Par Sophie DOUGNAC le 28 février 2022
En plus des groupes de soutien aux familles, l’association hospitalière de Bourgogne Franche-Comté, qui gère le centre Messagier, vient de mettre en place « Proch’Parole ». L’entourage, souvent aidant, des patients, peut s’y livrer et partager son expérience en toute confiance et sans tabou. Reportage.
Le secteur adulte du centre psychiatrique Messagier abrite trois unités, qui dispensent des soins dans le cadre de la prise en charge ponctuelle jusqu’à l’hospitalisation. Photo ER /Lionel VADAM
« Ce qui nous épuise, c’est la maladie. Mais aussi le fait qu’on doive se battre pour que quelqu’un vienne en aide à notre enfant, qu’on doive se battre pour se faire entendre ». Elles sont quatre, toutes des femmes, toutes des mères, entre 45 et 65 ans, réunies en ce jour de février dans une salle de du CPG (centre de psychiatrie générale) à la Petite-Hollande à Montbéliard. Même empreints d’humour - la politesse du désespoir -, leurs mots sur maux content des histoires douloureuses.
« Pénible de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête »
Celle d’avoir vu, par exemple, pour l’une, son fils, schizophrène, détruire dans une crise de violence tout le premier étage de sa maison ; pour l’autre, d’avoir assisté au départ de son enfant, atteint de la même pathologie, tenu par quatre policiers afin qu’il ne se jette pas de la fenêtre comme il menaçait de le faire. Parmi les présentes à cette troisième séance du groupe « Proch’Parole », mise en place à la fin de l’an dernier par l’ association hospitalière de Bourgogne Franche-Comté, qui gère la psychiatrie sur tout le nord comtois (ci-dessous), toutes ont une certaine expérience, dans le sens où la maladie de leurs enfants s’est déclenchée il y a des années, souvent à la sortie de l’adolescence.