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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 12 décembre 2022

Schizophrénie, diabète... Au Japon, des malades militent pour changer le nom de leur maladie

Yann Rousseau Publié 

Selon une grande consultation lancée dans une association des malades du diabète, 80% d'entre eux sont favorables à un changement de nom.

Dépistage du diabète. (image d'illustration) (MICHEL CLEMENTZ / MAXPPP)

Changer le nom de certaines maladies qui souffrent d'une mauvaise réputation, c'est le débat qui monte au Japon dans la communauté médicale. De plus en plus de patients expliquent qu’ils doivent affronter en permanence deux choses : la maladie et le regard des autres, qui interprètent inconsciemment la désignation de leur affection. Schizophrénie, démence, variole du singe... C'est le plaidoyer de plusieurs associations de malades au Japon, notamment ceux du diabète. L'association a organisé une grande consultation des patients : 80% d’entre eux ont expliqué qu’ils étaient favorables à un changement rapide du nom de leur maladie.

Pour comprendre, il faut parler un peu japonais. La maladie que l’on connaît en France sous le nom de diabète s’appelle ici "to nyon byo", soit la “maladie de l’urine sucrée". Pourquoi ? Car, il y a très longtemps, des médecins avaient observé que les fourmis semblaient attirées par le goût sucré de l’urine des personnes atteintes de cette maladie. Depuis, on sait que c'est faux : tous les malades du diabète ne relâchent pas du glucose dans leur urine. Mais le nom est resté. Les patients expliquent que le mot "urine" dans le nom de leur maladie porte une image sale qui leur colle à la peau, comme si leur affection était liée à un style de vie négligé.

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Un livre à colorier pour faire découvrir l’art brut aux enfants à Quevaucamps

Publié le 12/12/2022

Un livre d’art à destination des enfants ? C’est le pari audacieux de la Fondation Paul Duhem à Quevaucamps et de Bruno Gérard qui, à travers les animaux, se proposent d’initier les plus jeunes à l’art brut.

Des ateliers sont également proposés aux primaires.

Des ateliers sont également proposés aux primaires. - S.CO.

Pourquoi un livre à destination des enfants ? La Fondation Paul Duhem, qui gère notamment met en avant des personnes fragilisées ayant développé une réelle œuvre originale et personnelle, à travers la peinture, le crayon, le stylo-bille même parfois. Ces créations sont aujourd’hui visibles dans de grands musées ou institutions d’art. Mais se rendre dans ce type d’établissement, peut être intimidant. « C’est pourquoi la Fondation Paul Duhem désire bousculer les frontières en touchant les enfants », explique Bruno Gérard qui a piloté ce livre original, baptisé « L’Arche ». « L’accès à l’art n’est pas un privilège lié au statut social ou à l’âge. Penser que les enfants ne sont pas assez “matures” pour apprécier une œuvre est faux », ajoute l’auteur. « Ils l’appréhendent en fonction de leur âge et de leur sensibilité. Les exposer à l’art, c’est leur permettre d’élargir leur champ d’expériences ».


Poésie, roman… Quelques mots d’amour

Lundi 12 décembre 2022

cœurs sur fond rose ©Getty - Iryna Veklich

De la rencontre à la rupture, en passant par la déclaration, quels sont les mots pour dire l'amour ? De l'analyse poétique à son étude linguistique, les discours amoureux n'ont pas fini de nous surprendre. 


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Euphorie, dysphorie : le bonheur est-il dans le refus de la norme ?

Lundi 12 décembre 2022

Paul B. Préciado - Marie Rouge

Grand entretien avec Paul B. Preciado 


Avec

Paul B. Preciado, philosophe, écrivain et commissaire d’art. Il a été commissaire de la documenta 14 Kassel-Athènes entre 2015 et 2017, mais aussi commissaire du pavillon Taïwan à Venise en 2019. Il a été choisi comme invité intellectuel du Centre Pompidou en 2020.


Nés dans le mauvais corps : la délicate prise en charge des ados trans

Dimanche 11 décembre 2022

Une pancarte brandie lors de la Gay Pride à Paris, le 25 juin 2022. ©AFP - Anna Margueritat / Hans Lucas

En Europe, de plus en plus d’adolescents souffriraient de dysphorie de genre. Face à ce phénomène, parents, médecins et psychiatres sont partagés sur les méthodes à suivre pour accompagner au mieux ces enfants, souvent en grande souffrance psychologique.

