par Romain Boulho publié le 2 août 2022
Au stylo rouge, d’une écriture qui s’affaisse, un détenu liste des revendications. Dans la minuscule bibliothèque d’une division de la maison d’arrêt pour hommes de Fresnes (Val-de-Marne), treize prisonniers entrechoquent leurs désirs. Celui qui tient la plume, épaules larges et cou de buffle, commence l’inventaire par «un frigo». Enchaîne sur les douches, prises seulement une fois tous les deux jours. Un détenu, le crâne piqueté de gris, interrompt sa partie d’échecs et livre un paradoxe : «Quand il fait froid, la douche est froide. Quand il fait chaud, elle est chaude.» A Fresnes, les récentes vagues de chaleur ont durement frappé le bâtiment, très vétuste et surpeuplé – le sort des prisons françaises.