par Julien Lecot
«De l’extérieur, tout est nickel. Ça semble moderne, c’est beau et propre, raconte Lucas(1). Mais en coulisses, ça n’a vraiment rien à voir. Il faudrait faire une caméra cachée pour montrer à quel point c’est scandaleux.» Il y a quatre ans, au milieu de ses études d’infirmier, ce trentenaire a travaillé de nuit comme aide soignant dans un Ehpad du groupe Orpea dans le nord de la France. Lorsqu’on évoque avec lui ces douze mois passés dans l’entreprise, l’un des leaders mondiaux du secteur avec un réseau d’un gros millier d’établissements, le jeune homme explique qu’il allait «travailler la boule au ventre» et qu’il revenait chez lui «sans pouvoir [se] regarder dans la glace». «Humainement, je ne pouvais plus. Je ne pouvais pas être complice de ce système. Vous n’imaginez pas ce qu’il se passe là-bas», confie-t-il à Libération.