Par Pauline Petit Publié le
Est-ce si difficile, au cinéma, de faire parler deux personnages féminins d'autre chose qu'un homme ? C'est ce que le test de Bechdel-Wallace entend évaluer… Et nombre de films, encore, n'obtiennent pas la moyenne. Histoire d'un indicateur du sexisme en fiction, ses vertus et ses écueils.
Nous sommes dans les rues de New York, deux femmes passent devant un cinéma. Sur les affiches des films, un Rambo tous muscles dehors tente de voler la vedette à Conan le barbare :
« Tu veux aller voir un film et manger du pop-corn ?
- Hm, je sais pas trop… J’ai une règle, tu vois : je ne regarde que des films qui répondent à trois exigences. Un : qu’il y ait au moins deux femmes. Deux : qu’elles dialoguent l’une avec l’autre. Et trois : qu’elles parlent d’autre chose que d'un homme.
- Plutôt strict, mais c'est une bonne idée.
– Tu parles ! Le dernier que j’ai pu voir comme ça, c’était Alien… »
Les deux femmes repartent ; le pop-corn, ce sera plutôt à la maison. On doit cette scène à la dessinatrice américaine Alison Bechdel, invitée de Par les temps qui courent. Elle est tirée de l'une de ses bandes dessinées publiées en 1985 : Dykes to watch out for(Lesbiennes à suivre en français), une œuvre traitant d'homosexualité féminine aux Etats-Unis à travers une grande diversité de personnages... Comment cette boutade cartoonesque sur le sexisme des scénarios de films est-elle devenue une référence de la littérature de cinéma ? Reprise par la critique féministe, le dialogue est désormais un outil de classement des films selon le degré d'attention qu'ils portent aux personnages féminins : le "test de Bechdel-Wallace", du nom de l'autrice et son amie, Liz Wallace, qui lui a inspiré cette planche.
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