La dysphorie de genre, c’est le sentiment d’inadéquation entre son genre de naissance et celui auquel on s’identifie. Cela concernerait aujourd'hui de plus en plus d'enfants et d'adolescents qui souhaitent faire leur transition et changer de genre. C'est ce que constate en Suède, Mikaël Landen, chef du département de psychiatrie et de neurochimie à l'université de Göteborg : "Avant il s’agissait d’un phénomène très rare. Nous avions un, deux, peut-être trois enfants par an qui demandaient des soins pour une dysphorie de genre en Suède. Mais quelque chose s’est produit autour de 2010. J’ai calculé que l’augmentation était de 2 300 % ou quelque chose comme ça“.

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C'était la nostalgie

Samedi 10 décembre 2022

Provenant du podcast

La Suite dans les idées

Aux XVIIIe et XIXe siècles, on connut de véritables épidémies de nostalgie, une émotion alors mortelle. Comment cette maladie est-elle devenue ce qu'elle n'est plus ? L'historien Thomas Dodman a mené l'enquête. Il est rejoint par l'écrivain Guy Birenbaum.


Avec
  • Thomas Dodman historien, maître de conférences à Columbia University (New York)
  • Guy Birenbaum Journaliste

Si la nostalgie n'est plus ce qu'elle était, elle le fut. Et constitue donc à ce titre un formidable objet d'histoire. L'objet d'un livre tout simplement titré « Nostalgie, histoire d'une émotion mortelle » et signé Thomas Dodman. Il est rejoint cette semaine par Guy Birenbaum, auteur de « Toutes les histoires sont vraies », un roman en éclats autobiographiques de pure nostalgie.

« Nostalgie. Histoire d’une émotion mortelle » de Thomas Dodman (Seuil)

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Lacunes (Paris)


 




Ces papas qui ne sacrifient pas tout au travail : « Désolé pour la réu, ma fille a kung-fu ! »

Par  Publié le 11 décembre 2022

ENQUÊTE  Eux ne s’attardent pas au boulot, sèchent des déjeuners entre collègues pour retrouver leur enfant, se mettent à temps partiel. Les pères qui veulent accorder du temps à leur progéniture bousculent les habitudes des entreprises.

Cette photo est extraite de la série « Swedish Dads » de Johan Bävman, publiée en 2014. En Suède, un père pose au moins quatre-vingt-dix jours de congés à la naissance de son enfant. Seul un petit pourcentage choisit de rester à la maison pendant six mois ou plus, malgré des allocations incitatives. Ola Larsson en fait partie. Cet acheteur a pris un congé paternité de huit mois pour s’occuper de Gustav.

Riad s’estime chanceux. Chanceux que ses enfants, âgés de 12, 9 et 7 ans, soient nés dans des périodes de « moindres besoins » au travail. Grâce à cela, ce cheminot de 39 ans en région parisienne a pu poser son congé paternité – deux semaines à l’époque. Récemment, un collègue, qui fait les trois-huit comme lui, n’a pu prendre que trois jours à la naissance de son enfant. Riad (qui a, comme d’autres interlocuteurs, requis l’anonymat) est aussi chanceux de ne pas être une femme, ou un papa solo. Une collègue, qui s’était vu refuser de passer en horaires de jour, est venue travailler avec son bébé, car payer une nounou aurait ramené sa nuit de travail à − 20 euros. Certains pères célibataires laissent leurs enfants adolescents seuls la nuit, la boule au ventre.

Psychiatrie dans la Nièvre : la directrice du centre hospitalier spécialisé Pierre-Lôo apporte des précisions

Publié le 10/12/2022 

Psychiatrie dans la Nièvre : la directrice du centre hospitalier spécialisé Pierre-Lôo apporte des précisions

« La psychiatrie est une spécialité de moins en moins choisie, année après année, par les internes », déplore Bénédicte Soilly-Loiseau, directrice du CHS Pierre-Lôo. © Pierre DESTRADE

Difficultés à attirer des médecins et des soignants généralement, manque de moyens humains, financiers et de formation… Dans nos colonnes, début décembre, la CGT du centre hospitalier spécialisé (CHS) Pierre-Lôo avait évoqué des problèmes auxquels fait face la psychiatrie du service public dans la Nièvre. La direction a voulu apporter des précisions sur quelques points. Mais reconnaît certaines difficultés.
Des mois d’attente pour un rendez-vous dans les centres médico-psychologiques (CMP) : c’était l’un des constats de la CGT dans notre édition du 1er décembre.

