Par Maroussia Dubreuil Publié le 27 août 2021
Escortée par une armée d’emojis, l’injonction de se montrer gentil avec tout le monde a colonisé éducation, famille, management, réseaux sociaux, culture… Et a fini par aseptiser nos échanges.
Au cours des dix derniers mois, une entreprise marseillaise a obtenu le « prix bienveillance » lors de la remise des Trophées des entrepreneurs positifs ; un centre de loisirs en Loire-Atlantique a organisé un mini-« Koh-Lanta » sur « l’île de la bienveillance » ;Pôle Emploi a réclamé avec « bienveillance » les trop-perçus versés aux travailleurs précaires ; l’application Tinder a prié ses adhérents de se câliner en toute « bienveillance » ; une humoriste a « traité et maltraité l’actualité avec malice et bienveillance » au micro d’Europe 1 ; Roselyne Bachelot s’est écharpée avec Léa Salamé sur France 2 – « Vous pensez que vous êtes détentrice de la bienveillance et de l’empathie ? » – et Emmanuel Macron a tenu sa promesse électorale – « J’ai une règle de vie pour les femmes et pour les hommes comme pour les structures, c’est la bienveillance » – en frayant sur YouTube avec les inoffensifs McFly et Carlito. Enfin, cet été, la chanteuse Angèle s’est excusée de n’avoir que ce « mot à la mode » pour décrire son expérience de tournage avec l’intense Leos Carax, lors de la projection d’Annette au Festival de Cannes. « Mais c’était vraiment… bienveillant, extrêmement bienveillant », a-t-elle capitulé.