Dans son dernier essai, l’économiste livre un constat critique sur la révolution numérique qui a accéléré la fragmentation du monde social et politique.
D’ordinaire optimiste, le directeur du département d’économie de l’Ecole normale supérieure et membre fondateur de l’Ecole d’économie de Paris se montre très inquiet sur les promesses du numérique dans Homo numericus. La «civilisation» qui vient (Albin Michel, août 2022). «Libéral» et «antisystème», l’homo economicus participe, selon l’économiste, à la désinstitutionnalisation du monde engagée par le choc néolibéral dès les années 80.
La photographe Camille Gharbi a suivi des jeunes femmes fuyant des situations de violences conjugales ou intrafamiliales au sein du foyer d’hébergement le FIT Une femme un toit, à Paris.
«Une chambre à soi» est une série tirée du livre Faire face de la photographe Camille Gharbi (1) qui a suivi, durant les années 2020 et 2021, des jeunes femmes âgées de 18 à 25 ans fuyant des situations de violences conjugales, intrafamiliales, et/ou sexuelles, et hébergées au sein du foyer le FIT Une femme un toit, à Paris, le seul lieu d’hébergement en France exclusivement dédié à ce public particulièrement jeune et vulnérable.
Le témoignage de Martha : «Je suis née dans un village au Congo. Quand j’avais 16 ans, mon oncle paternel m’a donnée à mon ex-mari. C’était un business entre eux, j’étais un cadeau. Mon oncle c’est le frère aîné de mon père : il est colonel dans l’armée… Qu’est-ce qu’on peut faire contre lui ? Il avait dit à mes parents qu’il allait s’occuper de moi, de mon avenir, et il m’a donnée à son ami, un riche commerçant de 50 ans, une famille connue.
La sexualité cristallise les questions de violence, consentement, normes sociales, rapports de force, et la libération sexuelle, dès les années 60, n'a donc peut-être pas été si libératrice que cela... Alors pour se libérer vraiment, faut-il arrêter de faire du sexe ?
avec :
Cornelia Möser (docteure en études de genre, habilitée à diriger des recherches en philosophie et chargée de recherche au CNRS au laboratoire CRESPPA, équipe genre, travail, mobilités à Paris et au Centre Marc Bloch à Berlin).
Le premier a partagé avec ses fidèles employés les bénéfices de la vente de leur entreprise. Le second a fait passer tout le monde à quatre jours par semaine sans baisse de salaire. Récits de leurs bienfaits par deux patrons sympas.
En savoir plus
Jean-Yves découvre la hiérarchie du monde du travail à l’âge de 17 ans, lorsqu’il intègre une entreprise en tant qu’ouvrier. Il comprend que diriger sa propre entreprise lui correspondrait mieux. Il y parvient à 42 ans.
“On peut me considérer comme un patron sympa ou humaniste. Quand on a réussi ça déjà, on dort tranquille.”Jean-Yves
Comment fonctionne le droit de propriété ? Un partage égalitaire des richesses suffit-il à rendre la société plus juste ? Faut-il taxer ou bien abolir l'héritage pour réduire les inégalités entre familles ?
avec :
Gabrielle Radica (maître de conférences en Philosophie à l'Université de Picardie-Jules Verne d'Amiens.), Mélanie Plouviez (Maîtresse de conférences en philosophie à l’université Côte d’Azur, en charge du pilotage du projet de recherche « Philosophie de l’héritage » financé par l’Agence Nationale de Recherche).
Le 29 août est un jour de rentrée tout spécial à l’Université de Hearst où vient s’ajouter trois chapitres importants de son histoire. En effet, pour la première fois depuis le début de la pandémie, la vie universitaire sur les campus reprend de plus belle!
Fébriles et enthousiastes, le personnel enseignant était heureux d’accueillir la nouvelle cohorte, ainsi que les étudiants qui ont débuté leurs études en virtuel. À cette effervescence s’ajoute la toute première rentrée de la cohorte du programme intensif de Diplôme d’études supérieures en psychothérapie (DÉSP) qui a été conçu à partir du profil des compétences de l’Ordre des psychothérapeutes autorisés de l’Ontario (OPAO). Enfin, le troisième chapitre et non le moindre, l’autonomie complète et entière, obtenue le 1er avril dernier par le gouvernement ontarien qui marque le dernier jalon indispensable au développement de l’Université.