Bénédicte Soilly-Loiseau, directrice du CHS Pierre-Lôo précise qu’« on a toujours un rendez-vous d’urgence, avec une infirmière d’accueil et d’orientation (IAO) », quand on arrive dans un CMP. « Si vous êtes en pleurs, par exemple, elle ne va pas vous dire de revenir dans plusieurs mois. Elle va vous prendre en urgence. Derrière, il y a une équipe d’infirmiers psy qui fait une évaluation. Après, si besoin, ils vont appeler le médecin de garde ». La directrice incite les Nivernais à « pousser la porte des CMP ». Son autre remarque concerne les antennes en ambulatoire. La CGT déplorait que certaines aient été fermées. « Aucune n’a été fermée pendant le Covid ou depuis », précise la directrice du CHS Pierre-Lôo. Il n’y a pas de fermeture de structure, mais il y a des demi-journées d’ouverture », tient-elle à nuancer.

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Hélène Devynck : «Comme si le féminisme devenait hors la loi à l’approche de Gérald Darmanin»

par Hélène Devynck, Journaliste, autrice de "Impunité" (Seuil, 2022)  publié le 10 décembre 2022

Vendredi, à Nice, les forces de l’ordre ont tendu une bâche noire sur la devanture d’une librairie pour cacher des collages féministes avant la visite de Gérald Darmanin dans la ville. Mais l’opération n’a fait que montrer ce qu’elle voulait cacher : l’impunité accordée aux puissants, explique la journaliste, qui accuse PPDA de l’avoir violée en 1993.

La librairie Les Parleuses de Nice était bondée quand j’y suis venue mardi dernier. On avait poussé les tables, on s’entassait debout après avoir sorti toutes les chaises et distribué les plaids contre le froid de ce début décembre. Anouk et Maud, les libraires ont le féminisme érudit, joyeux, généreux et contagieux. Il y a eu de la fierté, de la gaîté et des larmes aussi quand, comme ça arrive immanquablement depuis la sortie de ce livre, les «moi aussi» étranglés de douleur ont été chuchotés avant de fermer boutique.

Le ministre de l’Intérieur était annoncé dans le quartier ce vendredi. Les colleuses de la ville ont été invitées à décorer la devanture. Au-dessus de mon livre, elles ont peint son titre sur des feuilles A4 : «Impunité.» A côté, elles ont collé des slogans de manifestations : «Qui sème l’impunité récolte la colère» et aussi «Victimes, on vous croit. Violeur, on vous voit.» Elles ont ajouté «Sophie, on te croit».

Justice - A Coutances, le procès d’un homme et du cannabis médical


par Charles Delouche-Bertolasi, envoyé spécial à Coutances (Manche)  publié le 10 décembre 2022

Poursuivi notamment pour usage, importation et détention de cannabis, ainsi que pour exercice illégal de la médecine et de la pharmacie, Philippe Pruvot comparaissait mercredi devant le tribunal de Coutances. Atteint de fibromyalgie, il soignait sa maladie et ses proches en fabriquant des gélules.

Ils sont serrés l’un contre l’autre sur le banc. L’audience de Philippe a pris du retard. Pour quelques minutes encore, c’est un jeune homme à la barre. Incarcéré à la maison d’arrêt du coin, accusé de s’être servi de sa compagne au parloir pour glisser un bout de shit derrière les murs, vite relaxé. En ce mercredi d’automne, la petite salle du palais de justice de Coutances (Manche) est quasi vide. A l’entrée, le policier en faction liste à bas mots les affaires judiciaires du moment. «Beaucoup de stupéfiants.»

Psychanalyse Bernard Vernier, l’essence du prénom

par Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste   publié le 8 décembre 2022

En se basant sur l’hypothèse de Stekel, l’anthropologue français démontre l’importance du prénom dans nos choix affectifs.

publié le 8 décembre 2022 à 5h43

Il est très rare qu’un anthropologue s’intéresse de si près, textes en main, à la psychanalyse. Bernard Vernier est spécialiste depuis longtemps de la question des ressemblances dans la famille et plus largement, dans la parenté. Mais, dans ce livre, il va plus loin que dans ses observations de terrain : il a décidé de faire ressortir, statistiques à l’appui, la logique à laquelle obéit l’économie affective des sociétés qui utilisent les prénoms d’origine familiale. On est littéralement fasciné parce que Vernier appelle le «fétichisme onomastique» en amour. Stekel, contemporain de Freud avait déjà parlé du déterminisme du nom (1911). Quant à Groddeck, il avait écrit en 1916 : «On épouse la plupart du temps un prénom… […] A trois ans on a aimé un certain Hans et plus tard on épousera un Hans. Entre le premier et le dernier Hans, il y a toute une série de Hans.» Dans une lettre à Thomas Mann, Freud avait lui-même analysé le mariage de Napoléon qui s’est décidé à épouser Joséphine, une jeune veuve plus âgée que lui sur laquelle il avait transféré une partie du tendre attachement qu’il portait à son frère aîné Joseph (l’absence de descendance était la cause du divorce, on le sait).

