Publié le 30 juillet 2022
Pour « redécouvrir les activités essentielles », comme « la cuisine, le jardin, le faire soi-même », l’écrivain et Prix Goncourt appelle, dans une tribune au « Monde », à l’instauration d’un grand mi-temps compensé.
Le spectacle est annoncé. On commence à agiter la muleta de la retraite, et déjà les toros de tous bords se préparent à foncer tête baissée sur le linge écarlate pour y laisser leur empreinte, l’étirer, le dépecer ou le rapetisser, selon ce qu’ils nomment un impératif social ou le sens des réalités, lesquels s’accompagnent de la formule définitive : « Il faut savoir raison garder », leitmotiv des pauvres en esprit à l’imaginaire carencé.
On présentera ce débat sur la retraite comme la manifestation éclatante du fonctionnement démocratique, on s’étripera, on se félicitera du résultat ou on criera au scandale, et tout ce brouhaha politico-médiatique – et c’est peut-être sa finalité inconsciente – reviendra à accréditer cette idée que le corps central de toute existence est le travail, borné, d’un côté, par des années de formation (qui préparent à rentrer dans le grand corps, pas question d’y apprendre le chant des oiseaux) et, de l’autre, si tout se passe bien, par une offre permettant à ce grand corps malade d’avoir de quoi souffler, éventuellement sous assistance respiratoire. De sorte que c’est l’existence en son entier qui s’organise autour du sacro-saint labeur. Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà, de ta vie ? J’ai travaillé.