par Estelle Aubin publié le 24 août 2022
A 20h30, au fond d’une rue de petits pavillons silencieux à Versailles, illuminée par quelques lampadaires. Dans une salle municipale carrelée, des canapés d’enfant sont posés à côté d’un tableau noir et de pots à crayons. Quatre tables en plastique sont collées les unes aux autres. Autour, huit femmes et cinq hommes, âgés de 30 à 70 ans, de tous les milieux sociaux, se sourient. Les femmes proposent un café, les hommes distribuent des fraises Tagada. Ils se voient ici seulement, au gré de leurs besoins. Tous reliés par le même mal : l’alcool. Ce soir de la mi-mars, aux Alcooliques anonymes, chacun prend la parole à tour de rôle. Raconte sa chute, ses dernières joies, son job. L’une est mère au foyer, l’autre ancien «grand ingénieur». Les autres sont journalistes, cadres, chômeurs ou retraités. «L’alcool est partout, constate Hélène, la trentaine. Dans tous les métiers.» Elle plonge sa main dans les bonbons.