux. Le département le plus jeune de France métropolitaine est l’un des plus mal pourvus en moyens de soins psychiques.
«Nous sommes obligés de trier les enfants.» Pour Bertrand Welniarz, chef de service de pédopsychiatrie de l’établissement public de santé de Ville-Evrard, la situation est critique. Dans un froid glacial, le médecin, écharpe autour du cou, est venu accompagner ses collègues à l’occasion de la «Marche pour les enfants». Organisée à Bobigny par le collectif Pédopsy 93 qui regroupe plusieurs chefs de service de pédopsychiatrie et des médecins de centres médico-psychologiques (CMP) de Seine-Saint-Denis, la mobilisation avait pour objectif de dénoncer le manque de moyens en pédopsychiatrie. «Dans le département, nous avons 1 500 places en institut médicoeducatif [IME] alors que 2 500 enfants sont sur liste d’attente», soupire Jean-Pierre Benoit, chef du pôle de pédopsychiatrie de Saint-Denis, qui dit assister à «l’écroulement du secteur». Au total, 7 000 enfants sont en attente d’une structure en Seine-Saint-Denis. Ici, les prises en charge tardives sont légion : il faut attendre en moyenne dix-huit mois pour une place en CMP. Un désastre aux yeux de Bertrand Welniarz : «Plus une prise en charge prend du retard, plus ce sera compliqué pour l’enfant. C’est du temps précieux qui est perdu et ce n’est pas sans conséquence.»
L'auteur s'attache, à partir de l'étude de phénomènes qui diffèrent par leur objet, leur contexte, leur temporalité, à saisir une ligne évolutive dans la réponse psychiatrique don-née aux manifestations pathologiques présentées par les personnes âgées. Le projet étant d'ordonner la masse hétérogène d'apports cliniques, de construction des savoirs, d'initiatives institutionnelles isolées et des incidences de la réglementation et des politiques publiques.
Selon la Fédération des observatoires régionaux des urgences (Fedoru), qui publie son panorama annuel de l’activité des structures d’urgences, l’année 2021 a été marquée par « une activité en forte hausse mais dont le flux de patients ne retrouve pas le niveau de 2019 ».L’année est ainsi « beaucoup moins atypique que2020 », en raison d’un moindre impact de l’épidémie de covid-19 et l’on retrouve des données habituelles sur les taux d’hospitalisation ou les tranches d’âge.
Et si l’ignorance rendait plus sûr de soi que la connaissance : entre arrogance et compétence, voyez-vous le lien ?
Parler avec aplomb de ce qu’on ne connaît pas est la manifestation d’un biais cognitif identifié depuis fort longtemps. Aristote l’évoquait déjà, à sa façon. Ce biais fut étudié empiriquement à la fin des années 1990 par deux psychologues américains, David Dunning et Justin Kruger.
Tout commença par un fait divers. En 1995, aux États-Unis, un jeune homme se persuada, à l’issue de lectures qu’il fit à propos de l’encre sympathique, que si l’on s’enduit le visage avec du jus de citron, on devient invisible pour les caméras de surveillance. Il eut aussitôt une idée géniale : d’abord s’enduire le visage avec du jus de citron, ensuite, braquer une banque. Ce qu’il fit sans tarder. Bien sûr, Il fut aussitôt identifié puis arrêté grâce aux caméras de surveillance. Dunning et Kruger, impressionnés qu’on puisse être à la fois aussi sûr de soi et aussi stupide, s’intéressèrent de près à son cas, puis menèrent d’autres enquêtes sur la relation qu’il y a – ou qu’il n’y a pas – entre arrogance et compétence.
La psychiatre et docteure en santé publique Astrid Chevance revient sur les critères actuels de sélection des traitements potentiels de la dépression et sur la difficulté de définir l’efficacité d’un médicament.
Astrid Chevance est psychiatre et docteure en santé publique dans l’équipe Methods (Inserm, Université de Paris, AP-HP) au sein du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques (Cress), dirigé par Philippe Ravaud. Spécialiste de la dépression, elle a pour domaine de recherche l’évaluation des traitements.
Comment les antidépresseurs sont-ils évalués aujourd’hui ?
Les premiers antidépresseurs et leur évaluation sont apparus à la fin des années 1950. A partir des années 1970, on a évalué les psychothérapies et les différentes techniques de stimulation cérébrale, et plus récemment tous types d’interventions (luminothérapie, activités physiques, compléments alimentaires, etc.). Ces évaluations conditionnent l’accès au marché, le remboursement ou les recommandations de pratique clinique. Par exemple, concernant le remboursement d’un médicament, il faut avoir prouvé que le médicament testé fait mieux que ceux qui sont déjà en circulation, ous’il fait aussi bien, alors il faut montrer qu’il a moins d’effets indésirables ou qu’il est moins cher. Bref, qu’il va améliorer la prise en charge médicale.
L’enjeu est de savoir ce qu’il faut mesurer ou pas dans les essais. Pour la dépression, ce qui est compliqué, c’est justement de se mettre d’accord pour définir l’efficacité d’un traitement et son utilité.