Sorry not sorry Le «mode gobelin» nommé «mot de l’année 2022» par le dictionnaire Oxford

par Kim Hullot-Guiot   publié le 7 décembre 2022

Le «goblin mode» désigne une attitude consistant à se laisser vivre et à ne surtout pas s’en excuser. Un terme à rebours des injonctions à s’améliorer constamment et à se présenter en toute situation sous son meilleur jour.

Se mettre «en mode gobelin», ça vous dit quelque chose ? Non ? Ça doit être parce que, comme nous, vous êtes trop vieux pour passer vos journées sur TikTok. C’est là, semble-t-il, que le terme a gagné en popularité, au point d’avoir été élu «mot de l’année 2022» du dictionnaire britannique Oxford, édité par Oxford University Press, rapportait le Guardian lundi. Pour la première fois, c’est le public qui choisissait, et il a plébiscité (devant «métavers») ce terme qui désigne, selon le quotidien, «un type de comportement qui ne s’excuse pas d’être complaisant envers soi-même, paresseux, négligé, ou glouton, typiquement d’une façon qui rejette les normes ou les attentes sociales».

dimanche 11 décembre 2022

Marie Cau, première maire transgenre : « Mon mensonge était une prison »

Par   Publié le 11 décembre 2022

ENTRETIEN « Je ne serais pas arrivée là si…  » Chaque semaine, « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. Marie Cau, élue du Nord, revient sur sa jeunesse douloureuse et la prise de conscience de sa transidentité.

Marie Cau, à l’hôtel Vernet, à Paris, le 21 octobre 2022.

Elue maire de Tilloy-lez-Marchiennes dans le Nord en 2020, Marie Cau, 57 ans, est devenue la première femme transgenre à accéder à un tel mandat. Une double reconnaissance qu’elle savoure après un long combat pour s’assumer et s’aimer.

Je ne serais pas arrivée là si…

Si je n’avais brusquement compris, en lisant la phrase de saint Jean « la vérité t’affranchira », que je ne pouvais plus continuer à me mentir à moi-même et aux autres. Que mon mensonge était une prison, comme l’était ce corps d’homme dans lequel j’étais née alors que tout en moi était féminin. Il était urgent que je me libère en assumant enfin qui j’étais : une femme trans.

Comment interpréter le silence ? La Chronique linguiste de Laélia Veron







Une pause rapide, pour reprendre son souffle, c’est environ 1/5e de seconde. A partir de 2 secondes, c’est un silence – qui peut rapidement devenir gênant. A quoi servent les silences ?


Dans « Les Rencontres du Papotin », des journalistes autistes dynamitent les carcans de la télé

Publié le 10 décembre 2022

Dans « Ecran total », les journalistes du « Monde » décryptent ces images omniprésentes dans nos vies. Cette semaine, Nicolas Santolaria applaudit cette émission à part de France 2, où des personnes autistes renouvellent complètement l’exercice de l’interview.

« Les Rencontres du Papotin » avec Camille Cottin.

On est rarement surpris en regardant la télé. Dans le poste, les journalistes parlent comme des enceintes connectées et les invités, tout aussi robotisés, leur répondent en débitant leur argumentaire sur l’air de l’authenticité. Alors, quand on tombe, en zappant, sur « Les Rencontres du Papotin » (France 2), on sent tout de suite qu’on est là face à quelque chose de profondément différent, un espace où la parole semble s’être libérée de ses chaînes, virevoltant entre poésie pure et sincérité désarmante.

Diffusé sur le service public depuis la rentrée et lancé par les cinéastes Eric Toledano et Olivier Nakache, ce magazine d’interviews reprend le principe du journal papier Le Papotin (parution aléatoire), dont la rédaction compte une cinquantaine de journalistes non professionnels atteints de troubles du spectre autistique (TSA). Cette fois devant les caméras, ces amateurs, en réalité bien plus perspicaces que les « pros », interviewent une personnalité, avec une seule règle de conduite : « On peut tout dire au “Papotin”, mais, surtout, tout peut arriver ! »

L’anonymat sur les réseaux sociaux est-il un facteur de liberté ? La psychanalyste Claude Halmos répond

Publié le 10 décembre 2022

CHRONIQUE

« Le divan du monde ». Dans cette chronique, la psychanalyste s’appuie sur vos témoignages et questionnements pour décrypter comment l’état du monde percute nos vies intimes.