Expliquer la pauvreté aux plus petits en brisant les clichés, c'est l'ambition de la prix Nobel d'économie, qui lance une collection d'albums jeunesse. Une piste pour ouvrir les esprits comme les cœurs.
Avant la pandémie même, 356 millions d'enfants, soit un sur six, vivaient sous le seuil de l'extrême pauvreté (moins d'1,60 € par jour et par personne), selon la Banque mondiale. En parler avec les enfants de façon non simpliste ou caricaturale, créer des liens et des ponts, c'est l'ambition d'Esther Duflo, Prix Nobel d'économie en 2019 (conjointement avec son époux, Abhijit Banerjee, et avec Michael Kremer), qui a imaginé une série de dix albums jeunesse.
Les cinq premiers, tout juste parus, usent de formes géométriques colorées et de courbes pour évoquer de façon aussi ludique qu'intelligente l'éducation, la santé, le travail en ville, la représentation des femmes en politique ou encore les «pièges à pauvreté». L'occasion de s'entretenir avec une économiste qui semble avoir fait sienne l'idée de Francis Scott Fitzgerald selon laquelle il faut, tout en sachant que les choses sont sans espoir, rester déterminé à les changer.
Par Vincent Martin, Docteur en informatique, Université de Bordeaux et Christophe Gauld, Pédopsychiatre et médecin du sommeil, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Avec la crise sanitaire, l’idée de proposer des « robots-thérapeutes » a ressurgi. Mais quel bénéfice pour les patients ? Sont-ils si objectifs ? Explications
« Bonjour Monsieur. Je vous en prie, installez-vous. Alors… comment allez-vous depuis la dernière fois ? »
Au sein de la clinique des maladies mentales et de l’encéphale (CMME) du Groupe hospitalier universitaire (GHU) Paris psychiatrie et neurosciences, une unité est dédiée à la prise en charge des troubles du comportement alimentaire (TCA), dont l’anorexie mentale. Au sein de la structure pluriprofessionnelle, les infirmiers proposent de nombreux ateliers aux patients dont ils sont référents.
Depuis six ans, Lya Bavoil pratique la force athlétique, une discipline proche de l’haltérophilie. Peu sportive dans sa jeunesse, la Picarde de 28 ans a pourtant tout gagné dans sa catégorie (-63 kg) jusqu’à devenir championne et recordwoman du monde. Un palmarès impressionnant, le tout en étant atteinte d’une forme d’autisme sans déficience mentale, qui complique son rapport aux autres. Témoignage.
La situation est alarmante à l’hôpital psychiatrique Arrazi de Tit Mellil. Les 145 patients ne sont pris en charge que par un seul psychiatre. On y souffre d’un manque inquiétant de ressources humaines et de médicaments. A contrario, et avec une facture journalière de 2.000 DH, les patients des cliniques privées sont nettement mieux pris en charge. «Matin TV» a visité les deux types de structures, pas pour comparer l’incomparable, mais pour attirer l’attention sur une triste réalité, celle des hôpitaux publics de psychiatrie au Maroc.
Conditions de travail très difficiles, manque de soignants et particulièrement d’infirmiers et infirmières : l’hôpital peine à recruter. AFP - RONNY HARTMANN
L’hôpital en crise encore et toujours. Le diagnostic n’est pas seulement celui des personnels hospitaliers, c'est aussi celui de l’exécutif. Conditions de travail très difficiles, manque de soignants et particulièrement d’infirmiers et infirmières : l’hôpital peine à recruter. Rencontre avec un jeune infirmier nouvellement diplômé qui va bientôt commencer à exercer à l’hôpital. Il livre ses appréhensions.
parChristian Lehmann, médecin et écrivain publié le 4 septembre 2022
Christian Lehmann est médecin et écrivain. Pour «Libération», il tient la chronique régulière d’une société suspendue à l’évolution du coronavirus. Aujourd’hui, il revient sur la disparition de la pandémie de l’espace médiatique et politique, alors que se profile une nouvelle vague.
On est arrivé à un tel stade d’effacement de la pandémie que j’ai dû vérifier avec des amis combien de vagues nous avions déjà essuyées, afin de pouvoir identifier correctement la prochaine, celle qui vient et que, comme d’habitude, on fait semblant de ne pas voir. Sept ? Huit ? Sans vérifier dans mon «Journal d’épidémie», je n’étais pas certain. David Simard, 49 ans, docteur en philosophie spécialisé dans la médecine et la santé, m’a refait la liste.
