Vendredi, 08/04/2022
Cette semaine, je reviens sur une question très importante, qui est à nouveau revenue au centre des débats, à l’occasion de l’annonce par le Gouvernent d’une nouvelle réforme de notre système de retraites, la progression de l’espérance de vie dans notre pays, qu’il s’agisse de l’espérance de vie "totale", c’est-à-dire à la naissance, ou de l’espérance de vie en bonne santé, celle que les spécialistes appellent "l’espérance de vie sans incapacités" (EVSI), qui correspond aux années de vie en bonne santé et sans pathologies invalidantes..
Resituons tout d’abord cette question dans le contexte plus large de l’évolution de l’espérance de vie de l’espèce humaine, et des habitants de notre pays, sur le temps long. Au niveau mondial, l’espérance de vie moyenne à la naissance, il est toujours bon de le rappeler, est passée de 1950 à 2020, de 47 à 72 ans, soit une progression de 25 ans qui n‘a pas d’équivalent dans l’histoire humaine, puisqu’elle est plus importante que le gain de vie obtenu par l’humanité entre l’Antiquité et la seconde guerre mondiale… En France, la progression de l’espérance de vie à la naissance est, elle aussi, impressionnante, puisqu’en un siècle, de 1919 à 2019 (dernière année avant la pandémie de Covid-19), l’espérance de vie à la naissance sera passée de 51 ans à 83 ans, soit un gain absolument considérable de 32 années, que n’auraient sans doute pas imaginé les médecins et les scientifiques les plus optimistes qui vivaient au début de XXème siècle, et dont beaucoup étaient persuadés qu’il serait impossible de dépasser les 70 ans d’espérance de vie, en moyenne…
Il y a quelques jours, une équipe américaine a réalisé un travail très intéressant, en analysant des données sur le vieillissement des personnes de plus de 70 ans dans 204 pays et territoires, entre 1990 et 2019. Ces recherches ont notamment porté sur l’espérance de vie à l’âge de 70 ans, les années de vie avec incapacité, et les différents facteurs de risque. Ce travail montre que, dans la grande majorité des régions et pays étudiés, on constate un allongement de l’espérance de vie à 70 ans au cours des trente dernières années (entre 1990 et 2019). Cette progression a été de près de 2 ans au total et de 1,5 an sans maladie, au niveau mondial, ce qui est assez remarquable. Autre enseignement de cette étude, bien que, de manière logique, la mortalité reste fortement corrélée au niveau de développement et de soins des pays considérés, on constate que les disparités régionales sont finalement faibles en ce qui concerne l’allongement de l’espérance de vie globale à partir de 70 ans, ce qui montre bien qu’il s’agit d’une évolution démographique de fond (Voir étude du BMJ).