La possibilité de cacher son identité dans l’espace public, en s’y présentant sous un pseudonyme, a toujours eu deux fonctions, très différentes. Elle permet à ceux qui doivent, pour parler ou agir, braver des interdits de (tenter) d’échapper à la répression qui menace leur liberté, leur emploi ou leur vie. Les militants, les résistants comme les lanceurs d’alerte peuvent – et c’est heureux – en user. Mais elle a aussi une autre fonction, moins noble, celle de permettre d’accomplir, en restant caché, des actes qui portent préjudice aux autres : dénonciations, harcèlement, diffamation, appels à la haine.

Ces deux possibilités sont à l’œuvre aujourd’hui sur les réseaux sociaux, et la seconde, qui génère de nombreux débats, conduit beaucoup d’intervenants à demander la suppression du « pseudonymat ». Notre propos n’est pas de prendre parti sur ce point, mais d’interroger ce que la possibilité du masque (autrement dit le pseudonyme) peut provoquer dans les têtes, et notamment dans celles des plus jeunes.

Que représente, psychologiquement, le recours à un pseudonyme ?

Les tenants du recours aux pseudonymes sur les réseaux s’appuient en général sur deux arguments. Ils contestent d’abord l’impunité que ces alias donneraient aux auteurs d’infractions, en rappelant qu’il est possible aux autorités de rechercher l’identité qu’ils cachent. C’est incontestable, mais il n’en reste pas moins que, même sans leur donner, dans la réalité, l’impunité, les pseudonymes accroissent certainement les fantasmes d’impunité de ces auteurs. Ils ne sont pas en effet sans connaître les difficultés d’une telle recherche ; difficultés qui, majorant l’impuissance de leurs victimes, peuvent d’ailleurs renforcer leur propre sentiment de toute-puissance.

samedi 10 décembre 2022

« Les usagers du système de santé ont besoin de mesures concrètes pour avoir accès au bon professionnel, au bon moment »

Publié le 10 décembre 2022

TRIBUNE

Des soignants, des associations de patients, ainsi que des professionnels de santé cosignent dans une tribune collective au « Monde » pour défendre les infirmiers en pratique avancée, un maillon essentiel pour renforcer l’accès aux soins.

La profession d’infirmier en pratique avancée (IPA) a été créée en 2018, en réponse aux inégalités sociales et territoriales dans l’accès aux soins. Alors que nous assistons à une diminution de la densité médicale, les besoins croissants de prévention, le vieillissement de la population et ses conséquences ainsi que l’explosion des maladies chroniques ont conduit à transférer de nouvelles compétences aux infirmiers en créant la profession d’IPA.

La pratique infirmière avancée est centrée sur les besoins des personnes. Elle repose sur un savoir infirmier approfondi et un solide jugement clinique permettant un haut niveau d’autonomie et de responsabilité. La formation de ces infirmiers experts (deux années d’études supplémentaires en faculté de médecine), est sanctionnée par un diplôme d’Etat colligeant au grade master.

Interview Maxime Rovere : «Les disputes dans une famille ou dans un couple sont des opportunités de soigner des blessures»

par Anastasia Vécrin  publié le 9 décembre 2022 

Le philosophe s’est penché sur les mécanismes qui régissent nos disputes du quotidien, et ceux qui nous permettent d’en sortir par le haut. Chaque conflit, avance-t-il, porte en lui la possibilité d’exprimer ce qui vaut la peine d’être partagé : ce pour quoi on souffre. 

Un petit mot qui ne passe pas, une vieille embrouille qui resurgit sur la table ou une révélation fracassante. Préparez-vous, les réunions de fin d’année approchent, moments qui ne devraient être que joie et amour quand, sans prévenir, voilà qu’une querelle éclate et gâche tout. Vaine, la dispute n’en reste pas moins une expérience douloureuse, traumatisante et banale. Après avoir examiné le sujet des cons et leur capacité à nous pourrir la vie, c’est sur nos querelles du quotidien que se penche le philosophe Maxime Rovere. Hélas, son dernier essai Se vouloir du bien et se faire du mal (Flammarion) ne donne pas de recettes toutes faites pour éviter les disputes. Mais en révélant les interactions dans lesquelles nous sommes pris, la façon dont circule la souffrance entre les individus et les différentes sphères de l’existence, le philosophe ouvre la voie à une dépersonnalisation des événements, clé précieuse pour comprendre les orages qui nous tombent sur le nez et éviter de basculer dans le reproche. Plutôt que de chercher à l’éviter, la crise pourrait être l’occasion d’une révélation.