L'exposition «raconte l'histoire des habitants d'ici, de notre ville d'une manière différente, inattendue et liée à la bibliothèque», explique la bibliothécaire. BRITTANY HOSEA-SMALL / AFP
Une bibliothécaire américaine s'est prise de passion pour les petits bouts de papier retrouvés dans les ouvrages empruntés. Photos de famille, liste de courses ou dessins enfants «racontent l'histoire des habitants» de la commune d'Oakland.
Photos de famille, ticket de concert, poèmes et listes de courses... Une bibliothécaire américaine a collecté pendant des années des marque-pages de fortune oubliés dans des livres empruntés, un kaléidoscope de vies inconnues désormais exposé au grand public. Cet ensemble «raconte l'histoire des habitants d'ici, de notre ville d'une manière différente, inattendue et liée à la bibliothèque», s'enthousiasme Sharon McKellar, à l'origine de l'exposition dans son établissement public d'Oakland, près de San Francisco, en Californie.
Mohamed Lahouaiej Bouhlel, qui a tué 86 personnes sur la promenade des Anglais avant d’être abattu, ne sera pas jugé au procès qui s’ouvre lundi. Mais la personnalité de cet homme très perturbé psychologiquement hantera les débats.
Le 5 septembre 2011, une patrouille de policeappeléepour régler un « violent différend familial » s’arrête devant une barre d’immeubles du quartier du Ray, à Nice. Une mère de famille franco-tunisienne de 26 ans, Hajer K., vient de téléphoner en pleurs depuis la chambre de sa fille dans laquelle elle s’est enfermée pour échapper à la furie de son mari. Mohamed Lahouaiej Bouhlel, qui est aussi son cousin germain, lui a donné des coups de poing et l’a traînée au sol par les cheveux parce qu’elle n’avait pas fait le ménage.
Une étude franco-suisse publiée dans Science hier soir fait état d’un potentiel traitement des troubles cognitifs chez les personnes porteuses de trisomie 21, et d'autres actualités scientifiques.
En savoir plus
Une étude franco-suisse publiée dans Science hier soir fait état d’un potentiel traitement des troubles cognitifs chez les personnes porteuses de trisomie 21
Le syndrome de Down, ou trisomie 21, se traduit par un éventail de manifestations cliniques, parmi lesquelles un déclin des capacités cognitives et de l’olfaction à partir de la puberté. Le traitement envisagé ici est une hormone, la GNRH, produite naturellement par le corps et donnée dans ce cadre-là en quantité physiologique. C'est un traitement prometteur puisque sans effet secondaire important. Attardons nous un peu sur cette étude pour la comprendre.
Pour le juge Bruno Sansen et l’expert psychiatre Manuel Orsat, la réforme de l’irresponsabilité pénale, entrée en vigueur fin janvier, est très «éloignée des réalités de la pratique», ne concerne que «des situations anecdotiques» et risque d’alourdir encore les procédures.
Comment juger la folie ? Les «fous» deviendraient-ils des justiciables comme les autres ? Régulièrement, le principe fondateur du droit selon lequel «on ne juge pas les fous» revient au cœur du débat politique et juridique.L’émoi suscité par l’affaire Sarah Halimi, l’an dernier, a donné lieu à une réforme promulguée en janvier. Alors, cet été, Libé a souhaité raconter comment la justice s’empare du cas de ces malades mentaux, auteurs de délits ou crimes, et déclarés irresponsables pénalement. Il y a eu l’histoired’Imed H. jugé en comparution immédiate, ballotté entre la prison et l’hôpital depuis quinze ans. Un parcours kafkaïen, symptomatique de la difficile articulation entre psychiatrie et justice. Il y a eu André G., diagnostiqué schizophrène dans sa jeunesse, qui a tué sa mère parce que «des voix» lui ont ordonné. Devant la chambre de l’instruction, ce vieux garçon a dit ses regrets et confié sa «peur» de la maladie. Puis, il y a eu Mohammed Taha E., ce revenant de Syrie atteint d’une «psychose schizophrénique», qui a agressé deux surveillants en détention. Son cas montre qu’un crime peut être à la croisée du terrorisme et du délire.